Quelle est la responsabilité des Fds dans la mort de plus de 60 personnes dans les manifestations politiques notées entre 2021 et 2023 ? C’est la question que se pose le lecteur qui a parcouru l’enquête publiée sur le site d’Al Jazeera ?
En attendant d’y voir clair, l’enquête réalisée par la chaîne qatarie et PorCausa révèle qu’une unité d’élite de la Gendarmerie nationale dont la mission est la lutte contre le terrorisme et le crime transfrontalier, a quitté la frontière sénégalo-malienne pour intervenir dans les manifestations politiques.
Il s’agit du Garsi. Un des «blindés que l’Union européenne a achetés pour Garsi Sénégal, a été vu tirer du gaz lacrymogène sur une caravane de protestation organisée par Sonko en mai dernier», affirme Al Jazeera. L’enquête révèle que le véhicule a été aperçu à Mampatim, un village situé à 31 km de Kolda.
Les unités d’élite financées par l’Ue étaient plutôt censées être basées dans les zones frontalières du Sénégal avec le Mali pour lutter contre la criminalité transfrontalière, explique le média.
Financé par l’Ue, le Garsi est un projet régional qui a duré entre 2016 et 2023. Son objectif reste la lutte contre les causes profondes de la migration en Afrique. Il est exécuté par une agence de développement du ministère des Affaires étrangères de l’Espagne. L’unité sénégalaise, composée de 300 personnes, créée en 2017, a coûté plus de 4, 5 milliards la première phase.
L’objectif était de «créer une unité d’intervention spéciale dans la ville de Kidira, à la frontière du Mali, pour protéger le Sénégal contre les incursions potentielles de groupes armés et les crimes transfrontaliers, y compris le trafic illicite de migrants». Le Garsi Sénégal a reçu une formation technique et un mentorat de la Garde civile espagnole, ainsi que des forces de sécurité françaises, italiennes et portugaises.
La deuxième phase a coûté à l’Union européenne 2, 9 millards Cfa pour 250 personnes stationnées près de la ville de Saraya, près de la frontière avec la Guinée et le Mali. «Un ancien officier de la Police sénégalaise a également confirmé l’utilisation de l’unité Garsi lors de manifestations pro-démocratie au Sénégal», affirme Al Jazeera. Al Jazeera et porCausa ont obtenu le rapport d’évaluation final de 67 pages du projet Garsi de 2022, qui indique clairement dans différentes parties qu’au Sénégal, Garsi fonctionne différemment des autres pays où l’unité est présente.
Le rapport indique que l’unité est parfois déployée dans des missions conjointes avec d’autres unités de police telles que l’Escadron de surveillance et d’intervention de la Gendarmerie sénégalaise, pour mener à bien une série de missions pour la «sécurité intérieure».