Organisée conjointement par Cio Mag et le Conseil Exécutif des Transports Urbains de Dakar (CETUD), les 16 et 17 novembre à Dakar, la 11eédition du Digital African Tour a rassemblé de nombreux experts issus de divers horizons. Tous unanimement convaincus par l’impératif de repenser la mobilité urbaine, les acteurs réunis ont renouvelé leur engagement en faveur d’un écosystème inclusif, vertueux et décarboné. Pendant deux jours d’échanges intenses, Dakar a été le théâtre de débats fructueux et de propositions innovantes qui ont placés la mobilité urbaine durable au cœur du développement socio-économique de l’Afrique afin de façonner un avenir durable et prospère pour les villes africaines, indique un communiqué lu par la rédaction de DirectActu.
Avec une population africaine atteignant près d’1,4 milliard d’habitants en 2023 et estimée à 2,5 milliards à l’horizon 2050, le continent connaît une croissance démographique soutenue, qui s’accompagne conjointement d’une urbanisation considérée comme la plus rapide au monde. Le nombre de villes en Afrique
a doublé, passant de 3 300 en 1990 à plus de 7 600 aujourd’hui, transformant des villes comme Kinshasa ou
Lagos en de véritables mégapoles approchant ou dépassant les 20 millions d’habitants.
De 27 millions d’habitants au milieu du XXe siècle à près de 600 millions actuellement, l’Afrique urbaine a
connu un essor significatif. Aujourd’hui, un Africain sur deux vit en ville. Les prévisions d’ONU-Habitat indiquent que plus d’1,5 milliard d’Africains devraient résider dans les zones urbaines d’ici 2050. Ces
projections présentent légitimement des opportunités économiques majeures, mais imposent dans le même
temps des réponses stratégiques notamment en termes de mobilité qui, pour être adaptées, se doivent d’être
pensées durablement.
Mohamadou DIALLO, Fondateur du Digital African Tour et de Cio Mag, média panafricain spécialisé dans
les nouvelles technologies, souligne l’importance centrale de cette transition : “L’Afrique est au cœur d’une
transformation majeure et nous sommes aujourd’hui à un tournant décisif. La mobilité urbaine est une pierre
angulaire de ce changement.”, a-t-il affirmé. “Le Digital African Tour 2023 vient ainsi illustrer notre engagement
inébranlable envers l’avenir de l’Afrique et plus précisément envers une mobilité urbaine durable, unique moteur d’une croissance souhaitable et soutenable.”, a-t-il poursuivi.
Remerciant Cio Mag pour la tenue de cet événement dans la capitale sénégalaise,le Dr. Thierno Birahim AW,
Directeur général du Conseil Exécutif des Transports Urbains Durables (CETUD), a souligné que “Avec le
PSE et conformément à ses engagements internationaux pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, le Sénégal mène des efforts importants pour une mobilité verte, inclusive, intelligente et résiliente aux
changements climatiques.
Dakar incarne particulièrement les enjeux d’une ville en pleine expansion et
confrontée aux nombreux défis que posent sondéveloppement.”Le coorganisateur de l’événement a ensuite
affirmé : “En 1970, Dakar comptait 400 000 habitants, aujourd’hui, notre capitale compte4millions de Dakarois
et devrait atteindre 7 millions en 2040. La motorisation va doubler à cet horizon alors que le réseau routier atteint déjà ses limites de capacité. C’est pourquoi, nous devons dès maintenant jeter les bases solides d’une transition vers la mobilité collective et respectueuse de l’environnement, en mobilisant tout le potentiel que nous offre le numérique, pour réduire le coût élevé des externalités négatives liées aux transports routiers.”
Dr. Thierno Birahim AW, Directeur général du Conseil Exécutif des Transports Urbains Durables (CETUD)
Le choix de la capitale sénégalaise pour la tenue de cet événement n’est donc pas anodin. Outre sa position
stratégique en Afrique, Dakar compte également des réalisations notables en faveur d’une meilleure mobilité
durable, avec des exemples significatifs que sont le TER et le BRT (Bus Rapid Transit). Lors de la deuxième
journée de l’événement, les participants ont ainsi eu l’opportunité de visiter la station pilote du BRT. Prévu
pour être opérationnel début 2024, ce système comprendra une voie réservée de 18 km et 23 stations le long
du corridor. Son objectif consiste à résoudre les problèmes de congestion routière tout en répondant au
besoin de décarbonisation, grâce à l’utilisation de bus électriques, de stations solaires entièrement
autonomes et d’un système d’usagers entièrement digitalisé.
S’exprimant lors de la table-ronde intitulée “À l’heure de l’urgence climatique, quelle transition pour une
mobilité urbaine durable ?”,Adnane BEN HALIMA, Vice-Président en charge des relations publiques de
Huawei Northern Africa, a ainsi affirmé :“Transversale, la mobilité recouvre des enjeux sociaux, économiques
et environnementaux intimement liés et nous sommes convaincus que le numérique doit jouer un rôle central en tant que facteur de création de richesses. L’usage des nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle permettra d’analyser des données complexes et ainsi de prendre des décisions adaptées. Cependant, le monde numérique ne pourra pleinement exister sans le déploiement d’infrastructures numériques durables et de qualité.”.
Un constat que partage également le fondateur du Digital African Tour, pour qui le numérique“apporte des
solutions considérables dans divers secteurs tels que l’éducation, la santé, mais aussi en matière de mobilité,
pour améliorer les déplacements et optimiser les systèmes.”
Tandis que la digitalisation promet d’améliorer la mobilité, la question des financements est tout aussi
cruciale. Comme le soulignait à juste titre Amadou Hott, Envoyé spécial pour l’Alliance pour
l’Infrastructure verte en Afrique à la Banque africaine de développement (BAD), il est essentiel
“d’encourager l’investissement privé dans le domaine du transport, notamment durable, un secteur souffrant
d’un déficit financier de plus de 100 milliards de dollars. L’établissement de cadres réglementaires favorisant la naissance de partenariats publics privés est donc une nécessité pour répondre à ce besoin critique.”
L’innovation joue également un rôle crucial dans le secteur de la MobiliTech et doit être activement soutenue
et encouragée.
A cette fin, lors du Digital African Tour, quatrestart-ups ont eu l’opportunité de présenter leurs
solutions novatrices: TukkiJamm, une plateforme de covoiturage pour résoudre les problématiques de
transport au Sénégal; YAWA Impact Solutions, qui propose une solution de Mobility As A Service (MaaS);
Proxy Emobility, dont l’objectif est de faciliter l’accès à des véhicules électriques plus abordable; et Yeebus,
une application présentée comme le «Yango des transports en commun» permettant une visualisation des
bus, arrêts et routes en temps réel.
Pour clore l’événement, des recommandations ont été formulées sur 12 thématiques, visant à structurer une
mobilité urbaine à la fois inclusive et durable. Ces recommandations se déclinent sur les différentes
dimensions nécessaires pour imaginer des solutions innovantes à même de répondre aux défis de
l’urbanisation du continent.
Abordant des domaines tels que la planification, l’innovation, les investissements
et le financement, la digitalisation, la gouvernance, les modes de transport, les villes et la mobilité, le cadre
réglementaire, les méthodes de travail, la formation, l’inclusion, ces recommandations se concluent sur la
nécessité de formaliser concrètement l’écosystème des acteurs de la mobilités urbain en Afrique. Pour
adresser cette thématique, il a été annoncé le lancement d’un think tank dédié à la mobilité durable.
Plateforme de réflexions et d’échanges sur les enjeux liés à la mobilité durable, cette initiative, qui réunit.