Au moment où les acteurs économiques, sociaux, culturels et politiques déroulent, à qui mieux-mieux, leurs plans d’actions pacifiques pour s’opposer fermement au coup d’État du Président-putchiste, arrivent, comme d’habitude, les envoyés spéciaux de la discorde, les messies de la paix, du dialogue et de la concorde, pour tenter de fracasser à coup de haches et de coupe-coupes, le combat en cours de l’immense majorité du peuple sénégalais contre le monstre anti-constitutionnel qui s’est emparé délibérément de notre pays.
Depuis hier, tous ceux qui sont aux ordres, tous ceux qui ont quelque chose à se reprocher, tous ceux qui doivent un retour d’ascenseur au régime du Président-putchiste et les éternels griots du régime, ont entamé une nouvelle dissertation, une nouvelle chanson et une symphonie pour expliquer l’accès de magnanimité du Président-putchiste, chanter sa bonté et attendrir les cœurs meurtris des Sénégalais pour qu’ils acceptent avec déférence l’amnistie que le Président-putchiste, dans son immense générosité, va offrir aux terroristes, aux affreux jihadistes, aux fauteurs invétérés de trouble à l’ordre public, aux actionneurs des forces occultes invisibles, aux spécialistes d’atteinte à la sûreté de l’État, etc., brebis galeuses parmi les plus dangereuses et les plus exécrables, qu’il va absoudre et réintégrer parmi les sages enfants de la République.
Y-a-t-il eu un terrible tremblement de terre qui a déréglé tous les cerveaux des salariés du dialogue et de la médiation ?
Un tsunami particulièrement violent est-il passé laver la tête des éminents membres de notre société bien pensante?
Une tornade, hors saison, particulièrement dévastatrice, a-t-elle transplanté les porteurs de voix gracieusement payés dans un nouvel Eldorado pacifique ?
Pourtant le coup d’État est là, flagrant, cinique et froid !
Pourtant, comme par le passé, cette fois-ci devant les observateurs du monde entier, en pleine période de campagne électorale, le Président-putchiste interdit les manifestations pacifiques, les caravanes des candidats, la distribution de leurs prospectus, etc.
Pourtant, sans pudeur, sans vergogne et sans une once de compassion, on continue à tuer froidement des jeunes manifestants.
Et si Galilée était encore vivant, face à l’évidence de la forfaiture et de la terreur autoritaire qui s’abattent délibérément, publiquement et implacablement sur notre peuple et notre Nation, il se serait exclamé : pourtant, c’est un coup d’État !
Ils font exprès hors sujet !
Ils veulent simplement nous diviser, nous distraire et endiguer la dynamique unitaire des principales forces économiques, sociales, culturelles et politiques du pays.
La peur n’est plus dans les chaumières.
Elle a envahi l’Avenue Léopold Sédar Senghor, les maisons huppées de Fahn, Mermoz et des Almadies.
La haute classe dirigeante, les laudateurs, les grands couturiers des textes juridiques, les fossoyeurs des biens publics, les assassins de jeunes innocents, les opportunistes des bonnes affaires politiques, toute cette vermine qui grouille dans notre pays, se sont donné la main, effrayés jusqu’à la moelle, dans un dernier sursaut de survie, pour assassiner notre démocratie, notre État de droit, notre justice, nos libertés et notre vivre ensemble.
À côté du Président-putchiste, sont arrivés à la rescousse les anciens Présidents de la République dont le communiqué sibyllin, hors sujet, hors du temps, ne mérite même pas un zéro pointé. Ont-ils réellement conscience de ce qui se passe dans leur pays ?
En fait, ce remue-ménage, n’est-il pas le signe avant-coureur de la préparation d’un nouveau coup d’État à la veille de la décision tant attendue du Conseil constitutionnel ?
L’amnistie ne serait-elle pas, en réalité, la nouvelle pilule pour faire avaler au peuple sénégalais l’usage par Président-putschiste de l’article 52 de notre Constitution au cas très probable où le Conseil constitutionnel désavouerait l’Assemblée nationale qu’il a instrumentalisé.
L’amnistie servirait aussi à blanchir les assassins invisibles qui tuent impunément depuis des années les manifestants.
L’amnistie mettra une chape de plomb sur les meurtres commis.
Les meurtriers pourront tranquillement, en toute quiétude, vaquer à leurs occupations, narguer effrontément les familles de leurs victimes, impunément jusqu’à leurs derniers souffles.
Le Sénégal n’a pas besoin d’une nouvelle loi scélérate d’amnistie.
Le Sénégal a juste besoin que le dictateur libère ses prisonniers indûment arrêtés, leur restituent leurs droits civiques confisqués et que les assassins soient poursuivis.
Tout discours, tout communiqué, toute action qui ne va pas dans le sens de la reconnaissance explicite du coup d’État, de la restauration du processus électoral, de l’organisation des élections présidentielles le 25 février 2024, de la passation de pouvoir le 2 avril 2024 et du départ effectif du pouvoir du Président-putschiste le 3 avril 2024, fait hors sujet, travaille consciemment ou inconsciemment pour le renforcement du coup d’État en cours.
Tous unis pour l’échec le plus rapidement possible du Coup d’État !
Non à un nouveau coup d’État !
Dakar, mardi 13 février 2024
Prof Mary Teuw Niane