Les populations riveraines du fleuve dans le Cercle de Gourma Rharous se souviennent encore de cette barbarie d’une rare violence qui a fait plusieurs morts civils et militaires
Voici, un an déjà que le bateau Tombouctou de la Compagnie malienne de navigation fluviale (Comanaf) avait été victime d’une attaque terroriste, d’une rare violence, faisant plus d’une centaine de morts (civils et militaires), de nombreux blessés et laissant beaucoup de séquelles psychologiques.
Les populations de la bande du fleuve du Cercle de Gourma Rharous, et particulièrement celles des Commune de Banikane, où avaient eu lieu le drame et de Rharous où les rescapés ont été accueillis, se souviennent de cette sombre journée qui a endeuillé des familles et l ‘ensemble des Maliens. Cette attaque lâche et barbare et son chapelet de drames humains continuent de hanter les esprits.
Un enseignant à la retraite fait partie des victimes de cette attaque lâche et barbare des terroristes. Aujourd’hui, sa fille porte toujours le deuil. «Jusqu’à mon dernier souffle, je n’oublierai jamais cette journée où mon père est décédé dans des conditions atroces, victime de la barbarie humaine, sans avoir eu le temps de nous dire adieu. Il est présent à chaque instant dans mon esprit et mon cœur ne pourra jamais se défaire de cette douleur lancinante», dit-elle.
Son témoignage est interrompu par un long sanglot, suivi de chaudes larmes. AT, lui, est commerçant de son état. Il était allé se ravitailler en marchandises à Gao et revenait par le bateau quand l’attaque s’est produite. Les yeux perdus dans le vague, il témoigne : «Les passagers étaient à mille lieues de s’imaginer une attaque, quand le ciel nous est tombé sur la tête.»
Le bateau est une entité rouillante de vie et à bord, chacun s’occupe de ses activités ou se repose, le temps d’arriver à destination. AT poursuit son témoignage : « J’étais là à siroter du thé et à concevoir avec des compagnons de voyage, quand une détonation sourde rétention, semblable à un violent coup de tonnerre. Le bateau tangue dangereusement. Le temps s’est comme figé. Puis, soudain, les portes de l’enfer s’ouvrent. De tous les côtés, les armes crachent la mort. Le bateau tangue de toutes pièces, sous l’impact des projectiles.»
RIPOSTE ÉNERGIQUE- Les éléments des Forces armées maliennes (FAMa) qui escortent le bateau, ripostent énergiquement. C’est la panique totale à bord, se soutient AT «Le sauve-qui-peut s’emparer des passagers. Certains sautent à l’eau. D’autres s’enferment dans leurs chambres, bientôt prises par un incendie général. Tout crame à bord. Ce spectacle macabre est ponctué par les crises des enfants et des femmes qui implorent secours. En face du lieu du drame, les habitants lancent leurs pirogues sur le fleuve, pour porter assistance à ceux qui se débattent dans les eaux, cherchant à fuir cet enfer flottant.
Un spectacle à fendre l’âme». Sur ces mots, le regard de notre témoin s’embue de larmes et il tourne le dos pour s’en aller, incapable de terminer son récit et comme s’il cherche à fuir ce cauchemar. Des témoignages du genre foisonnent et leurs auteurs partent toujours avant de finir de raconter leurs histoires, comme pour exorciser, ce jour tragique. «Ce douloureux souvenir restera gravé dans les mémoires pour l’éternité et sera inscrit en lettres de feu, dans les annales de l’histoire de la lutte contre le terrorisme dans notre pays», conclut un édile de la Commune de Rharous.
Il faut rappeler que la plupart des blessés ont été transportés par l’Armée à Gao pour recevoir les soins appropriés. Tandis que les rescapés ont dû patienter des semaines dans la ville de Rharous avant d’arriver à destination. Ils ont bénéficié de la grande solidarité de la population et des autorités locales, des organisations humanitaires et d’autres bonnes volontés à travers le pays.