Le taux de mortalité maternelle et infantile reste toujours préoccupant dans la région médicale de Diourbel. Selon les statistiques livrées par Dr Mamadou Dieng, Directeur régional de la Santé de ladite localité, les indicateurs en santé de la reproduction dans de la zone sont loin des prévisions. Cependant, il fait savoir que la mortalité est en baisse.
La région de Diourbel peine à atteindre les cibles fixées dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile. Les indicateurs sont faibles, atteignant rarement la moitié de l’objectif fixé dans les stratégies de lutte. Pour une population de 2.111.013 habitants, ce sont 57.942 femmes en âge de reproduction qui sont enregistrées et les grossesses attendues sont estimés à 80.457 dont 13.678 qui sont des grossesses à risque, soit 17% des femmes en âge de procréation. Les césariennes attendues sont à 15 voire 16% qui sont réalisées par les structures sanitaires pour prendre en charge les grossesses à risque.
Pour le Directeur de la région médicale de Diourbel, Dr Mamadou Dieng, la santé de la mère et de l’enfant est au cœur de leurs préoccupations. «Nous sommes dans une région où le taux de mortalité est un peu élevé donc celle maternelle et même infantile. Donc on se doit de réduire cette mortalité pour soulager les populations de ce fardeau», a-t-il renseigné.
DES INDICATEURS FAIBLES
Dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile, pour cette année 2024, les indicateurs sont encore loin derrière les objectifs fixés par la région médicale de Diourbel. Ces indicateurs concernent l’utilisation des services de la santé de la reproduction avec les taux de couverture adéquats, effectifs et d’achèvement. Si on prend les femmes qui utilisent la première fois les Consultations prénatales, elles sont à 42% pour une cible de 90%.
«Ce qui veut dire qu’il y a presque 58% qui ne l’ont pas utilisé, alors que la cible est estimée à 90%. L’utilisation de ce service est très faible. Donc il faut sensibiliser ces femmes pour qu’elles viennent bénéficier de ces consultations prénatales», a fait savoir Dr Dieng. Et d’ajouter : «toutes les femmes qui ne viennent pas en consultations prénatales (CPN) sont susceptibles de développer des complications au cours de leurs grossesses. D’où l’importance de les inciter à utiliser les CPN».
Pour les taux de couverture de la première consultation prénatale, la région médicale de Diourbel est à 22%, alors que la cible est de 60%. «Il faut reconnaitre qu’il y a un gap. Parce que celles qui ne sont pas couvertes ne bénéficient pas des interventions pour minimiser les consultations. La Cpn1 c’est celle qu’on fait au cours des trois premiers mois. Mais il faut dire aussi que ces données souffrent à cause de la rétention d’informations des syndicalistes», a souligné le directeur de ladite région médicale. Et d’ajouter : «au niveau des services, il y a des choses à améliorer notamment la disponibilité des médicaments, de certaines interventions qui doivent être offertes pendant cette couverture».
Concernant le taux d’achèvement des consultations prénatales, il est à 16%, malgré les consultations rapprochées de quatre visites à huit. «Ici nos taux d’achèvement sont faibles parce que les femmes ne viennent pas faire la première CPN. Ce qui fait qu’il est très difficile d’avoir un achèvement qui dépasse les 50% alors qu’on vise 73%. C’est lié au fait des croyances socio culturelles et des pratiques parce que ces dernières souvent lors des trois premiers mois, cachent leur grossesse» fait-il savoir.
Revenant sur les accouchements dans les structures sanitaires, ils se situent à 32%, pour un objectif de 94%. Quant à l’accouchement assisté par un personnel de santé, il est à 30%, pour un objectif de cent pour cent. Selon les acteurs de la lutte, il reste à peu près 5% des femmes qui accouchent à domicile.
Pour ce qui est de la planification familiale, Diourbel affiche un taux de 0,15% pour une cible de 12%. «Chaque année nous avons besoin de recruter des femmes qui doivent faire la planification familiale. Il faut les mettre sous contraceptif. Il s’agit des femmes en union qui ont accouché récemment ou qui ont un besoin non satisfait de planification familiale. La Pf est un espacement de naissances et non d’arrêt des naissances pour permettre à la femme de reconstituer ces forces afin de pouvoir faire face à une autre grossesse. Il y a une liaison étroite entre le taux de contraceptive et le taux de mortalité. Et parmi ces indicateurs, il y a ceux sur lesquels il faut s’appuyer sur la communication pour des changements de comportement et atteindre nos objectifs.».
LES OBSTACLES D’UNE PRISE EN CHARGE ADEQUATE
Selon la région médicale, souvent les obstacles à l’utilisation sont liés à l’accessibilité géographique, financière. Cependant, les acteurs de la lutte font savoir que des stratégies ont été mises en place pour celles qui sont éloignés, afin de les rapprocher de l’offre de service. Et celles qui trouvent souvent que c’est trop cher, ils les incitent à s’affilier à des mutuelles de santé. Et très souvent, ces femmes bénéficient de réduction de tickets modérateurs.
Rappelons que cette rencontre avec le Directeur de la région médicale de Diourbel a été tenu dans le cadre d’une caravane organisée par la Direction de la Santé de la Mère, de l’Enfant (DSME), en collaboration avec le Réseau des journalistes en santé population et développement (AJSPD), à Diourbel, du 03 au 05 juillet courant. Une activité qui contribue à réduire la mortalité maternelle, néonatale, infantile et infanto juvénile et à faire de la promotion de la planification un axe majeur pour y parvenir.