Dans l’actualité santé en Afrique : une explosion mondiale des cas de rougeole sur fonds défis de vaccination ; le Sénégal se dote de son premier laboratoire de dermatopathologie ; la Guinée fait face à une épidémie persistante de diphtérie ; au Cameroun, les cas de cancers pédiatriques avoisinent le millier chaque année.
Au Sénégal : le premier laboratoire de dermatopathologie
Le Sénégal s’est doté la semaine dernière de son premier laboratoire de dermatopathologie. La structure est le fruit d’un partenariat entre la Fondation Pierre Fabre et la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontologie (FMPO) de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
« L’apport de la fondation a été fondamental et déterminant : pour équiper le laboratoire, acquérir le matériel technique, pour financer les réactifs indispensables. Nous recevons actuellement une centaine de prélèvements par mois, qui viennent du Sénégal bien sûr mais aussi du Burkina, du Tchad, de Guinée, de Djibouti, du Bénin… Les besoins sont immenses, et pas seulement en dermatologie mais dans d’autres disciplines, comme la chirurgie orthopédique, générale, pédiatrique… », indique la Fondation Pierre Fabre.
Le laboratoire, dirigé par le Pr Moussa Diallo, devrait apporter une contribution notable dans le domaine de la dermatologie, au Sénégal et dans la région.
Une explosion mondiale des cas de rougeole (OMS)
Entre 2022 et 2023, les cas de rougeole ont augmenté de 79%, dépassant les 9 millions, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui tire la sonnette d’alarme sur cette explosion mondiale.
Pour l’agence onusienne, la situation est attribuée à la baisse de la vaccination due à la crise du Covid-19. À titre d’exemple, la couverture vaccinale mondiale en 2023 n’a atteint que 83%, bien en-deçà des 95% nécessaires pour enrayer l’épidémie.
Cette négligence de la vaccination contre la rougeole au profit du coronavirus, exacerbée par des crises économiques et des conflits, a engendré cette recrudescence mondiale.
Toutes les régions sont touchées, avec, de façon notamment, une hausse dramatique en Europe, où plus de 30 000 cas ont été signalés en 2023.
Pour rappel, la rougeole est une maladie virale très contagieuse. Elle touche principalement les enfants, et ses symptômes comprennent de la fièvre, des éruptions cutanées, une toux, un écoulement nasal et des yeux rouges et larmoyants. Dans les cas graves, la maladie peut entraîner des complications telles que des infections pulmonaires ou des encéphalites, pouvant parfois entraîner la mort.
Burkina : près de 1300 cas suspects depuis le début de l’année
Justement, la rougeole sévit particulièrement au Burkina Faso, en Afrique de l’Ouest.
Le pays des hommes intègres a enregistré ainsi 1269 cas suspects dès les six premières semaines de 2024, avec malheureusement quatre décès.
Cette flambée a nécessité l’activation du Centre d’opérations de réponse aux urgences sanitaires (Corus) pour une riposte efficace, en particulier dans six districts sanitaires du pays.
Dans la foulée, et pour endiguer la propagation, une campagne nationale de vaccination devrait débuter le 26 février dans les zones les plus touchées, ciblant plus de 3,4 millions d’enfants âgés de 9 à 59 mois. En parallèle, les autorités sanitaires renforcent également la communication et organisent des rencontres avec les médias pour sensibiliser et accompagner la riposte.
La BAD appelle à financer la lutte contre la malnutrition
Cette semaine, la Banque africaine de développement (BAD) et ses partenaires viennent de lancer un appel pour plus d’engagement et de financement pour lutter contre la malnutrition infantile en Afrique. L’appel a été lancé lors d’une réunion de haut niveau à Addis-Abeba, en marge des rencontres de l’UA.
Dirigeants africains et partenaires, réunis au sein de l’African Leaders for Nutrition, ont souligné l’urgence d’agir alors que plus de 80 millions d’enfants sont touchés par la malnutrition sur le continent. Akinwumi Adesina, président de l’institution multilatérale, a notamment appelé à une réduction de 40 % de la malnutrition d’ici 2025.
« Nous avons le devoir et la responsabilité de réduire la malnutrition et les retards de croissance en Afrique de 40 % d’ici 2025, dans un an à peine », a-t-il relevé.
Selon la BAD, au moins 86 millions d’enfants africains âgés de moins de cinq ans sont actuellement confrontés à diverses formes de malnutrition. De plus, 63 millions souffrent de retards de croissance, 10 millions sont en surpoids et 3 millions souffrent d’émaciation (un poids trop faible par rapport à leur taille).
Cameroun : 1000 cas de cancers pédiatriques diagnostiqués chaque année
Au Cameroun, environ 1000 cas de cancer sont diagnostiqués chaque année chez les enfants et adolescents de 0 à 19 ans, rapporte Stop BlablaCam.
Selon les données présentées lors de la journée mondiale des cancers pédiatriques (15 février), les formes les plus fréquentes incluent le rétinoblastome, la leucémie, le lymphome, l’ostéosarcome et le néphroblastome. Contrairement aux cancers chez les adultes, leurs causes sont souvent inconnues. Les symptômes sont similaires à ceux d’autres maladies infantiles courantes. Des acteurs comme l’association Mori’s Child sensibilisent sur la réalité de ces maladies et sur l’importance du diagnostic précoce.
Guinée : l’épidémie de diphtérie persiste
En Guinée, l’épidémie de diphtérie qui a débuté en juillet 2023 persiste cette année 2024. Sur les cinq premières semaines de l’année, près de 1200 cas ont ainsi été signalés (une moyenne de 237 cas par semaine). On note également cinq décès, comme rapporte le média spécialisé OutBreak News Today.
Bien que la surveillance se soit améliorée, la hausse constante des cas suggère des facteurs sous-jacents. Depuis juillet 2023, la Guinée a enregistré 3445 cas suspects, avec 3207 confirmés et 83 décès, soit un taux de létalité de 2,4%.
Causée par la bactérie Corynebacterium diphtheriae, la diphtérie se propage par voie respiratoire ou par contact avec des plaies. La vaccination reste cruciale pour prévenir la maladie.
Kenya : des attaques de hyènes suscitent des risques de rage
Au Kenya, une série d’attaques de hyènes près de la capitale Nairobi a alarmé les autorités après qu’un étudiant ait été attaqué le 5 février 2024. En effet, des tests effectués sur les hyènes capturées se sont révélés positifs pour la rage.
« Un rapport faisant état d’une attaque de hyène contre un étudiant de l’Université Multimedia à Maasai Lodge, à Rongai, le 5 février 2024, (…) des échantillons prélevés sur la hyène ont été envoyés aux Laboratoires nationaux de référence vétérinaire (NVRL), à Kabete, pour le test de la rage. », indique un communiqué du Kenya Wildlife Service (KWS).
Les attaques supplémentaires ont renforcé des inquiétudes, conduisant à des directives pour la population sur la façon de réagir en cas de rencontre avec ces animaux. Alors que la rage est principalement transmise par les chiens, son implication chez la faune reste peu documentée.
En réponse, une campagne de vaccination des chiens a été lancée pour prévenir la propagation de la maladie, soulignant l’importance de la coexistence pacifique entre les communautés et la faune.