Aussi évident que «le Sénégal est un pays qui mange beaucoup de pain », le débat ces derniers jours sur la dissolution du CESE , du HCCT voire de l’Assemblée Nationale, relève tout simplement d’une pétition de principe.
Mêmement peut-on dire, à l’instar de Yacine Fall que le «Sénégal est un pays qui brasse beaucoup de vent» dans ses agoras où l’on parle plus de senegalaiseries que du Sénégal. C’en est devenu une actualité qui n’interroge plus, tant elle n’interpelle plus.
Vraisemblablement, on y est pour ou contre, soit par appartenance politique, soit par mimétisme et besoin d’identification à un camp; soit même, par cet opportunisme nihiliste bien sénégalais qui veuille qu’on se débarrasse de tout ce qui directement ne nous profite pas ou plus, personnellement.
Or, progressivement, la République du Sénégal comme le fleuve du même nom sort de son lit.
C’en est trop de promesses, d’attentes et de rêves qui butent sur les écueils des usages; sur le récif du Réel et des anciennes pratiques.
Chaque jour on assiste au durcissement des rapports dans le champ politique et à un raidissement du discours des gouvernants suivis de mesures exceptionnelles.
L’opposition elle, surprend par l’irruption de gladiateurs qui rivalisent dans la médiatisation de combats singuliers plus qu’ils ne portent les véritables revendications de leurs mandants.
Chaque jour nous passons à côté de l’Essentiel sénégalais par pur djambarisme déclaratoire,si ce n’est par le simulacre de volte-faces révolutionnaires ou l’hérésie d’une démocratie tatillonne Nous enjambons le grand écart vers l’involution d’une République en panne de faire peuple et nation quand il le faut.
Les nouvelles autorités peuvent imprimer leur marque mais une Gouvernance n’est pas que contenu. Elle est aussi création de sens dans l’éthique et l’esprit communs à tout un peuple, dans la trajectoire de ses aspirations à un devenir collectif, objectivé comme matrice des épanouissements individuels.
Nos édiles en conclave pour délibérer sur ce qui engage notre avenir,ont plutôt sorti la tire-lire des intérêts politiciens, alors qu’ils étaient deja divisés en phalanges partisanes et agressives. Les stratagèmes furent conçus non pour consolider les acquis et adresser les priorités mais pour des questions purement électoralistes.
Certes les législatives qui se profilent à l’horizon sont une épreuve probatoire pour le nouveau pouvoir et, pour l’opposition, une condition de survie. Cependant, la naturelle contradiction et les rapports de forces conflictuels ne doivent pas hypothéquer les grands équilibres qui tiennent la Nation. Pourtant et sans que personne ne s’en soucie nous organisions la mise en quarantaine institutionnelle de la République consistant à dissoudre le #HCCT, le #CESE (et prochainement l’Assemblée Nationale). Nous nous privons de go d’institutions populaires et consultatives dont l’occurrence dans l’architecture institutionnelle du pays fut le fruit de longues luttes et un processus continu de transformations/adaptations pour installer une République modèle qui, n’a rien à envier aux démocraties les plus avancées .
On y trouverait à redire que ce ne serait que sur leur administration et leur gestion. Or ceci est le fait des gouvernants – de la volonté et de la diligence de l’Autorité – mais, surtout pas d’une quelconque “indigence ou obsolescence de ces institutions » !
La thèse avancée de rationnalisation tombe sous le travers « d’économies de bout de chandelles et de comptes d’épicier « . Cela ne grandit pas un État. Serait-il au dessus des capacités de Diomaye de conserver les acquis et d’imprimer, d’impulser une nouvelle trajectoire dans le sens du Jub Jubël Jubanti à ces institutions que d’aucuns jugent moribondes et budgétivores ?
Mais tout ce beau monde semble avoir « une secrète attirance pour les ruines » institutionnelles!
Dans ce tourbillon où tout le monde, dans la « Grande Embarcation” ,a perdu le Nord Institutionnel, seul Moustapha Diakhate semble garder la tête lucide entre les deux termes obscurs d’un choix crucial. Le politique avisé , a su s’élever au-delà de l’intérêt particulier et des clivages pour faire Senegal. Il s’inscrit sur la résultante des positions extrêmes qui divisent les filles et fils de la Nation : Il propose la » fusion du CESE ,du HCCT avec la Commission Nationale du Dialogue des Territoires (CNDT). Il insiste sur la nécessité d’une institution consultative dédiée à la décentralisation et aux aspects économiques, sociaux, culturels et environnementaux. »
Dieu sait si nous en avons besoin. On ne serait pas d’accord sur l’option qu’on ne la trouverait pas moins positive , généreuse et prospective…en tout cas moins déstructurante voire nihiliste. Qui dit mieux?…
Peut-être pousser la logique de la sécurisation de la forme républicaine des institutions jusqu’à les doter d’une clause d’éternité .
Parce que les priorités ne sont pas les accessoires de la politique partisane. J’ai bien peur pourtant , que les adeptes de la dissolution ne recomposent plus tard et autrement la “Solution” pour caser du personnel politique ou, sur l’injonction de certaines institutions internationales soient contraints de se remettre aux normes de la République universelle.
On aura alors perdu beaucoup temps et d’énergie. Pourtant, devrons-nous traverser le gué ensemble. Ensemble ou périr. La Paix et la Cohesion Nationale n’ont pas de prix. La Construction et la Sécurité Nationales sont un impératif pour tous les citoyens. Ceci ne dédouane pas de la nécessaire reddition de l’actif et du passif de la Gouvernance passée.
Tirons les comptes au clair mais ,sans passion et sans excès, dans la pure tradition et les normes républicaines.
Il restera toujours le Sénégal pour nous tous et les générations à venir.
Il est temps de se ressaisir. Avant que les amarres ne cèdent pour livrer l’embarcation commune à la tempête.
Plus que jamais, nous devrons rester mobilisés pour construire une société qui règle les causes profondes des inégalités et les crises multiformes, qui lutte contre les discours sectaires et réfractaires et la désinformation qui divisent .
Un Nouveau Pacte Social & Citoyen est crucial qui transcende les parti et qui résorbe les fractures multiples et la distance du sénégalais au Sénégal. L’enjeu est multiforme,il n’est pas que politique Nous risquerions sinon l’errance qui a précipité d’autres peuples vers l’autoritarisme et la crise permanente.
A ce titre le PR Diomaye a le devoir de lancer l’initiative d’une #Commission_Vérité_Réconciliation, de loin plus avantageuse que la guerre de tranchées fratricide en vue. C’est possible. La politique est une affaire d’idées et d’hommes. Il y a de ces moments critiques dans l’histoire où la trajectoire des peuples balance sur le fil ténu du devenir. Et nous le savons à présent, nous avons plus que jamais besoin d’idées que d’hommes.
Mais les hommes ont une secrète attirance pour les ruines… comme pour partager avec mes concitoyens cette réflexion presque métaphysique que m’inspire Chateaubriand : « Tous les hommes ont un secret attrait pour les ruines. Ce sentiment tient à la fragilité de notre nature, à une conformité secrète entre ces monuments détruits et la rapidité de notre existence. Il s’y joint en outre une idée qui console notre petitesse, en voyant que des peuples entiers, des hommes quelquefois si fameux, n’ont pu vivre cependant au delà du peu de jours assignés à notre obscurité. Ainsi les ruines jettent une grande moralité au milieu des scènes de la nature (..)»
Aurions-nous peur du temps? Un mandat est-ce si court. Une opposition est-ce si long?
En tout état de cause ,une nation n’est pas une foire d’empoigne entre citoyens de « la République des factions « .
Peut-être aurons-nous l’intelligence et la simplicité de reculer avant de franchir le Rubicon vers… Rome en ruines.
Évitons alors d’être les paléontologues d’institutions en berne et les historiens de la dégénérescence démocratique
Amadou Thierno Diop
(Coalition Jonn_Jakk_Joyyanti Pour le Sénégal, 3JPS )*