Presque tous les postes et centres de santé disposent d’un stock de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (Milda). Cependant, son acquisition pose problème. Dans certaines structures sanitaires, il faut passer par la consultation d’un infirmier pour pouvoir en disposer. Un processus qui décourage les gens qui préfèrent aller dans les officines pour s’en procurer à des prix excessifs.
L’hivernage s’annonce à Dakar. Dans certaines régions du Sénégal, elle s’est déjà installée. Les moustiques se font nombreux en cette période de canicule empêchant beaucoup de personnes de trouver le sommeil. La nuit devient longue pour des populations des zones endémiques ou encore des sites qui connaissent périodiquement des inondations ou des dépotoirs d’eau. Pis, les antiseptiques demeurent impuissants sous l’envahissement des moustiques. La seule solution qui s’offre aux populations reste l’acquisition d’une moustiquaire imprégnée. Seulement, certaines structures de santé dans le secteur public ne rendent pas facile la tâche aux usagers pour en disposer. Si certains établissements sanitaires offrent la vente de moustiquaires à partir des pharmacies de l’initiative de Bamako (Ib) à partir de 500 fcfa, pour d’autres il faut passer par l’infirmier pour disposer d’une ordonnance et le présenter à l’agent de la pharmacie pour l’acquisition. Et c’est le cas du centre de santé des Hlm situé vers la corniche de ce même quartier. Une situation qui décourage bon nombre de clients. Un tour dans cette structure nous a permis de vivre cet épisode et de partager les plaintes de certains visiteurs. Aissatou Mbaye, venue au centre de santé pour acheter une moustiquaire n’a pas pu le faire ce jour-là, pour défaut d’ordonnance. L’infirmier étant absent, il fallait revenir le lendemain ou l’attendre. Une situation qu’elle a déplorée. « Acheter aussi une moustiquaire imprégnée, que vient faire une ordonnance là-dessus ? » s’interroge-t-elle. Et de poursuivre : « j’ai envoyé mon fils la semaine dernière pour venir m’en acheter. Il est rentré sans rien et m’a parlé d’ordonnance pour pouvoir en disposer. Je ne lui ai pas cru. Je suis passée et voilà qu’on me sert le même refrain. Il s’y ajoute que l’infirmier n’est pas sur place. Ce n’est pas une bonne stratégie. Les gens doivent pouvoir passer, acheter et partir sans contrainte car on n’est pas ici pour une consultation où on doit attendre son tour pour voir le prestataire ». Saliou Sarr en a aussi fait les frais. « Les pharmacies dans les structures du public fonctionnent 24h sur 24h. Mais ce qui est dommage, le soir ou la nuit, quand vous passez pour acheter de la moustiquaire, le prestataire te dit qu’elle en a mais l’infirmier qui doit faire l’ordonnance a fini sa journée de travail. Donc il faut revenir le lendemain alors que tu as besoin de ça pour dormir ». Le seul fait de disposer d’une ordonnance, même si on ne paie pas la consultation, pour acheter des Milda contribue sans nul doute à faire augmenter les cas de paludisme dans le quartier au moment où le Sénégal parle d’éradication du paludisme dans plusieurs régions du Sénégal. Dakar reste toujours une zone inquiétante ou on enregistre des cas de paludisme toute l’année.
Les Milda absents des officines privées
Depuis deux ans, les Milda vendues au prix de mille francs dans les officines privées, ont disparu de leurs rayons. La vente leur est retirée et seules celles importées figurent en officine et vendues à des prix exorbitants allant de 5000 F Cfa à 8 mille et même dix mille F Cfa avec une qualité qui reste à désirer. En cette période pré-hivernale, le plaidoyer est orienté vers le retour des Milda en officine privée. « Les pharmacies sont proches des populations et la vente se fait sans contrainte. On gagne en temps et on a le même produit que dans le public » a fait savoir Saliou Sarr. Et de poursuivre : « même avec la cherté des moustiquaires dans les officines privées, les gens les préfèrent à celles des établissements privés. Ils aiment se rendre en toute tranquillité en pharmacie, se procurer les moustiquaires et rentrer que d’aller faire la queue dans le public.
La distribution de Milda à grand échelle s’éclipse
Face à la non-distribution des Milda gratuitement à grande échelle dans tout le pays, la vente dans les pharmacies publiques se fait timidement. Une grande quantité de stock est toujours disponible dans plusieurs structures du pays. Selon des prestataires, c’est seulement en période hivernale et pendant les fortes canicules qu’ils reçoivent beaucoup de demandes. Mais sinon, ce sont les femmes enceintes qui sont les plus régulières. « Les gens ne viennent à l’hôpital que quand ils sont malades mais rarement pour acheter des moustiquaires. Sinon c’est pendant les consultations en cas de paludisme ou encore de forte fièvre qu’une prescription de Milda leur est faite et ils viennent en pharmacie pour en acheter », a renseigné une vendeuse de pharmacie Ib. Au moment où le Sénégal tend vers l’éradication du paludisme, plusieurs stratégies de lutte contre cette maladie ont connu un recul ou sont en voie de disparition dont la distribution de Milda à grande échelle, les campagnes nationales de saupoudrage en pré-hivernale, la sensibilisation d’émissions sponsorisées pour amener le Sénégalais à adhérer aux stratégies de lutte. Aujourd’hui, pour justifier ces absences d’actions, le problème de moyens est évoqué. Un argument qui ne tient pas totalement la route.