Pour une première tournée africaine, le chef de la diplomatie française se rend dans des pays avec lesquels la France entretient des relations cordiales, voire excellentes, notent plusieurs observateurs pour qui cette démarche peut-être la 1ère étape d’une ‘’réconciliation diplomatique” avec un continent où elle a été très décriée récemment.
Dans le cadre de sa 1ère tournée en Afrique depuis qu’il a été nommé ministre des Affaires étrangères de France le 11 janvier, Stéphane Séjourné était ce samedi au Kenya ou il tenu une conférence de presse conjointe avec son pair Musalia Mudavadi. Comme attendu, les deux hommes ont usé du leadership de leurs pays sur les questions de climat pour rappeler « la nécessité d’augmenter de toute urgence le financement climatique mondial […] y compris (par) des contributions du secteur privé et d’autres sources innovantes”.
Le ministre kenyan a par ailleurs demandé aux États de rejoindre la task force sur la fiscalité internationale créée à l’occasion de la COP28 par le trio France-Kenya-Barbade. L’objectif annoncé est d’établir sous 2 ans une taxation internationale à plusieurs milliards USD de potentiel, qui appuierait les pays en voie de développement dans leur lutte contre le changement climatique.
Les deux hommes se sont prononcés sur d’autres aspects de coopération bilatérale, dont le transport, le sport, l’économie ainsi que le commerce : “Le processus visant à remédier au déséquilibre commercial nécessite des programmes cohérents et des efforts conjoints, comme nous le faisons. Le nombre d’entreprises françaises augmente et celles qui sont présentes sont capables d’engager 34 000 Kényans, en emplois directs”.
Stéphane Séjourné s’est ensuite rendu au Rwanda où, en compagnie d’Hervé Berville, secrétaire d’État à la Mer, il doit représenter le président Emmanuel Macron à la 30ème commémoration du génocide des Tutsis (1994) qui débute demain dimanche 7 avril.
Ce dernier, qui était lui-même présent à Kigali en mai 2021 pour reconnaître la part de responsabilité de la France dans l’un des pires drames humains du 20ème siècle, a récemment ajouté que son pays « aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains », mais qu’il (la France, Ndlr.) « n’en a pas eu la volonté ». Selon les services de l’Élysée, Macron aura quelques mots à l’occasion de cette commémoration, via une vidéo qui sera diffusée sur les réseaux sociaux.
« Ce 7 avril 2024, le chef de l’État réaffirmera que la France est aux côtés du Rwanda, du peuple rwandais, en souvenir d’un million d’enfants, de femmes et d’hommes martyrisés parce que nés Tutsi. Il redira l’importance du devoir de mémoire mais aussi du développement des savoirs de référence et de leur diffusion, en particulier par l’éducation des jeunes générations en France » précise-t-on.
La dernière escale prévue du pensionnaire du Quai d’Orsay est la Côte d’Ivoire, pays avec lequel la France entretient de longue date de bonnes relations diplomatiques et une collaboration sur plusieurs aspects de gestion publique. Stéphane Séjourné entend renforcer tous ces liens, dans un contexte ou l’image de marque de l’Hexagone a sérieusement été écornée ces derniers mois dans quelques pays africains, notamment dans les régions du sahel et du centre, sur fond de crises politiques et sécuritaires.
“La France aura comme vocation à renouveler et construire des partenariats équilibrés, respectueux mutuellement, et au bénéfice de l’ensemble des pays, avec les pays africains. […] C’est tout l’enjeu de notre feuille de route : diversifier ces partenariats, les rendre bénéfiques pour les pays dans lesquels nous allons investir. […] En Afrique, il n’y a pas que le Sahel, il y a de belles coopérations’’ a-t-il notamment affirmé.
« Nous voulons réaffirmer que l’Afrique est une de nos priorités. […] Il y a des partenariats fructueux pour la France en Afrique. Notre relation avec les pays africains n’est pas fondée sur le tout-sécuritaire et sur les liens historiques. On ne veut pas se laisser enfermer. Elle s’étend sur tous les plans, économique, culturel, sociétal, mémoriel… » a ajouté le Quai d’Orsay.