Acquises il y a quelques mois, et jusque-là entreposées au port de Dakar, les trois locomotives des Chemins de fer du Sénégal ont été mises sur rail et acheminées à Bel-Air, pour des opérations techniques avant leur arrivée à Thiès. Ce, en attendant la fin des travaux de réhabilitation de la voie ferrée et leur mise en service dans le cadre du transport de fret entre Dakar et Tambacounda.
C’est à un exercice lourd et délicat que s’est prêtée, mercredi passé, au port de Dakar, la Société nationale des Chemins de fer du Sénégal (Cfs). Avec un dispositif logistique adéquat, elle procédait à l’enlèvement des trois locomotives acquises il y a quelques mois et qui, jusqu’à présent, étaient entreposées dans l’enceinte portuaire. Sous la supervision de son Directeur général, Malick Ndoye, les machines motrices rachetées à près de 3 milliards de Fcfa à une entreprise privée sud-africaine, ont été, dans la foulée, mises sur rail. Direction : d’abord Bel-Air où elles subiront quelques opérations techniques. Ensuite Thiès, où elles attendront la fin des travaux de réhabilitation de la voie ferrée entre Dakar et Tambacounda pour entrer officiellement en service. Ces trois locomotives donnent un coup de jeune au parc roulant vétuste des Chemins de fer du Sénégal en permettant, avec la centaine de wagons existants, à la société de redémarrer ses activités avant de prendre sa vitesse de croisière. « Très certainement, courant 2024, il faudra penser à acheter des locomotives supplémentaires. En attendant, ces trois locomotives vont permettre de faire des rotations quotidiennes Dakar-Tamba », a soutenu M. Ndoye.
Un jalon important vers la relance du chemin de fer
Pour le patron des Cfs, la mise sur rail de ces trois locomotives est une étape cruciale dans la politique de relance du chemin de fer décidée par l’Etat. « C’est une pierre de plus sur l’édifice que le Chef de l’Etat est en train de poser pour que l’exploitation ferroviaire reprenne. Les travaux de réhabilitation de la voie ferrée ont démarré. On a beau avoir des rails, si on n’a pas de bonnes locomotives fiables pour permettre l’exploitation derrière, les rails ne serviraient à rien. Donc c’est un projet d’ensemble, avec des rails, des plateformes logistiques et des locomotives qui permettent de faire les rotations pour tirer les conteneurs du Port de Dakar à Tambacounda », a déclaré Malick Ndoye.
Au départ, il était question d’acquérir ces trois locomotives sur la base d’un contrat de leasing (location). A sa nomination à la tête des Cfs en novembre 2022, Malick Ndoye a jugé plus pertinent d’acheter ces trois machines motrices. Et pour cause : « J’ai revu les contrats parce que je me suis rendu compte que c’était beaucoup plus bénéfique pour l’Etat sénégalais d’acquérir les locomotives en lieu et place d’un contrat de location. Il y a eu donc une série de négociations qui a duré de longs mois et nous avons fini par les acheter avec un paiement échelonné ». A son avis, en achetant les locomotives qui, désormais, entrent dans le patrimoine des Chemins de fer du Sénégal, « cela permet d’envisager les choses beaucoup plus sereinement ».
En ce qui concerne la réhabilitation de la voie ferrée, l’ancien de Engie Solutions France de 2018 à 2022 en tant que Project Control Unit au Ter de Dakar/Aibd assure que l’évolution des travaux épouse parfaitement la courbe des délais fixés. Ils devraient prendre fin d’ici fin 2023. Une tâche qui n’est pas facile, les rails étant restés longtemps sans servir et forcément ils ont subi des externalités négatives. « Sur certaines portions sur plusieurs kilomètres, on avait des dunes de sable qui avaient englouti les rails. Sur d’autres portions, les rails étaient coupés, des ponts hydrauliques endommagés. Il y a même des portions où des arbres ont poussé en plein milieu des rails ou, parfois, des habitats et des magasins construits sur la voie ferrée. Nous avons tout enlevé. Les parties qui nécessitent de gros moyens de génie civil sont gérées par Eiffage. Tout cela mis bout-à-bout fait, qu’aujourd’hui, les travaux sont bien avancés et se déroulent convenablement », a assuré le jeune Dg des Cfs.