Les mois prochains risquent d’être vécus durement par une partie de la population sénégalaise. D’après un rapport de la Fao, de l’Unicef et du Pam, 55 millions de personnes seraient dans cette situation en Afrique de l’Ouest et du Centre dont 500 000 personnes au Sénégal. Une situation qui interpelle le régime de Diomaye Faye qui devra faire face, comme Macky Sall en 2012 avec 800 000 Sénégalais sous la menace de l’insécurité alimentaire.
Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le gouvernement. Un rapport conjoint du Pam (Programme alimentaire mondial), de la Fao (Fonds des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation) de l’Unicef (Fonds des Nations Unies pour l’enfance), publié ce 12 avril 2024, fait état de «500 000 personnes menacées d’insécurité alimentaire au Sénégal». Au-delà, en Afrique de l’Ouest et du Centre, près de 55 millions de personnes auront du mal à se nourrir pendant la période de soudure, de juin à août de cette année, s’inquiètent ces trois organismes spécialisés des Nations Unies. Qui notent que ce chiffre représentant «une augmentation de 4 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire par rapport aux prévisions de novembre dernier». Une situation d’incertitude qui s’ajoute à la description faite par le nouveau régime. Le chef de l’Etat a déclaré avoir trouvé une «situation déplorable», lors de sa rencontre avec la coalition Diomaye Président au King Fahd Palace. Alors que le ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, a évoqué, selon Walfnet, une «situation difficile» que les populations devraient vivre.
Le syndrome de 2012 avec Macky Sall
Cette situation rappelle celle de 2012. Le Président Macky Sall, nouvellement élu, s’est heurté à un premier problème : 800 000 Sénégalais menacés de famine d’insécurité alimentaire dans certains départements du Sénégal. Il en fera une priorité en sollicitant les partenaires financiers. «Je lance un appel à nos partenaires bilatéraux et multilatéraux pour soutenir nos efforts de mise en place d’un programme d’urgence visant à assister les zones rurales touchées par le déficit alimentaire», avait-il déclaré dans son premier message à la Nation du 3 avril 2012. Lors de sa toute première visite officielle qu’il avait réservée à la France, le Président Sall évoquait parmi les urgences, cette question. Paris avait libéré 80 milliards de FCFA au titre de l’aide bilatérale.
«La vulnérabilité des pays qui ont leur propre monnaie»
Pour remédier à ce spectre d’insécurité alimentaire, Martin Naindouba Djerandodje, expert régional Fao, déclare que «la Fao encourage l’Etat du Sénégal à mieux travailler avec le secteur privé pour mieux investir dans l’agriculture», soulignant que la situation est «beaucoup plus préoccupante dans d’autres pays de la région, notamment dans le sahel». Il ajoute : «Chaque année, la situation va de mal en pis. Lorsque nous avons fait la première analyse en novembre, le nombre de populations en insécurité alimentaire était autour de 49 millions. Maintenant, c’est 55 millions, y compris bien sûr les chiffres de la Centre Afrique». Il renseigne que «l’autre enseignement du rapport, c’est la vulnérabilité de certains pays de la sousrégion qui ont leur propre monnaie». Un débat qui concerne le Sénégal aussi, puisque les nouveaux dirigeants ont prévu dans leur programme une monnaie nationale, même si la question reste suspendue à une réflexion plus approfondie.