La polémique se poursuit au Sénégal. A la fin de cette semaine, le Conseil constitutionnel, l’organe chargé de publier la liste définitive des participants à la présidentielle du mois prochain, rendra son verdict. Karim Wade y figurera-t-il ? A priori, oui… Il est déjà sur la liste provisoire. Mais Karim Wade est sous le coup d’un recours déposé par l’un de ses concurrents à la présidentielle, Thierno Alassane Sall. Celui-ci estime que le Conseil constitutionnel n’aurait pas dû valider la candidature de Karim Wade alors qu’il possédait encore la nationalité française au moment du dépôt de son dossier le 26 décembre dernier.
Donc, « le débat est clos », pointe WalfQuotidien, malgré cette « renonciation tardive. » Mais en fait, non, estime pour sa part 24 Heures, autre quotidien dakarois : « la polémique sur la double nationalité du fils de l’ancien chef de l’État et Pape du Sopi est loin de connaitre son épilogue », affirme-t-il. En effet, « Thierno Alassane Sall ne lâche pas prise. Il dénonce « l’immixtion flagrante de la France » dans le processus électoral pour tenter de sauver la candidature de Karim Wade. Cela traduit, poursuit-il, une solidarité entre les tenants de la Françafrique et du néocolonialisme. »
Karim Wade réplique… Il estime que le débat est clos… Ses propos sont repris notamment par 24 Heures : « ma renonciation à la nationalité française est une preuve supplémentaire de ma constance, dit-il. Cette polémique stérile et dangereuse, alimentée par Thierno Alassane Sall pour gagner en visibilité et agissant pour le compte du très peu courageux Premier ministre Amadou Bâ, spécialiste des coups bas, se termine enfin. »
En fait, pointe Le Monde Afrique, « cette polémique est ancienne. (…) Le camp de Karim Wade fait régulièrement l’objet de railleries aux relents racistes en lien avec le fait qu’il soit métis ou qu’il ne maîtrise pas le wolof. Et il voit dans cette polémique le symptôme d’une « discrimination » et d’une « xénophobie ». » Le Monde Afrique rappelle également que « Karim Wade, 55 ans, vit en exil au Qatar depuis qu’il a bénéficié d’une grâce présidentielle, accordée en 2016 par Macky Sall. Mais un autre obstacle se dresse toujours sur sa route vers la présidence : le paiement d’une amende faramineuse de 138 milliards de francs CFA (environ 210 millions d’euros) à l’État du Sénégal », suite à sa condamnation en 2015 pour enrichissement illicite.
En tout cas, « le Conseil constitutionnel n’a plus que deux petits jours pour statuer », relève WakatSéra à Ouagadougou. Et il serait temps, estime le quotidien burkinabé, qu’on en finisse avec ces histoires de double nationalité : « au Sénégal comme ailleurs sur le continent, ce paradoxe légal empêche bien des citoyens ayant vécu toute leur vie dans un pays auquel ils sont rattachés par un cordon ombilical de fait. (…) N’est-il pas temps pour les législateurs de changer cette disposition inique qui survit aux âges et aux charcutages sur mesure opérés par les politiciens ? Pour ne citer que trois exemples, Nicolas Sarkozy, ancien président français, est d’origine hongroise. Barack Obama, ancien président des États-Unis, a des origines kényanes. Rishi Sunak, le Premier ministre britannique, est fils d’immigrés d’origine indienne. Pourquoi donc l’exception africaine ? », s’exclame encore WakatSéra. « Il est temps de revoir ces dispositions constitutionnelles qui ne portent que des germes d’ostracisme et de violences électorales. »