Il y a de cela quelques années, les abords du stade Léopold Sédar Senghor avaient été nettoyés. Ses occupants délogés pour irrégularité. Le suivi faisant défaut, ils sont revenus, replongeant les lieux dans un désordre notoire.
Il y a de cela quelques années, les abords du stade Léopold Sédar Senghor avaient été nettoyés. Ses occupants délogés pour irrégularité. Le suivi faisant défaut, ils sont revenus, replongeant les lieux dans un désordre notoire.
«Il y a urgence à mettre fin à l’encombrement urbain, à l’insalubrité, aux occupations illégales de l’espace public et aux constructions anarchiques», déclarait le président de la République, Macky Sall, au lendemain de son investiture en 2019, faisant ainsi montre de sa volonté de faire de Dakar une capitale où il fait bon vivre. C’est suite à cette ambition présidentielle que le ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique d’alors, Abdou Karim Fofana, avait enfilé ses bottes et investi le terrain. Les opérations de déguerpissement et de désencombrement/désengorgement se sont multipliées.
C’est dans ce cadre que, entre autres espaces, les abords du stade Léopold Sédar Senghor, occupés par des automobilistes, des mécaniciens et de petits commerces, des tabliers, gargotes, etc. avaient été nettoyés. Une vaste opération de désencombrement du parking et de l’emprise du stade Léopold Sédar Senghor a eu lieu, d’abord en août 2019 et ensuite en décembre 2021. La réussite de ces opérations fut de taille. Le désordre aux allures d’un bazar avait laissé place à une organisation qui n’autorisait, comme activités, que le seul apprentissage de la conduite automobile, de motos ou une partie de football et autres loisirs pratiqués par des jeunes de quartiers riverains.
Les épaves de voitures laissées par des mécaniciens, qui se réfugient derrière la recherche du gagne-pain pour investir les lieux, étaient enlevées et mises en fourrière. Aussi la gare routière de fortune érigée par les «Ndiaga Ndiaye» en partance pour Keur Massar, Keur Mbaye Fall, Rufisque, Fass Mbao, Sicap Mbao, Diamagueune, Poste Thiaroye, dans la banlieue, Thiès et d’autres destinations, s’était déplacée.
Il en était de même pour les minicars et taxis clandos qui desservaient Yoff et Ngor, via l’aéroport de Dakar. A ces moyens de transport en commun viennent s’ajouter les dizaines de bus horaires desservant différentes localités reculées des trois régions naturelles de la Casamance (Ziguinchor, Kolda et Sédhiou) délogés de garage Bignona, en face du bassin de rétention de la zone de captage, pour des raisons de travaux de réhabilitation de ce réceptacle d’eaux pluviales. Seulement, entre 2019, 2021 et 2023, seules quelques années se sont écoulées, le suivi faisant défaut, l’esplanade du stade Léopold Sédar Senghor a retrouvé ses vieilles habitudes. L’ordre et la propriété y sont un ancien souvenir.
LA HANTISE DE L’OPERATION TABASKI CHEZ LES LAVEURS DE VOITURES
En cette matinée du samedi, la chaleur qui commence petit à petit à s’installer dans la capitale sénégalaise se lit sur les visages des riverains. Ils s’activent avec ardeur à leurs différentes tâches. Ils sont d’âges différents. Gora, un jeune laveur de voiture est parmi ces derniers. Son chiffre d’affaire fait jaser. «Il y a 2 sortes de nettoyage ici : le nettoyage simple c’est-à-dire l’intérieur du véhicule n’est pas concerné et c’est à 2000 F CFA ; et l’autre, il est complet, on nettoie complètement la voiture, on entre dedans pour nettoyer tout et c’est à 10 000 F CFA cette séance pour chacune», explique-t-il.
Sachant que sa présence sur les lieux n’est pas légale, Gora se fait déjà des soucis pour la Tabaski. Les abords du stade est l’un des points de vente normalisés, autorisés de moutons de Tabaski. Pour ce faire, toutes les activités seront suspendues. «Chaque année, avant les 10 jours de la fête de Tabaski, on nous chasse d’ici. Ce sont les vendeurs de moutons qui vont l’occuper. Quand ce moment arrive, on ’est obligé de retourner au village», dit-il, résigné. Cependant, quitter les lieux de manière définitive ou une vacance beaucoup plus longue, il ne l’envisage pas. «Nous reviendrons après la fête. On n’a pas autre part où aller», indique-t-il.
A côté du lavage de voitures, d’autres activités s’illustrent. Des voitures en réparation sont éparpillées un peu partout. Mécaniciens et peintres sont à pied d’œuvre. Au milieu de ce tohu-bohu aussi, des dames s’activent dans le petit commerce. Café Touba, sachets d’eau, des plats de riz au niveau de gargotes de fortune ; tout s’offre à une clientèle qui n’en a cure de la salubrité. Et Khady Diallo, une vendeuse, ne se plaint pas. «La vente nous sourit. On achète le paquet à 800 F CFA et il contient 30 sachets d’eau de 50 F CFA. Après revente, on se retrouve avec 1500 F CFA», soit 700 F CFA de bénéfice pour chaque paquet de sachets d’eaux, se réjouit-elle. Auparavant, un taximan qui venait de se désaltérer lui a laissé quelques pièces, en guise de cadeau
A l’image de l’emprise de ce stade, plusieurs autres espaces déguerpis sont aujourd’hui réoccupés. C’est le cas à la Patte d’Oie où les ambulants règnent en maître. Pis, ici, la passerelle enjambant la route de l’aéroport de Dakar, en face de Nabil Choucair, est transformé en minimarché par ces vendeurs à la sauvette, au grand dam des piétions obligés de procéder parfois à de la gymnastique pour se frayer un passage
Même constat au rond-point de Liberté VI où ambulants, tabliers, et autres occupants illégaux déguerpis ont repris du service. Ce, malgré les risques et autres dangers pouvant venir du trafic routier danse et saturé à ce niveau mais aussi des engins et autres travaux des chantiers du Bus rapid transit (BRT) en cours. Quid de la route nationale, de Bountou Pikine à Sicap Mbao, et même au-delà, jusqu’à Rufisque, en passant par Poste Thiaroye, Diamagueune, entre autres localités ?