La rumeur d’une possible intervention armée de la CEDEAO contre les putschistes nigériens circule, ce qui serait une grande première pour ce genre de situation. La recrudescence des coups d’État militaires en Afrique occidentale (Mali, Guinée et Burkina récemment) pourrait motiver une décision en ce sens.
Le colonel Amadou Abdramane, porte-parole du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie, la junte militaire qui vient d’opérer un coup d’Etat au Niger, a lancé à la télévision nationale une mise en garde à l’encontre de la CEDEAO qu’elle accuse de planifier une action militaire contre le pays lors de son sommet extraordinaire qui doit se tenir ce dimanche 30 juillet.
« L’objectif de la réunion de la CEDEAO est d’approuver un plan d’agression contre le Niger par une intervention militaire imminente à Niamey en collaboration avec d’autres pays africains non membres et certains pays occidentaux. […] Nous voulons rappeler une fois de plus à la CEDEAO ou à tout autre aventurier, notre ferme détermination à défendre notre patrie », a-t-il déclaré.
Depuis 2 jours grandit en effet la rumeur d’une action militaire. Le président nigérian Bola Tinubu, qui parle de « tout faire pour défendre la démocratie et son enracinement dans la sous-région ouest-africaine », avait affirmé au début de son mandat à la tête de l’institution qu’il n’accepterait aucun coup d’État. La présence du Tchad (une force militaire prédominante dans la sous-région), ainsi que de 2 autres pays non-membres au sommet d’aujourd’hui, est de nature à interroger.
Ce qu’on sait, c’est que les discussions porteront sur les mesures à prendre à l’encontre des putschistes et du pays en général, à titre de réaction à une situation que l’organisation condamne et juge inacceptable, de concert avec plusieurs États de la communauté internationale, notamment les USA et la France. On évoque, comme ce fut le cas pour le Mali et la Guinée précédemment, des sanctions économiques (suspension, isolement du marché financier régional, gel des avoirs, etc.) et logistiques (fermeture des frontières, embargo, etc.).
La nouvelle junte nigérienne semble fébrile par rapport à la réaction des organisations africaines et internationales. Dès les premières heures du putsch, elle avait déjà rejeté toute ingérence étrangère, faisant avorter la tentative de médiation du président Béninois Patrice Talon, fermant les frontières terrestres et aériennes, et prévenant contre toute « attitude belliqueuse, dangereuse et périlleuse qui n’aura d’autre résultat que le massacre de la population nigérienne et le chaos ».
Quant au président Mohamed Bazoum, il est toujours détenu par les putschistes et n’a toujours pas présenté de démission officielle.