En Afrique de l’Ouest, la contrebande est un phénomène récurrent dans le bassin cacaoyer. En dehors de la Côte d’Ivoire et du Ghana, d’autres pays comme la Guinée, le Libéria et le Togo sont également au cœur du trafic.
Relativement limité ces 5 dernières années, le trafic de cacao ivoirien vers le Libéria et la Guinée connaît actuellement une nouvelle poussée à la faveur de la forte augmentation des prix mondiaux à Londres et à New York. C’est ce qu’a indiqué à l’Agence Ecofin, Ousmane Attai, consultant indépendant sur la matière première et auteur d’une récente enquête sur le sujet.
Alors qu’actuellement le prix garanti en Côte d’Ivoire est de 1 500 FCFA par kilogramme, l’expert indique que les trafiquants peuvent ajouter entre 100 et 200 FCFA à ce montant pour convaincre les producteurs de céder leurs marchandises, avant de la revendre plus cher pour près de 3 000 FCFA en Guinée et au Libéria. Si officiellement, l’ampleur de ce trafic n’a pas encore été évaluée, l’expert indique que des sources de terrain évoquent un volume compris entre 70 000 et 100 000 tonnes de cacao.
« Ce stock part pour plus d’un tiers au Libéria en raison des difficultés liées à l’acheminement avec les pirogues sur le fleuve Cavally qui sert de frontière naturelle entre les deux pays. Le transport d’un sac de cacao coûte 5 000 francs et les barques peuvent contenir jusqu’à 5 à 6 sacs, 500 kg pour chaque voyage. Les deux tiers restants sont acheminés vers la Guinée via des chargements de camions par voie terrestre », détaille M. Attai.
Il faut noter que le regain du trafic intervient dans un contexte de baisse attendue de la production de cacao en Côte d’Ivoire à 1,8 million de tonnes cette saison 2023/2024 contre 2,3 millions de tonnes un an plus tôt.