« SOURCE : DAKARACTU »
S’exprimant, dans un entretien avec le journal français, « Le Figaro », la ministre de la Justice, garde des sceaux revient sur le « contentieux » entre le pouvoir législatif et celui judiciaire. Après la mise en place de la commission d’enquête parlementaire, le vote du report a été acté par l’assemblée. Mais, à ceux qui penseraient à une immixtion de l’exécutif, Me Aïssata Tall Sall répondra : « Nous n’avons jamais demandé à l’Assemblée de reporter cette élection. Ce n’est pas une initiative de l’exécutif, encore moins du président Macky Sall. Le report d’un groupe de l’opposition qui a estimé que son candidat, Karim Wade, aurait été évincé de façon pas normale par le Conseil constitutionnel.
Nous ne commentons pas les décisions du Conseil car nous respectons la séparation des pouvoirs. Mais nous ne pouvons pas non plus nous immiscer dans les demandes que les députés font. Voilà quelle est l’affaire, avec des accusations des uns contre les autres. Voilà comment le président s’est retrouvé sous les tirs croisés de l’Assemblée et du Conseil constitutionnel » précisera le ministre dans ses explications. D’après l’avocate de profession, le président Macky Sall ne pouvait entrer dans une crise institutionnelle entre le conseil constitutionnel. Elle rappelle que la juridiction en question s’est déjà prononcée en 2016 estimant que le mandat présidentiel était « intangible » qu’on ne pouvait ni le raccourcir ni le prolonger. « La durée du mandat reste intangible. Elle est inscrite dans le marbre dans l’article 27. Elle est de cinq ans. Et la loi votée lundi ne change pas cet article. Ce qui change, par un principe dérogatoire, c’est l’article qui définit les dates l’élection », fera remarquer le ministre de la justice qui se dit optimiste sur d’éventuelles violences telles que nous en avons vécu en juin dernier et en 2021.
« Je ne peux pas accepter cela. On nous a tout prédit ici au Sénégal, le chaos, la violence… Je peux vous dire que l’ordre public est tenu sans dégâts et nous continuerons. Le gouvernement fera son travail de maintien de l’ordre dans la paix », rassure Me Aïssata Tall Sall qui attend les fruits du dialogue lancé par le président pour parer à toutes ces éventualités.
Certains, vos opposants mais aussi des membres de société civile, crient au coup d’État constitutionnel. Ils sont bien dans leur rôle selon la ministre. « J’ai été opposante pendant longtemps et je sais que tout argumentaire peut être contesté. Mais je ne partage pas cette vision. Je dis juste que le Sénégal est une démocratie. Quand une loi est votée, il revient au Conseil constitutionnel de vérifier si elle est conforme ou non. Mais, en l’espèce, il s’agit d’une loi constitutionnelle et donc le Conseil ne peut pas se prononcer dessus », a t-elle soutenu.
Dans cet entretien, la ministre Me Aïssata Tall Sall sur les critiques venant aussi de la communauté internationale renchérit : « Nous sommes en train de parler à ces partenaires importants, de leur expliquer ce que je vous explique. Il faut savoir que le Sénégal est une République solide et un État fondé sur la primauté de la loi. Et si nous en dévions, il y a nos cours et nos tribunaux. Le président l’a dit : l’objectif est d’aller à l’élection dans le calme et l’inclusivité », ajoute le garde des sceaux.