À pas de charge, le Président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Amadou Mame Diop, multiplie les audiences et entrevues (avec l’Angola, l’Iran, l’Indonésie) à la 147ème Assemblée de l’Union interparlementaire (Uip) qui se tient à Luanda. Il a prononcé une allocution sur le thème axé sur : « L’action parlementaire pour la paix, la justice et les institutions efficaces ».
LE SOLEIL
LUANDA – « Est venu le temps de l’action, dans un élan partagé, pour un dialogue constructif et inclusif conformément aux nobles idéaux interparlementaires au service du multilatéralisme », a plaidé, hier, le Président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Amadou Mame Diop, lors du débat général portant sur : « L’action parlementaire pour la paix, la justice et les institutions efficaces ». Il a exhorté ses collègues, du haut de la tribune de la 147ème Assemblée de l’Union interparlementaire (Uip) qui se tient depuis lundi à Luanda, à « toujours avoir à l’esprit que le multilatéralisme n’est pas juste une technique diplomatique parmi tant d’autres pour répondre à ces enjeux ». Pour lui, il « façonne un ordre mondial, une manière bien particulière d’organiser les relations internationales, partant interparlementaires, qui s’appuie sur la coopération multiforme, l’État de droit, la justice, l’action collective et des principes communs ». Prenant le pari d’engager l’Uip dans une dynamique où, nourrie à la sève de l’universalité, de solidarité, de liberté et de paix, elle a l’obligation « d’agir ».
À la tête de la délégation sénégalaise, il a appelé à ne pas « opposer des civilisations et les valeurs les unes aux autres », mais plutôt à « bâtir un multilatéralisme plus solidaire, dans le respect de nos différences et de nos valeurs communes inscrites dans l’article premier de nos statuts ». « Le Sénégal, en ce qui le concerne, réaffirme, ici et maintenant, par ma voix, son engagement résolu à toujours œuvrer avec vous pour la réalisation de ces louables objectifs qui fédèrent notre famille interparlementaire au service d’un monde ouvert à tous les vents fécondants du « donner et du recevoir » pour paraphraser le Président-poète Léopold Sédar Senghor », a insisté Amadou Mame Diop.
Aussi, il a rappelé le « contexte particulier marqué par de profonds changements sur la scène internationale » corrélativement au thème. Le Président de l’Assemblée a fait remarquer que ces changements ont récemment « cédé le pas à un environnement international anxiogène » avec, a-t-il regretté, un « contexte mondial marqué par des menaces planétaires sans cesse grandissantes et affectant gravement l’atteinte des Objectifs du développement durable autour du triptyque paix–justice–gouvernance ».
« Ces convulsions internationales se mesurent à l’aune d’une rude compétition économique et commerciale provoquant des tensions exacerbées par les effets néfastes des changements climatiques et des catastrophes naturelles qu’elles provoquent. À cela s’ajoutent des conflits fratricides et des injustices économiques avec leurs lots permanents de flux de réfugiés et de mouvements migratoires qu’ils engendrent. Ces convulsions s’alimentent de batailles pour l’accès et le contrôle de l’eau devenue un enjeu stratégique et de la course à la conquête spatiale ainsi qu’aux technologies quantiques », a peint Amadou Mame Diop.
Changement de paradigme
Le Président du Parlement a regretté l’exacerbation de ces convulsions avec « des poussées des groupes intégristes et de la multiplication des actes terroristes aux quatre coins du monde, notamment au Sahel », ou encore la guerre en Ukraine avec ses ramifications multidimensionnelles et la persistance du conflit au Moyen-Orient qui menacent la paix et la sécurité internationales.
D’où la nécessité, selon lui, d’un changement de paradigme avec des « relations qui ne seront pas définies par les différences, l’instinct de forces et le réflexe de violences, se renforceront ceux qui sèment la haine plutôt que la paix, ceux qui promeuvent le conflit plutôt que cette coopération susceptible de nous amener tous à instaurer la justice et la prospérité ». Ceci fonde son « appel impérieux et urgent à la mobilisation de toute la communauté internationale pour agir ensemble dans le respect de la Charte des Nations unies ».
Le Président Amadou Mame Diop a remercié les autorités angolaises, transmettant à João Lourenço, Président de la République d’Angola, les salutations fraternelles de son frère et ami, Macky Sall, Président de la République du Sénégal.
Amadou Mame Diop reçu par son homologue angolais
Le président de l’Assemblée nationale du Sénégal, Amadou Mame Diop, a été reçu, hier, par son homologue, Mme Carolina Cerqueira, Présidente de l’Assemblée nationale d’Angola. Il a indiqué que cette rencontre, en marge de la 147e Assemblée de l’Union interparlementaire (UIP) qu’accueille le Parlement angolais, est une occasion de « magnifier l’excellence des relations bilatérales entre l’Angola et le Sénégal ». Il a mis en exergue les « bonnes relations personnelles et amicales » entre les deux Chefs d’État João Lourenço et Macky Sall et qui marquent une « nouvelle ère dans les relations bilatérales ». Ce qui s’est traduit par un « raffermissement des liens diplomatiques et de coopération entre les deux pays ». Il a rappelé au Président angolais la visite historique que le Président sénégalais avait effectuée dans son pays en mai 2022. Cette visite avait encore renforcé la « coopération diplomatique » et avait marqué le point de départ de l’ouverture réciproque d’ambassades entre les deux pays. Mais aussi la négociation et la signature de nombreux accords, ces deux dernières années. Le Président Amadou Mame Diop a révélé que d’« autres projets d’accords sont dans le circuit de négociation par la voie diplomatique ».
Le Président Diop s’est longuement réjoui de cette volonté politique qui a fait aboutir « en moins de trois ans, plus de progrès qu’en 40 ans d’existence en termes de renforcement de leur coopération bilatérale même si beaucoup reste à faire pour rattraper le temps perdu ». Il a proposé, à son homologue, l’institution de groupes d’amitié parlementaire pour renforcer la coopération entre les deux parlements.