Beaucoup de jeunes et des pères de famille gagnent leur vie grâce à la vente du foin, qui est un fourrage constitué de végétaux fauchés, séchés et conservés pour l’alimentation des animaux herbivores. En cette période où la fane d’arachide est introuvable, le foin a la cote.
La vente du foin, une activité qui n’est pas très connue des citadins mais qui fait vivre des milliers de familles. Beaucoup de jeunes et moins jeunes évoluent dans cette activité. Des jeunes aventuriers soucieux de leur avenir bravent tous les mystères pour trouver le foin humide dans la nature avant de l’acheminer à Dakar pour le vendre et gagner de l’argent. Il y a deux types de foins, différents par leur qualité : l’un en provenance de Keur Ndiaye Lô, Campama, Diass, Pout et l’autre de la forêt de Diamniadio.
Le foin est un fourrage constitué de végétaux fauchés, séchés et conservés pour l’alimentation des animaux herbivores dans certaines périodes, notamment, en cas de mauvaise saison ou de période de sécheresse, lors desquelles le pâturage n’est pas disponible.
Dans la capitale, les éleveurs dakarois utilisent, à tout moment, le foin pour nourrir leurs moutons. Diahé Ba, un jeune transporteur de foin, confie qu’il se lève tôt le matin pour aller à la recherche du foin dans les champs. « Je me lève tous les jours à 3 heures du matin pour aller à la recherche du foin dans la forêt de Diamniadio. Une fois à Dakar, je le vends aux détaillants à 1400f CFA le sac », informe le jeune homme de 25 ans trouvé au Daral foirail en train de décharger son camion rempli de foin.
Pour acheminer le produit à Dakar, dit-il, « nous payons 250f CFA par sac aux charretiers pour qu’ils nous le transportent jusqu’à la route nationale. Et nous payons aussi 250f CFA par sac aux propriétaires des camions ». Le jeune originaire du Saloum dit pratiquer ce métier qui n’est pas du tout aisé, depuis plus de deux ans, pour vivre et faire vivre dignement sa famille. Pour avoir l’accès aux herbes, Diahié Ba informe qu’il donne une certaine somme d’argent aux agents de la mairie qui gardent les champs. À la différence des autres régions, le foin est vendu 12mois/12 à Dakar.
« Je vends le foin pendant les 12 mois de l’année. Durant la saison sèche, je vends le foin sec qui provient du Walo. Les transporteurs me vendent le foin en gros et je le revends en détail. Mais, il n’y a pas une quantité inférieure à un sac. Je vends le sac à 2000 ou 2500 CFA », souligne un revendeur de foin qui évolue dans cette activité depuis 40 ans, Modou Diouf.
Selon l’originaire de la région de Fatick, tous les bétails mangent le foin sans exception, car il est naturel sans produits chimiques donc sans effets secondaires sur la santé des animaux. Cependant, certains clients préfèrent le foin sec et d’autres celui humide. Une activité rentable, car, Modou Diouf soutient qu’il peut vendre 30, 40 voire 50 sacs de foins par jour.
Des difficultés liées à l’acquisition du foin
Les transporteurs du foin rencontrent beaucoup de difficultés liées à l’acquisition et à la conservation de leur produit. « Nous rencontrons beaucoup de difficultés. Parfois, on amène le foin jusqu’ici et les revendeurs nous disent qu’ils ne vont pas le prendre, car il n’y a pas beaucoup de bœufs dans le Daral foirail et qu’ils vont perdre. On est alors obligé de le déposer ici par terre. Or, dans ce cas, il se détériore. Nous restons aussi des heures à attendre des camions en partance pour Dakar, pour pouvoir acheminer le produit dans la capitale », renseigne Diahié Ba. « Avec l’hivernage et l’état du Daral, la majeure partie de notre produit se dégrade. La pluie change la nature et la qualité du foin. Dans ces cas, les clients l’achètent plus. Le soleil aussi détruit le foin. Regarde, tout ce que tu vois par terre est détruit par le soleil et la pluie. Personne ne va l’acheter et ce sera une grosse perte, sauf s’il y a un manque de foin sur le marché », renseigne-t-il.
En effet, Modou Diouf renseigne qu’il ne peut pas vendre un produit de mauvaise qualité à ses clients, car, s’il le fait, ils ne vont plus revenir. Ils vont aller voir ailleurs. C’est pourquoi, si la qualité du foin commence à changer, il le met à l’écart.
« Je suis venu acheter un sac de foin pour mes moutons. Je ne sais même pas s’ils vont manger ou pas, je vais juste essayer, car j’ai l’habitude de leur acheter la fane d’arachide. Actuellement, presque tous les éleveurs de bétail utilisent le foin, car il n’y a pas de fane d’arachide sur le marché. Le peu qui existe coûte très cher. Le sac est vendu à 9000 voire 10 000f CFA », soutient Khalil Ndiaye.
Un élève en classe de 3ème, Eli Loum, renseigne que, pendant les vacances, il quitte son village natal pour venir à Dakar chez son oncle maternel évoluant dans la vente du foin. « Depuis quatre ans, chaque grande vacance, je viens ici à Dakar pour travailler et acheter mes fournitures scolaires et aider mes parents. Je travaille avec mon oncle maternel et je rends grâce au bon Dieu. Chaque jour, je gagne 8 000f CFA ou plus. Quand mon oncle vend le foin, c’est moi qui le découpe et le met dans le sac et je discute le prix avec l’acheteur. Je travaille tous les jours, sauf dimanche. J’ai déjà acheté tout mon matériel scolaire’’, confie l’élève.