Le rapport souligne que le continent peut miser sur ses abondantes réserves de minerais nécessaires à la transition énergétique pour favoriser l’émergence d’une industrie locale capable de générer des millions d’emplois.
Les énergies renouvelables ont jusqu’ici généré 320 000 emplois en Afrique, c’est 2,34% de l’ensemble des emplois recensés dans le secteur à l’échelle mondiale, selon un rapport publié le 28 septembre par l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) en collaboration avec l’Organisation internationale du travail (OIT).
Intitulé « Renewable Energy and Jobs : Annual Review 2023 », le rapport précise que près de 22% des emplois créés dans le secteur des énergies renouvelables sur le continent sont concentrés dans un seul pays, en l’occurrence l’Afrique du Sud.
Ce nombre relativement limité d’emplois dans le secteur des énergies renouvelables en Afrique s’explique essentiellement par la faiblesse des capacités installées sur le continent (environ 1 % des capacités solaires photovoltaïques et éoliennes mondiales).
Le rapport indique cependant que la marge de progression en matière de déploiement des énergies renouvelables et des emplois qui y sont liés reste énorme, au regard des abondantes ressources du continent, notamment dans le solaire et l’éolien.
Mais si les pays africains souhaitent vraiment faire des énergies renouvelables un levier pour la création de plusieurs millions d’emplois, ils doivent surtout miser sur la partie manufacture. En Chine, par exemple, la majeure partie des emplois que génère le secteur est directement liée à fabrication d’équipements comme les panneaux solaires, les éoliennes et les électrolyseurs ainsi qu’à l’ingénierie et les services qui y sont associés.
En janvier 2023, plusieurs ONG, dont Sustainable Energy for All (SEforALL), l’African Climate Foundation, Bloomberg Philanthropies et ClimateWorks Foundation, ont d’ailleurs lancé conjointement « l’Initiative pour une industrie des énergie renouvelables en Afrique » (Africa Renewable Energy Manufacturing Initiative/AREMI), afin d’accroître les capacités de production d’équipements aux énergies renouvelables sur le continent et de créer des emplois substantiels. Pour que cette initiative puisse porter ses fruits, des efforts soutenus devront être déployés en matière de formation d’ingénieurs et de techniciens spécialisés. Des nouvelles mesures devraient aussi être prises pour favoriser l’implantation des entreprises étrangères sur le continent et incuber les projets industriels africains.
Profiter des minerais critiques pour développer une industrie locale
L’IRENA indique d’autre part que les pays africains devraient profiter de la richesse de leur sous-sol en minerais critiques nécessaires à la production de panneaux solaires, d’éoliennes et d’autres technologies de transition énergétique telles que les batteries électriques pour favoriser l’émergence d’une industrie locale capable de créer des emplois, et conserver une plus grande part de la valeur ajoutée, au lieu d’être cantonnés à un rôle de simples fournisseurs de matières premières.
Dans ce cadre, plusieurs pays du continent ont déjà commencé à prendre des mesures pour tenter d’exercer un plus grand contrôle sur les minerais essentiels à la transition énergétique. Ainsi, le Zimbabwe a interdit en décembre 2022 les exportations de lithium brut en vue de développer une industrie locale de batteries électriques. De même, la République démocratique du Congo a adopté des restrictions à l’exportation des minerais utilisés dans les batteries lithium-ion.
De son côté, la Namibie a décidé en juin dernier d’interdire les exportations de minerai de lithium et d’autres métaux critiques comme le graphite, le cobalt, le manganèse, n’ayant pas été transformé localement.
Cette tendance est souvent encouragée par de grandes puissances économiques mondiales comme les Etats-Unis et l’Union européenne. D’autant plus qu’elle va de pair avec leur volonté de réduire la mainmise de la Chine sur les minerais critiques.
Dans le monde
Le rapport révèle par ailleurs que le nombre d’emplois dans le secteur des énergies renouvelables au niveau mondial est passé de 7,3 millions en 2012 à 13,7 millions en 2022.
Près de 4,9 millions d’emplois dans le monde sont concentrés dans le solaire photovoltaïque, la filière renouvelable connaissant la plus forte croissance.
Les autres filières renouvelables comptant le plus d’employés sont, dans l’ordre, les biocarburants (2,5 millions), l’hydroélectricité (2,5 millions), l’éolien (1,4 million), la biomasse solide (779 000), le solaire thermique (712 000), le biogaz (309 000), les pompes à chaleur (241 000) et la géothermie (152 000).
La plupart des emplois générés par les énergies renouvelables restent cependant concentrés dans un nombre réduit de pays, et tout particulièrement en Chine, qui représente 41 % du total mondial. Les autres pays comptant un nombre important d’emplois sont le Brésil, les États membres de l’Union européenne (UE), l’Inde et les États-Unis.