Les pays du G7 ont trouvé fin 2023 un accord pour interdire le négoce des diamants russes sur leurs territoires. Pour veiller au respect de cette mesure, un mécanisme obligera tous les producteurs commerçant dans ces pays à faire certifier leurs diamants bruts à Anvers en Belgique.
De Beers a mandaté Emma Wade-Smith, précédemment consule générale du Royaume-Uni à New York, pour négocier auprès du G7, l’implantation d’un centre de certification des diamants bruts en dehors de la Belgique. C’est ce qu’a révélé le quotidien britannique The Telegraph la semaine dernière, précisant que l’Afrique du Sud, le Botswana et la Namibie sont parmi les alternatives proposées pour le mécanisme d’interdiction des diamants russes.
Actuellement, le G7 a décidé de faire d’Anvers, capitale mondiale du diamant, son centre unique de certification des diamants bruts, destiné à contrôler l’interdiction du négoce des diamants russes dans ses pays membres. Le mécanisme, prévu pour entrer en vigueur en septembre 2024, obligera toutes les compagnies produisant des diamants à travers le monde et qui ont des clients dans les pays membres du G7, à envoyer d’abord leurs diamants en Belgique pour certification.
« De Beers ne s’oppose pas catégoriquement à un système de vérification dans le cadre des sanctions, mais est très préoccupé par l’approche consistant à utiliser un [nœud unique de diamants bruts] à Anvers pour cette vérification », a expliqué un porte-parole du groupe De Beers. Il a ajouté que cela « renforcerait l’efficacité de la vérification de la source des diamants tout en évitant des conséquences négatives involontaires pour les pays producteurs de diamants éthiques non russes ».
Il faut souligner que De Beers n’est pas le premier acteur du secteur à émettre des réserves sur le mécanisme du G7. Dès son annonce en décembre 2023, le gouvernement indien a appelé à un report afin d’adapter le système de vérification et de certification à toute l’industrie. Toujours en Inde, le Conseil de promotion des exportations de bijoux en pierres précieuses (GJEPC) a souligné la nécessité de prendre en compte les intérêts des PME et des entités marginales dans la mise en œuvre du processus.
Le ministre namibien des Mines Tom Alweendo a, de son côté, dénoncé une atteinte à la souveraineté des États où sont produits les diamants. Pour la Namibie, dont le secteur minier est dominé par l’exploitation des diamants, cela risque de provoquer des blocages et des retards dans l’approvisionnement, avec pour conséquences des coûts supplémentaires.
Malgré ces diverses craintes, un spécialiste de la chaine de commercialisation des diamants estime que la multiplication des centres de contrôle ferait plus de mal que de bien. « Le fait d’autoriser d’autres pays à vérifier l’origine des diamants risque de créer des maillons faibles dans la chaine, susceptibles d’être exploités par ceux qui cherchent à contourner les exigences en matière de traçabilité », explique Hans Merket, chercheur pour l’International Peace Information Service.
Rappelons que De Beers est, avec le géant russe Alrosa, l’un des deux plus grands producteurs mondiaux de diamants. La compagnie exploite des diamants au Botswana, en Afrique du Sud, en Namibie et au Canada, mais 70 % de sa production vient d’un seul pays, le Botswana.