Lors de sa réunion, la BCEAO a annoncé une prévision à la baisse de l’inflation dans l’UEMOA. Malgré cette perspective encourageante, les prix et les taux d’intérêt restent élevés, ce qui limite l’impact sur le pouvoir d’achat des ménages. Une reprise solide nécessitera des mesures supplémentaires.
À l’issue de la réunion de son comité de politique monétaire qui s’est tenue mercredi 7 juin, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) s’est montrée rassurante en indiquant que l’inflation (hausse durable des prix dans une économie) continuera de ralentir pour se situer dans la fourchette recommandée de 1% à 3%.
« Dans les périodes à venir, l’inflation devrait continuer à baisser pour revenir en dessous de 3,0%, conformément à l’objectif visé par la Banque centrale », peut-on lire dans le communiqué de la BCEAO. Cette prévision est soutenue par au moins une évidence. Entre septembre 2022 et avril 2023, le taux de progression des prix au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) est passé de 8,4% à 4,6%, selon les indicateurs de l’institution.
Pour les acteurs économiques et les consommateurs des huit pays membres de l’UEMOA, cette évolution des choses ne risque pas de modifier de façon immédiate la pression sur leur capacité de consommation. Des taux d’inflation moyens de 8% au cours des 10 premiers mois de l’année ont entraîné une hausse des prix de plusieurs biens, notamment alimentaires, à des niveaux historiquement élevés, et le ralentissement de l’inflation ne signifie pas que ces prix vont désormais baisser, mais simplement qu’ils augmenteront moins rapidement.
Afin de lutter contre la hausse des prix, la BCEAO avait décidé d’augmenter ses taux directeurs, rendant ainsi l’accès au financement à long et moyen termes plus difficile. Pour continuer à répondre aux demandes de leurs clients, le secteur bancaire a puisé dans ses réserves disponibles, les ramenant à 1 343 milliards FCFA à fin avril 2023, contre un excédent de 2 637,7 milliards FCFA à la fin de l’année 2021.
Bien que la Banque centrale ait mis une pause sur son principal taux directeur, celui-ci étant actuellement à son niveau le plus élevé depuis 2013 (3%), les banques commerciales continueront donc de pratiquer des taux d’intérêt toujours plus élevés, ce qui devrait affecter les coûts de production globaux des biens et services.
Par ailleurs, les gouvernements se sont endettés pour soutenir la consommation, parfois en contractant des dettes. Aujourd’hui, ils s’appuient sur des emprunts à court terme pour honorer les remboursements, et sur les marchés des titres publics les taux sont en hausse, limitant ainsi les capacités d’intervenir davantage en cas de nouveaux chocs. Or, l’allocation des ressources publiques joue un rôle essentiel dans la vie des ménages.
Même si une enquête menée par la BCEAO auprès des chefs d’entreprise révèle un sentiment d’optimisme partagé, des taux d’intérêt élevés et des prix des biens et services intermédiaires, tels que l’énergie, qui atteignent des niveaux records, ne seront pas des facteurs stimulants pour une reprise vigoureuse des investissements lourds par le secteur privé, et donc pour la création d’emplois.