2024 est une année particulièrement dense sur le plan électoral en Afrique. Vingt scrutins sont en effet prévus cette année. Dans ce contexte propice aux dépenses et en marge des « réunions de printemps » à Washington, le Fonds monétaire international (FMI) appelle les pays africains à être « vigilants ».
Après les Comores et un scrutin mouvementé au Sénégal, sept pays africains connaîtront, cette année, une présidentielle dont l’Afrique du Sud, le Rwanda et l’Algérie.
Il y aura des élections législatives au Togo à la fin du mois, auxquelles il faut ajouter près d’une dizaine d’autres scrutins nationaux ou régionaux sur le continent.
Or, explique à l’AFP Catherine Patillo, directrice adjointe du département Afrique du FMI, « dans les pays à faibles revenus, les dépenses peuvent être déséquilibrées au cours des années électorales afin de renforcer le soutien populaire », autrement dit les partis au pouvoir, pour le conserver, sont souvent tentés de desserrer un peu trop les cordons de la Bourse.
Et qu’ils gagnent ou qu’ils perdent, le risque, c’est « une fois l’élection passée » de devoir compenser cette générosité prodiguée avec l’argent du contribuable et également de procéder à des coupes budgétaires, « y compris dans le secteur public pourtant pourvoyeur de croissance », surtout que de nombreux pays du continent connaissent un niveau d’endettement élevé.
C’est ce qui a valu au FMI d’être critiqué, il y a quelques jours, par l’ONG Oxfam, qui accuse l’institution d’aggraver les inégalités de revenus dans les pays qu’elle soutient, en encourageant les politiques d’austérité.
Les perspectives macro-économiques s’améliorent
La semaine dernière se tenaient les assemblées de printemps, à New York. Et à cette occasion, les grandes institutions – Banque mondiale et FMI – présentaient leurs rapports et perspectives. Le Fonds monétaire international a rendu public, vendredi 19 avril, son rapport sur l’Afrique subsaharienne, intitulé « Un retour coûteux sur les marchés mondiaux ».
Après plusieurs années de crise économique, les perspectives macro-économiques en Afrique subsaharienne s’éclaircissent, explique finalement Luc Eyraud, chef des études pour l’Afrique subsaharienne du FMI, joint par RFI.
Les perspectives s’améliorent. On observe une reprise économique de 3,4%, l’an dernier, à 3,8% cette année, et les pays sont de retour sur les marchés internationaux. Cela veut dire que jusqu’à ces dernières années, les pays ont eu des difficultés à emprunter sur les marchés internationaux parce que les coûts d’emprunt étaient trop élevés, et depuis environ douze mois, les taux d’intérêt mondiaux ont baissé et certains pays, le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Kenya, ont eu la possibilité d’émettre des titres internationaux au mois de janvier, à des taux qui étaient élevés mais raisonnables de leur point de vue.
« Ce rapport conclut qu’il y a des signes d’amélioration très nets en Afrique sur la croissance et sur les déséquilibres macroéconomiques. Mais notre rapport parle aussi des défis très importants qui persistent et notamment la poursuite de la pénurie de financements qui continue d’affecter la région, poursuit Luc Eyraud. Donc, on est aux côtés de l’Afrique pour les aider à résoudre leurs défis macroéconomiques, y compris des problèmes d’inflation, de dette et aussi l’insécurité alimentaire qui est également un très grand problème dans la région. »
Depuis 2020, ce sont plus de 60 milliards de dollars déboursés par le FMI pour aider à restaurer les équilibres macro-économiques. Plus de la moitié des pays ont des programmes avec le FMI.