Les autorités marocaines ont lancé le mercredi 26 juin à Rabat un nouveau programme dénommé Cap Hospitality. L’objectif visé est de soutenir et de financer le secteur du tourisme tout en modernisant les infrastructures hôtelières du pays. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la vision plus large du Roi Mohammed VI qui, depuis son accession au trône en 1999, a œuvré pour améliorer l’attractivité culturelle et spirituelle du Maroc. Le nombre de touristes est ainsi passé de 2,4 millions en 1999 à 14,5 millions en 2023.
Les projets culturels majeurs
Au cours des 25 dernières années, le Maroc s’est positionné comme l’une des destinations touristiques les plus prisées du continent. Le royaume chérifien dispose d’un riche patrimoine culturel, allant d’anciens édifices historiques comme la mosquée Koutoubia dans la ville de Marrakech aux nouveaux joyaux architecturaux tels que le Grand Théâtre de Casablanca (CasArts) ou encore le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat.
Le Musée Mohammed VI à Rabat.
Inauguré en 2014, le Musée Mohammed VI est la première institution marocaine dédiée exclusivement aux arts moderne et contemporain. C’est également le premier musée national à ouvrir ses portes depuis 1958. Il abrite plus de 500 œuvres, mettant en lumière de nombreux artistes marocains et accueillant également des expositions temporaires de grands artistes d’autrefois comme Pablo Picasso, Alberto Giacometti ou encore Francisco de Goya. De moins d’une trentaine à la fin de l’année 1998, le Maroc abrite environ une soixantaine de musées en 2024, dont la plupart sont sous la tutelle du ministère de la Culture.
CasArts est une autre œuvre architecturale importante illustrant les grands travaux culturels entrepris par le royaume ces dernières années. Construit par la lauréate du Prix Pritzker 2004, Zaha Hadid, c’est un centre culturel polyvalent visant à enrichir la scène artistique marocaine et à attirer des productions internationales, renforçant ainsi la place du Maroc dans le domaine des arts de la scène.
« La préservation du patrimoine culturel ne peut aboutir que si les populations et les opérateurs économiques appréhendent la valeur socio-économique de ce patrimoine. Susciter leur intérêt pour les industries culturelles et créatives et les accompagner dans la mise en œuvre d’activités génératrices de richesses sont indispensables », indique un rapport de l’Agence Architecture Héritage et Design paru en 2010.
La médina de Fès réhabilitée en 2013.
C’est cette volonté d’accompagnement qui explique aussi les importants fonds consacrés par le gouvernement pour la restauration de monuments historiques tels que les médinas de Fès, de Marrakech et de Tétouan, inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO. Entre 2000 et 2005, les autorités marocaines, avec l’assistance de la Banque Mondiale et de l’UNESCO, ont mis en œuvre un projet de réhabilitation visant à appuyer la conservation et la réhabilitation de la médina de Fès, en particulier l’habitat historique et l’environnement urbain, tout en utilisant cette réhabilitation pour réduire la pauvreté. La restauration et la réhabilitation de la seule médina de Fès, entreprises en 2013, ont bénéficié d’une enveloppe de 75 millions de dollars (environ 748,3 millions de dirhams marocains). 67 millions de dollars supplémentaires (668,4 millions de dirhams marocains) ont été engagés dans le programme de valorisation des activités économiques et d’amélioration du cadre de vie dans la Médina de Fès (2020-2024).
Les festivals
Le royaume chérifien abrite plusieurs festivals de musique et de cinéma. À l’accession de Mohammed VI au trône, il a soutenu la création et l’expansion de nombre d’entre eux, comme le Festival International du Film de Marrakech, le Festival de Fès des Musiques Sacrées du Monde ou encore le Festival Gnaoua et Musiques du Monde.
Le Festival Gnaoua.
Ces événements ne sont pas seulement des attractions touristiques majeures, mais aussi des plateformes importantes pour la promotion de la culture marocaine à l’échelle mondiale.
Le Festival de Fès, par exemple, attire des artistes et des spectateurs du monde entier et jusqu’à 100 000 personnes chaque année. Sa mission est de promouvoir le dialogue interculturel et interreligieux à travers la musique sacrée et spirituelle du monde entier, de la musique soufie à la musique chrétienne en passant par les musiques juive, hindoue ou encore bouddhiste.
À Essaouira, le Festival Gnaoua et Musiques du Monde attire entre 250 000 et 400 000 personnes chaque année depuis sa création en 1998. Il met en avant une forme de musique spirituelle et rituelle des descendants d’anciens esclaves originaires d’Afrique subsaharienne. L’un des objectifs est de favoriser les rencontres et les collaborations entre les musiciens gnaouas et des artistes internationaux.
L’événement culturel phare mis en place au cours des vingt-cinq dernières années est le Festival International du Film de Marrakech. Sa création a été une initiative du Roi Mohammed VI en 2001 et c’est son frère, le Prince Moulay Rachid, qui assure la présidence de l’événement. En deux décennies d’existence, le Festival de Marrakech est devenu un rendez-vous cinématographique d’envergure internationale.
Mélita Toscan du Plantier, Marion Cotillard, Martin Scorsese et Patricia Clarkson au Festival de Marrakech.
De nombreuses stars du cinéma africain et mondial se sont rendues dans la cité ocre dans le cadre du festival. Entre autres, on peut citer Leonardo DiCaprio, Robert De Niro, Martin Scorsese ou encore Meryl Streep. Pour l’édition 2024, la couronne, par le biais de la Commission d’aide à l’organisation des festivals cinématographiques, a alloué une subvention de 12 millions de dirhams (environ 1,2 million de dollars) pour la tenue de l’événement.
Le volet spirituel
Le fort ancrage du royaume dans la religion musulmane (99% de la population) justifie l’engagement de l’État dans la mise en place de lieux de culte adaptés. Le ministère essentiellement dédié aux affaires islamiques, créé en 1955, a vu ses attributions élargies, de même que ses dotations budgétaires au cours de ces vingt-cinq dernières années. En plus de ses attributions portant entre autres sur l’organisation, la régulation ou l’harmonisation des pratiques islamiques, cette institution sert d’instrument clé pour la mise en œuvre des politiques d’investissement de l’État dans le secteur, notamment la construction ou la modernisation de mosquées. Ces 10 dernières années, son budget est passé de plus de 2 milliards de dirhams marocains (environ 201,3 millions de dollars) à près de 6 milliards de dirhams. Selon la Fondation Mohammed VI des Ouléma Africains, à la fin de l’année 2018, le Maroc comptait 52 000 mosquées. Les besoins en nouvelles mosquées d’ici 2030 sont estimés à 840, soit environ 120 nouvelles mosquées urbaines chaque année, selon les prévisions de ce ministère.
Le Moussem de Moulay Idriss.
Des événements spirituels ont émergé ou ont été remis en valeur au cours du règne de Mohammed VI. Entre autres, les rituels mystiques et les festivals spirituels sont des composants phares des valeurs culturelles du Maroc. Ces événements, au-delà de leurs desseins primaires en tant qu’instruments d’expression de l’identité marocaine, sont également devenus des leviers de croissance pour l’industrie touristique.
Que ce soit pour honorer des saints ou des légendes (Moussem de Moulay Idriss), pour célébrer l’amour (Moussem d’Imilchil), les récoltes (moussems des dattes, des cerises, des amandiers), la musique et les danses traditionnelles (Moussem de Tan-Tan), ces événements bénéficient pour certains du soutien du gouvernement pour leur organisation. Outre l’adoption de dispositifs législatifs tels que les décrets n° 2.12.513 du 13 mai 2013 ou n° 1387.15 du 9 mars 2015 pour instituer une aide financière pour leur organisation, ils reçoivent pour certains la visite d’officiels représentant le gouvernement. En 2023, le ministère de la Culture a alloué une subvention de 7 millions de dirhams aux associations, manifestations et festivals culturels et artistiques.
Les moussems et festivals divers ont évolué pour s’adapter à la vie moderne, incluant des événements artistiques contemporains et des activités ludiques. Dans l’industrie touristique, ils sont perçus comme de véritables stimulants pour la croissance des flux de visiteurs, mais aussi des trafics aériens, d’activités pour le segment hôtelier et de secteurs dérivés. Ils devraient en effet tenir un rôle crucial dans la stratégie nationale du secteur touristique dont les perspectives prévoient de porter les arrivées de touristes à 17,5 millions d’ici 2026 contre 14,5 millions de visiteurs en 2023, avec des recettes de voyage en devises atteignant un cap historique de 120 milliards de dirhams.
Le Grand Théâtre de Casablanca.
Sous le règne de Mohammed VI, le Maroc a ainsi réussi à conjuguer modernité et tradition, faisant de ces festivals, grands projets culturels et cérémonies traditionnelles des moteurs de son développement touristique et économique. Ces initiatives témoignent de la vision du Roi, qui voit dans la culture et la spiritualité des vecteurs essentiels de croissance et de rayonnement international pour le Maroc.