Jusqu’ici, la Cedeao n’a jamais eu recours à une force militaire pour rétablir un Président déchu par des putschistes, alors que son protocole additionnel le prévoit très clairement. Evidemment, une intervention militaire au Niger serait légale, mais la Cedeao n’a jamais voulu activer ce mécanisme.
A Niamey, les putschistes déroulent leur agenda en procédant à la nomination d’un gouvernement. Malgré la pression de la Cedeao qui semble être déterminée à déployer sa force miliaire pour rétablir le Président Bazoum dans ses fonctions.
Après un couac technique, la deuxième réunion des chefs d’Etat-major des Armées de la Cedeao devrait se tenir cette semaine pour approfondir le schéma d’intervention à Niamey. Selon le Protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité, elle est déployée en cas d’agression ou de conflit armé intervenu dans un Etat membre, ou de menace d’un tel conflit, ou en cas de conflit entre deux ou plusieurs Etats membres, en cas de conflit interne qui menace de déclencher un désastre humanitaire, constitue une menace grave à la paix et à la sécurité dans la sous-région, en cas de violations graves et massives des droits de l’Homme ou de remise en cause de l’Etat de Droit.
Last but not least : la force de la Cedeao est aussi déployée en cas de renversement ou de tentative de renversement d’un gouvernement démocratiquement élu.
Une éventuelle intervention au Niger interviendrait en application au chapitre V du Protocole relatif au mécanisme de prévention, de gestion, de règlement des conflits, de maintien de la paix et de la sécurité de la Cedeao. Evidemment, c’est la première fois que cette dernière est contrainte d’activer ce mécanisme pour rétablir un pouvoir civil destitué par des militaires. Il y a eu les précédents malien, burkinabè et guinéen, mais les chefs d’Etat de la Cedeao s’étaient juste contentés de sanctions économiques. En apparence, la Cedeao veut faire du Niger un exemple pour arrêter cette profusion de coups d’Etat en Afrique de l’Ouest, jadis oasis démocratique du continent.
Mandat des Nations unies
Ancêtre de l’Ecomog, la Force en attente de la Cedeao, créée en 2004, dont les soldats sont appelés «Casques blancs», n’a jamais été activée pour chasser des putschistes et rétablir un Président élu démocratiquement. Elle a été déployée pour la première fois au Liberia en 1997 pour ramener la paix, puis en 2003, comme force d’intervention après l’éclatement d’une rébellion armée.
Elle a été envoyée en Guinée-Bissau, en Côte d’Ivoire, en Sierra-Leone… Puis au Mali en 2013 pour faire face à la poussée djihadiste. Avant qu’elle ne soit absorbée par la Minusma. Ses hommes sont toujours présents en Gambie depuis 2017 pour garder le pouvoir de Adama Barrow, qui doit composer avec une Armée gambienne qui n’a pas à se «déjammehiser».
En tout cas, les présidents des Etats encore dirigés par des civils semblent être déterminés à envoyer des troupes à Niamey, en attendant l’onction du Conseil de sécurité des Nations unies. En 2017, il a fallu un mandat de l’Onu pour permettre aux soldats ouest-africains de pénétrer dans le territoire gambien. Mais, la voie diplomatique avait prévalu. Est-ce que ce sera le cas au Niger ?