Il y a un an, la crise qui six mois durant, avait empoisonné les relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire, venait de connaître une issue heureuse, avec la libération des militaires ivoiriens incarcérés au Mali.
De cette crise aux multiples rebondissements, on retiendra que les résolutions de toutes les crises, ne peuvent s’obtenir que par la négociation, la diplomatie et ce, dans le respect mutuel de la souveraineté de chaque État.
Mais contre toute attente, après la rencontre de Lomé, la Côte d’ivoire se rebiffa. À l’occasion de la 77e session de l’Onu, elle en appelait à la Cedeao et à l’Onu, à l’effet de contraindre le Mali à faire des concessions. La médiation togolaise était donc reléguée aux calendes grecques.
Il va sans dire que le chef de l’Etat ivoirien avait voulu utiliser son carnet d’adresses pour faire plier le Mali.
Ainsi, le secrétaire général de l’Onu, M. Antonio Guterres et le président en exercice de la Cedeao à cette époque, M. Umaru Cissoko Embalo entrèrent en action.
Dans une interview, M. Guterres avait affirmé que les militaires ivoiriens détenus au Mali n’étaient pas des mercenaires, sans éclairer la lanterne des uns et des autres sur leur véritable statut, la nature de leur mission et à quel organisme de l’Onu ils appartenaient. Le patron de l’Onu en avait plus rajouté à la confusion, qu’il n’a apporté d’éclairages.
Ce fut ensuite, à la Cedeao, ameutée par le chef de l’Etat ivoirien, de jouer sa partition. Le président en exercice de cet organisme fit des déclarations maladroites, qui provoquèrent l’ire des autorités maliennes.
Dans une magistrale intervention à la tribune de l’Onu, le Mali par la voix du colonel Abdoulaye Maïga, avait souligné que la question de la souveraineté du Mali n’est pas négociable. Ce pays avait fait l’objet de plusieurs mois de sanctions, sans que cela n’altère sa détermination à donner une orientation nouvelle à ses relations avec l’extérieur, orientation fondée sur le respect de sa souveraineté.
L’instrumentalisation de l’Onu et de la Cedeao pour faire plier le gouvernement malien, ayant été un flop, l’on était revenu sur terre, pour accorder à nouveau la confiance à la diplomatie togolaise, qu’on n’aurait pas dû laisser au bord de la route, à l’effet de clore ce malheureux chapitre de l’histoire des relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire.
Ce fut chose faite, et des leçons peuvent en être tirées.
On retiendra que désormais, les choses ne sont plus ce qu’elles étaient. Les schémas et les paradigmes qui ont présidé aux relations entre nations, sont progressivement en train d’évoluer et de changer. Ne pas intérioriser ce fait, conduit à des incompréhensions et à des malentendus.
Nombreux sont les pays qui aujourd’hui, ne sont plus prompts à obéir aux injonctions des organisations internationales, dès lors que ces pays ont la conviction d’être dans leurs bons droits et que toute autre attitude viendrait à violer leur souveraineté.
Nombreux sont encore ces pays qui ne font plus confiance à ces organisations internationales, dont la feuille de route et les actions ne sont pas neutres.
On pourra tout reprocher aux dirigeants maliens, mais on leur reconnaîtra leur constance et le souci permanent de la défense de leur souveraineté, de leurs choix stratégiques, et surtout le souci de ne pas travailler sous la « dictée » de qui que ce soit.
A contrario, de nombreux dirigeants africains, sont encore scotchés au vieux schéma, celui d’être des bras séculiers des puissances occidentales pour faire les sales besognes à leur place. Et les organisations internationales et sous régionales, ne sont que les chevaux de Troie qui leur permettent d’arriver à leurs fins.
C’est le lieu de féliciter le Togo, qui bien qu’à un moment donné avait été snobé par des acteurs, qui lui avaient préféré les organisations internationales, a réussi à mener sa médiation jusqu’à terme, après que la raison avait fini par gagner tout le monde.
On retiendra de tout ceci, que tous les pays, quel que soit leur niveau de développement, méritent respect et considération.
Pour la résolution d’une crise comme celle sus-évoquée, il revient aux parties de s’asseoir, de discuter et de faire les concessions nécessaires pour une issue qui satisfasse les deux parties, dans le respect mutuel.
Monter sur ses grands chevaux pour vouloir en imposer aux autres, relève désormais de l’histoire ancienne. Ne pas le savoir et ne pas en tenir compte, peut réserver de grandes surprises.
Ainsi va l’Afrique.
Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.