Pour aller dans les pays membres de l’espace Schengen comme la France, l’Italie, la Belgique, l’Espagne, le Portugal et autres, demander et obtenir un visa c’est d’abord la « Croix » mais décrocher un rendez-vous en ligne c’est la « Bannière » !
En matière de corruption et de trafics en tous genres, le Sénégal est sans doute le champion du monde. A tous les niveaux, et pour obtenir le moindre le moindre document, il faut graisser la patte. Mais si c’était seulement « nous dans nous », autrement dit, si cette petite corruption ne concernant que les Sénégalais que nous sommes, cela pourrait encore passer. Mais voilà que le fléau touche même la recherche de rendez-vous pour les demandes de visas Schengen permettant d’entrer et de séjourner dans l’espace de l’Union européenne ! C’est notamment valable pour les consulats de France, d’Italie, du Portugal et d’Espagne où il faut débourser entre 50.000 CFA et 200.000 cfa au profit d’intermédiaires sénégalais pour obtenir des créneaux de rendez-vous en ligne.
Pour aller dans les pays membres de l’espace Schengen comme la France, l’Italie, la Belgique, l’Espagne, le Portugal et autres, demander et obtenir un visa c’est d’abord la « Croix » mais décrocher un rendez-vous en ligne c’est la « Bannière » ! Tout d’abord, il faut rappeler que ces consulats, qui géraient à l’interne les dépôts de demandes de visas moyennant paiement du service bien sûr, ont finalement externalisé ce service qu’ils ont confié à un opérateur indien du nom de VFS. Un opérateur qui fait casquer très cher ses prestations, les milliards gagnés étant partagés avec les consuls qui lui ont confié leurs services de rendez-vous et de collecte des dossiers.
Cela donne un système opaque mais dans lequel se retrouvent financièrement et l’opérateur indien et les consulats européens, les grands perdants étant les voyageurs sénégalais obligés de payer cher pour un service de piètre qualité…marqué par la quasi impossibilité de trouver un rendez-vous, l’application ou le système étant tout le temps fermé ! Il est vrai qu’au début, les avantages de la dématérialisation des dépôts de demandes se faisaient sentir.
Parce que la digitalisation permettait de rendre le processus plus efficace et plus rapide, moins coûteux et plus agréable pour les demandeurs de visas. Seulement voilà, aujourd’hui, la dématérialisation des demandes de visas auprès des ambassades ou consulats de ces pays à Dakar par exemple a atteint ses limites jusqu’à provoquer des victimes. Et parmi ces victimes, des malades, des étudiants et des hommes d’affaires qui cherchent désespérément des créneaux de rendez-vous en ligne dont les frais de service prépayés sont officiellement fixés à 18.500 cfa (étudiants et particuliers) et 34.500 CFA (Vip). Le triste constat, c’est l’indisponibilité temporaire voire régulière de la plateforme ou de l’application « Rendez-vous ».
Une situation source de calvaire et d’angoisse pour d’innombrables étudiants tenus pourtant de déposer leurs dossiers dans des délais exigés par les écoles et universités d’accueil. Pendant ce temps, les trafiquants, les cyber-voyous, les intermédiaires et cyber-businessmen veillent et surveillent l’application « Rendez-vous » afin de la prendre en otage dès qu’elle est disponible ou accessible. Ainsi, les créneaux de rendez-vous en ligne sont monopolisés par ces intermédiaires et trafiquants moyennant des sommes oscillant entre 50.000 CFA et 200.000 CFA. A prendre ou à laisser ! A prendre pour cette mère de famille désirant aller se soigner en France. « Pour obtenir un rendez-vous rapproché, j’ai payé 150.000 CFA à un intermédiaire. Sans compter les frais de visas estimés à 50.000 CFA environ » se désole-t-elle avant de nous renvoyer chez son voyagiste impuissant face à ce trafic.
Vers la grève des voyagistes ?
Directeur d’une agence de voyage sise Dakar-Plateau, le sieur A. Nd tient d’abord à souligner que les missions de sa structure sont, entre autres, d’accueillir, de conseiller et d’assister les clients dans les prises de rendez-vous en ligne « parce que l’application des « rendez-vous » doit être accessibles à tous ! Malheureusement, tel n’est pas le cas. En effet, des gens sans scrupules se font de l’argent illégalement et illicitement sur le dos des demandeurs de visas dont la plupart sont des étudiants et des malades en situation d’urgence. D’ailleurs, tous les voyagistes se demandent quels sont les moyens dont les trafiquants disposent pour pouvoir trouver des créneaux de rendez-vous que nous n’arrivons pas, pour notre part, à trouver pas en ligne. Il faut que les ambassadeurs ou consuls de France, d’Italie, d’Espagne etc. mettent fin à ces pratiques illégales » demande notre interlocuteur.
Interrogée par « Le Témoin » quotidien, Mme Diop voyagiste compte aller plus loin : « Nous ne nous limiterons pas seulement à dénoncer de tels faits, mais on va s’organiser et faire bloc pour combattre ce trafic de rendez-vous. D’abord, on est en train de faire circuler une pétition que nous allons remettre à tous les ambassadeurs des pays européens. De même qu’au ministre des Affaires étrangères. Et si rien n’est fait pour mettre fin à ce trafic, les agences de voyage du Sénégal vont dérouler un plan d’action quitter à aller en grève ! » a fait savoir cette dame très influente au niveau du Syndicat des agences de voyages.