Avec ses ruelles pittoresques et ses maisons coloniales, l’île de Gorée est l’un des joyaux historiques du Sénégal. Inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, elle attire des milliers de visiteurs chaque année. Pourtant, derrière cette façade touristique, se cachent des défis logistiques et sanitaires majeurs.
« SOURCE : SUDQUOTIDIEN »
Selon l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD), l’île abrite officiellement 2.221 habitants, alors que le nombre réel de résidents permanents est estimé à environ 1.200 selon un adjoint au maire. Cette différence dans les chiffres révèle la complexité de la gestion de cette petite communauté insulaire.
L’île est reliée au continent principalement par des chaloupes, qui assurent le transport des personnes et des marchandises. Cependant, la gestion des embarcations reste problématique. Outre les chaloupes régulières pour les passagers, il existe une embarcation dédiée au maire de l’île, utilisée pour ses déplacements personnels. Une autre embarcation est réservée à l’évacuation des ordures ménagères. « Bien que ces embarcations soient essentielles, leur gestion et leur fréquence laissent à désirer », explique un habitant de l’île historique « La pirogue dédiée à l’évacuation des ordures, par exemple, ne passe pas aussi fréquemment qu’il le faudrait, ce qui entraîne parfois une accumulation des déchets sur l’île». Cette gestion inefficace a un impact direct sur la qualité de vie des résidents, déjà soumis à des conditions sanitaires précaires. Gorée subit de fait une pression environnementale disproportionnée. « L’île est petite, et avec les nombreux visiteurs, la gestion des déchets devient un défi constant », explique un agent chargé de l’assainissement.
Les ordures ménagères sont évacuées par une pirogue, mais la fréquence de ces évacuations est souvent insuffisante pour suivre la demande croissante. « Lors des pics touristiques, comme pendant les vacances, les déchets s’accumulent rapidement, car les embarcations ne sont pas suffisantes pour tout transporter », souligne pour sa part un habitant. Cela crée des nuisances visibles et olfactives qui détériorent l’image de l’île, notamment dans les périodes où l’affluence touristique atteint son maximum.
L’absence de priorisation pour les évacuations sanitaires s’ajoute à la complexité de la gestion de l’ile de Gorée. « Lorsque nous avons une urgence, comme pour une maladie délicate, il n’est pas rare de voir le patient être embarqué au milieu des touristes, souvent dans des conditions inconfortables et précaires », rapportent les personnes rencontrées dans l’île. Les évacuations sanitaires vers Dakar sont en principe assurées par une vedette qui fait office d’ambulance. L’infirmier-chef du poste de santé de Gorée Virgile Ndèye connaît bien la réalité des évacuations sanitaires sur l’île.
Il explique : « Nous faisons face à des défis importants. Chaque minute est cruciale, mais ici, sur Gorée, le temps semble s’étirer à cause des procédures et des inégalités. » L’infirmier fait référence à l’absence de privilèges pour le personnel de santé par rapport aux forces de sécurité comme la police et les sapeurs-pompiers. « Eux bénéficient de la gratuité de la traversée et n’attendent pas pour embarquer. Nous, le personnel médical, devons payer nos tickets et faire la queue comme tout le monde, même en cas d’urgence». Et de poursuivre : « Il arrive que des patients gravement malades attendent longtemps avant d’être transportés, car nous devons faire la queue pour embarquer. Cela peut coûter des vies».
En vérité, l’île de Gorée, malgré sa beauté et son importance historique, se trouve confrontée à des défis logistiques qui nécessitent une attention urgente. Les inégalités dans l’accès aux embarcations, la gestion problématique des évacuations sanitaires et des déchets, ainsi que la pression accrue due à l’afflux touristique, sont des obstacles importants au bien-être des habitants et des visiteurs.