Vu l’actualité relayée par une certaine presse, beaucoup de Sénégalais soutiennent que la baisse de certains prix est dérisoire. En tant qu’acteur politique sénégalais, je pense que cela résulte de la méconnaissance de l’ampleur de la consommation.
En effet, « si tu subventionnes la consommation, tu ne paieras pas les salaires » était une phrase célèbre de l’ancien président maître Abdoulaye Wade adressée à Macky Sall. Par cette phrase, il rappelait au président Macky Sall que la subvention des prix est impossible. Nous comprenons parfaitement la pression, l’urgence et l’attente des populations qui, souvent, ne saisissent pas les dimensions techniques de l’économie et de la consommation.
Le gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko, dans sa volonté réelle de respecter ses engagements, a baissé les prix. Toutefois, il faut comprendre que cela a des limites, notamment financières. La situation financière du Sénégal repose essentiellement sur la fiscalité, une limite absolue. À cela s’ajoute un autre frein : l’ampleur de la consommation. Par exemple, la question du riz reste toujours énigmatique. On se demande fréquemment comment subventionner un million de tonnes de riz.
C’est ici que les efforts déployés par le gouvernement sont salutaires, si l’on prend conscience de la situation délicate du trésor. Renoncer à une cinquantaine de milliards pour un budget qui tourne autour de 7 000 milliards demande un véritable amour pour son pays.
Applicabilité de la baisse
D’emblée, il faut noter les différentes concertations avec l’ensemble des acteurs, qui matérialisent l’appel sincère de Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye à fédérer l’ensemble des forces vives de la nation pour trouver des solutions concertées et consensuelles. Contrairement à l’ancien régime, qui faisait de la communication et du forcing, ces concertations et entretiens ont permis à tous les acteurs de se prononcer. Chacun, de par son bord, ses intérêts et son regard, a dit ce qu’il pouvait consentir comme don de soi pour notre république. C’est ce qui justifie le retard de l’effectivité de la baisse.
D’ailleurs, pour une meilleure applicabilité, le gouvernement propose de rétablir les magasins témoins pour stabiliser et réguler les prix. Suivant l’actualité, on constate que les agents de l’État sont sur le terrain pour veiller à l’application des mesures. Nous demandons à l’État de poursuivre le contrôle et de sanctionner les commerçants grossistes et semi-grossistes véreux pour éviter des situations comme celle de Touba, où un commerçant avait stocké des tonnes d’oignons, provoquant une flambée des prix à cinquante mille FCFA le sac pendant la période du Magal.
Les mesures structurelles
Pour sortir de ce gouffre où s’engouffrent bon nombre de pays africains, il n’y a pas de secret, sinon un secret de polichinelle : la souveraineté économique, voire alimentaire. Certes, c’est difficile, mais réalisable. Étant sous les tropiques et bénéficiant d’une ouverture océanique de 700 km, le Sénégal dispose d’un réseau hydrographique très dense, de terres arables couvrant 196 714 km², et d’une population jeune. Ces conditions géomorphologiques doivent être profitables aux Sénégalais.
Il faut chercher à booster la production nationale à travers des appuis en matière de semences, d’engrais, de formation, d’encadrement et d’accompagnement par des outils agricoles modernes. C’est lorsque la production nationale connaîtra une hausse considérable que ces problèmes se régleront facilement.
Il nous faut inventer des mécanismes pour réinjecter les bénéfices du pétrole dans notre agriculture, faute de quoi nous continuerons à avoir une économie d’importation, donc extravertie. Le gouvernement de la rupture en est conscient et a érigé l’agriculture en priorité dans son programme politique. D’ici peu, la mécanisation de l’agriculture sera accélérée et le Sénégal se mettra sur les rails de l’émergence.
Aly TOUNKARA, ingénieur Polytechnicien
Coordinateur national du Mouvement Convergence Citoyenne Tabax sa Réw
Membre de la conférence des Leaders de la coalition DIOMAYE Président