L’ambassadeur du Mali en Algérie et celui de l’Algérie à Bamako sont toujours en consultations dans leurs pays respectifs. La crise diplomatique entre les deux pays a été déclenchée après le tapis rouge déroulé par Alger à l’imam Mahmoud Dicko et aux groupes armés du Nord, défaits le 14 novembre à Kidal par l’armée malienne et le groupe paramilitaire Wagner. Leur séjour à Alger n’a pas débouché sur des résultats concrets. L’imam Mahmoud Dicko est toujours à Alger.
Accusé la semaine passée par les autorités de « trahison » et d’être « hostile à la transition » au Mali l’influent imam Mahmoud Dicko est toujours à Alger où il est venu à l’invitation de la présidence de la République. Dans une vidéo diffusée en début de semaine, il a démenti toutes les accusations de la junte contre lui.
Dans un communiqué officiel, les partisans de l’imam Mahmoud Dicko demandent aux populations de Bamako de s’apprêter à lui réserver un accueil populaire à son retour d’Alger. Le jour de son arrivée n’est pas connu.
Un homme politique malien plutôt proche du guide religieux explique : « Nous resterons discrets pour le moment. Il n’est pas question que l’imam Dicko vienne se jeter dans la gueule du loup ». On le sait, il est en froid avec la junte malienne qui n’a pas du tout apprécié le tapis rouge qui lui a été déroulé à Alger.
Dans des prises de position, des mouvements de soutien aux militaires ont même demandé son interpellation par la justice dès son retour. Une source judiciaire locale nous a cependant confié qu’une convocation éventuelle de l’imam n’est pas à l’ordre du jour. Reste le cas des délégués des groupes armés du Nord impliqués dans le processus de paix en panne. Pour le moment, certains sont en Algérie. D’autres ambitionnent de regagner le nord du Mali pour reprendre les armes.
Au Mali, les soutiens appellent au respect de l’imam
À Bamako, les soutiens réunis au sein de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko se sont exprimés et ont appelé au respect de l’imam. Youssouf Daba Diawara est le coordinateur général de la Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko (CMAS). Il estime que ce dernier peut jouer un rôle en cas de négociations avec les groupes du Nord du Mali.
« Nous, nous croyons et depuis un certain moment, nous l’avons dit. Nous pensons que ce n’est pas seulement les armes qui pourront régler le problème qui existe aujourd’hui au nord du Mali. Et nous pensons qu’il faut trouver un moyen pour dialoguer avec les groupes armés. Après la prise de Kidal, le président de la transition, le colonel Assimi Goïta même est sorti pour dire qu’il va tendre la main à tous les fils du Mali pour trouver des solutions vraiment pour ramener une paix durable au Mali. Donc, l’optique aujourd’hui choisie par l’Algérie en faisant participer l’imam à ce processus, nous nous pensons que c’est une bonne chose parce que l’imam peut beaucoup contribuer à ramener la paix au Mali. »
Y a-t-il une date de retour de l’imam Dicko à Bamako ? Craint-on une arrestation ? « Pour le moment, il n’y a pas de date fixée par rapport à ce retour. Je sais qu’il y a beaucoup de rumeurs. L’imam est un citoyen normal, ordinaire qui a été invité par un président. Donc, vouloir l’interpeller par rapport à ça, je ne pense pas que ce soit vraiment opportun aujourd’hui. Et nous pensons et nous espérons qu’on ne va pas arriver jusqu’à ce point. »