L’agence souligne qu’une éventuelle transformation du conflit en une guerre civile prolongée pourrait peser sur la qualité des actifs, les portefeuilles de prêts non performants et les liquidités des banques multilatérales de développement.
Le conflit au Soudan risque de peser sur les notations des banques multilatérales de développement exposées à ce pays d’Afrique de l’Est, dont la Trade and Development Bank (la Banque de commerce et de développement de l’Afrique de l’Est et australe) et la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), a estimé Moody’s Investors Service dans une note d’analyse publiée lundi 24 avril.
« Si le conflit se transforme en une guerre civile prolongée, la destruction des infrastructures sociales et physiques aura des conséquences économiques durables qui pèseront sur la qualité des actifs des banques multilatérales de développement au Soudan, tout comme sur leurs portefeuilles de prêts non performants et leurs liquidités », a souligné l’agence.
Avec un portefeuille de prêts de 931 millions de dollars au Soudan à fin décembre 2022, la Trade and Development Bank figure parmi les banques les plus exposées aux retombées négatives du conflit. 95% de cette exposition est sous la forme de facilités de financement du commerce contractées par Kharthoum pour financer les importations de produits alimentaires et de carburant.
La Société islamique pour le développement du secteur privé (SID), filiale de la Banque islamique de développement, avait une exposition au Soudan égale à 1,3 % du total de ses actifs au premier trimestre 2023.
Afreximbank était, quant à elle, exposée à hauteur de 2,4% de ses actifs à la fin 2021, même si cette exposition est atténuée par des créances adossées au coton.
La Banque islamique de développement (BID), la Banque africaine de développement (BAD) et l’Association internationale de développement (IDA) ont des expositions au Soudan inférieures à 1 % des leurs actifs, mais leur statut de créanciers privilégiés signifie que leurs prêts ne seront pas annulés même s’ils deviennent non performants.
Moody’s note par ailleurs qu’une éventuelle extension du conflit soudanais à des pays voisins « susciterait des inquiétudes plus larges quant à la qualité des actifs des banques multilatérales de développement, dont les prêts sont plus concentrés au Tchad, au Soudan du Sud, en Éthiopie et en Égypte, par exemple ».
Le Soudan est en proie depuis une douzaine de jours à un conflit sanglant entre les forces loyales au général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l’armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d’Etat de 2021, et les Forces paramilitaires de soutien rapide (FSR), dirigées par son adjoint Mohamed Hamdane Daglo.
Les combats, entamés le 15 avril, s’étendent de jour en jour au-delà de la capitale Khartoum, et concernent désormais pas moins de six des 18 États du pays.