Ousmane Sonko a souligné que l’éventuelle fermeture des bases militaires françaises au Sénégal ne remettra pas en question les accords de défense signés entre les deux pays.
Le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, s’est interrogé, le jeudi 16 mai 2024, sur la légitimité de la présence de bases militaires françaises dans son pays plus de six décennies après l’indépendance.
« Plus de 60 ans après nos indépendances, nous devons nous interroger sur les raisons pour lesquelles l’armée française par exemple bénéficie toujours de plusieurs bases militaires dans nos pays, et sur l’impact de cette présence sur notre souveraineté nationale et notre autonomie stratégique », a-t-il déclaré lors d’une conférence conjointe avec l’ancien député européen et fondateur de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, organisée à Dakar.
« Je réitère ici la volonté du Sénégal de disposer de lui-même, laquelle volonté est incompatible avec la présence durable de bases militaires étrangères au Sénégal », a ajouté M. Sonko, laissant entendre que le nouveau gouvernement formé après la présidentielle du 24 mars dernier pourrait fermer les bases militaires françaises présentes sur le territoire sénégalais.
Il a cependant indiqué que cela ne remet pas en question les accords de défense.
« On peut avoir des accords de défense sans que cela ne justifie que le tiers de la région de Dakar soit occupé aujourd’hui par des garnisons étrangères », a expliqué le Premier ministre nommé en avril dernier, après l’accession de son compagnon de route Bassirou Diomaye Faye à la présidence.
Le Premier ministre sénégalais, qui a précisé s’exprimer en tant que chef de parti et non du gouvernement à l’occasion d’une conférence sur les relations entre l’Afrique et l’Europe avec Jean-Luc Mélenchon, a par ailleurs critiqué l’attitude de Paris lors de la répression contre son camp sous le règne de Macky Sall.
« Vous n’avez jamais entendu le gouvernement français dénoncer ce qui s’est passé », a déclaré Ousmane Sonko, qui a lui-même été emprisonné plusieurs mois et empêché de concourir à la présidentielle dont il était l’un des favoris.
Il a accusé Emmanuel Macron d’avoir accueilli et « félicité » son homologue sénégalais « au pire (moment) » de la répression. « C’est une incitation à la répression, une incitation à la persécution et à l’exécution de Sénégalais qui n’avaient (commis d’autre) crime que d’avoir un projet politique », a-t-il dit, notant que ses propos ne visaient pas le « peuple français avec lequel nous n’avons aucun problème », mais « l’élite gouvernante actuelle ».