Le projet sénégalo-mauritanien Greater Tortue Ahmeyim (GTA) est jugé essentiel pour l’autonomisation énergétique des deux pays. Toutefois, selon une étude d’ONG parue récemment, au-delà des retombées économiques, le projet va impliquer une gestion délicate de son impact environnemental.
L’exploitation imminente du gaz du projet GTA offre au Sénégal et à la Mauritanie une opportunité de montrer l’exemple avec une gestion et une surveillance rigoureuse de son impact sur l’environnement. Selon un rapport de l’ONG BankTrack paru en novembre 2022, si les risques environnementaux ne sont pas bien gérés, ce projet pourrait en effet dégrader les écosystèmes marins des deux pays, en mettant en péril la faune aviaire migratoire et les espaces marins protégés.
Selon ce rapport intitulé « Who is Financing Fossil Fuel Expansion in Africa ? », le projet, qui ambitionne la monétisation de quelque 425 milliards de mètres cubes de gaz naturel, est mis en œuvre à proximité de zones écologiquement sensibles de fait de la biodiversité exceptionnelle qu’elles hébergent. Cet écosystème abrite diverses espèces d’oiseaux migrateurs et des réserves marines exceptionnelles.
Les considérations environnementales liées au projet GTA suscitent des préoccupations légitimes non seulement de la part de BankTrack, mais aussi du think tank LEGS-Africa qui a également publié un rapport qui attire l’attention sur les risques environnementaux, mais aussi socio-économiques et sécuritaires de ce projet. Bien qu’une étude commandée par BP, la compagnie opératrice, indique que les risques sont « négligeables », ce projet pourrait représenter une belle occasion pour une approche proactive en matière de gestion environnementale.
En effet, il offre la possibilité d’adopter des pratiques plus respectueuses de l’environnement parmi lesquelles l’amélioration des évaluations d’impact environnemental et l’adoption de technologies moins polluantes. Ces mesures peuvent aider à fixer l’équilibre écologique tout en limitant l’empreinte carbone. Ce qui à terme favorisera un alignement de GTA, ainsi que les autres projets énergétiques semblables, sur les objectifs de développement durable.
Certes, l’installation, dans le cadre du projet GTA, d’ouvrages comme une unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO) et un terminal de GNL, soulève des préoccupations, d’après le rapport de BankTrack. Cependant, la mise en place de telles infrastructures est une ouverture vers l’établissement de protocoles pertinents d’évitement et de mitigation permettant de mieux préserver les mammifères marins et les oiseaux.
Il faut dire que l’enjeu est de taille pour toutes les parties prenantes du projet. En effet, ce dernier promet des retombées favorables à la croissance des économies du Sénégal et de la Mauritanie.
Selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), l’économie mauritanienne devrait atteindre une croissance de 5,1 % en 2024 et de 14,3 % en 2025, portée par l’entrée en production du projet gazier Grand Tortue Ahmeyim (GTA).
Côté sénégalais, les autorités avaient indiqué fin décembre 2022 qu’elles envisageaient une croissance économique à 10,1 % en 2023 grâce à l’entrée en production des premiers gisements d’hydrocarbures, notamment ceux de GTA.
Ces potentiels revenus pourraient contribuer au financement de la recherche et de l’innovation dans les secteurs de la conservation marine et des énergies propres, mettant en lumière la manière dont l’exploitation des ressources naturelles peut soutenir des initiatives environnementales et sociales bénéfiques. Ce sera aux Etats concernés, notamment le Sénégal et la Mauritanie, d’exercer leur autorité sur toute la durée de vie du projet, pour assurer le juste équilibre entre le développement économique et social et la préservation de l’environnement.