Le Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination (Sage) de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) a mis à jour, cette semaine, les orientations relatives à la vaccination contre le Covid-19, le paludisme, la tuberculose ou la rougeole. En même temps, l’Oms révèle qu’elle est en train de définir des cibles prioritaires régionales pour la mise au point de nouveaux vaccins contre des agents pathogènes non épidémiques.
Le Groupe stratégique consultatif d’experts sur la vaccination (Sage) de l’Organisation mondiale de la santé (Oms) a révisé la feuille de route pour l’établissement des priorités concernant l’utilisation des vaccins anti-Covid 19, pour tenir compte de l’impact d’Omicron et de l’immunité élevée de la population résultant de l’infection et de la vaccination. «Mise à jour pour refléter le fait qu’une grande partie de la population est vaccinée ou a déjà contracté le Covid-19, ou les deux, la feuille de route révisée réitère l’importance de vacciner les personnes toujours exposées au risque de développer une forme sévère de la maladie, principalement les personnes âgées et celles présentant des maladies sous-jacentes, y compris avec des doses de rappel supplémentaires», a déclaré la présidente du Sage, Dr Hanna Nohynek, à la fin de leur conclave.
«Les pays doivent tenir compte de leur propre contexte dans leur décision de continuer ou non à vacciner les groupes à faible risque, comme les enfants et les adolescents en bonne santé, sans compromettre les vaccins systématiques qui sont cruciaux pour la santé et le bien-être de cette tranche d’âge», ajoute-t-elle. L’Oms rappelle que la feuille de route «révisée définit trois groupes pour la vaccination contre le Covid-19 en fonction du degré de priorité : élevé, moyen et faible». «Le degré de priorité est principalement basé sur le risque de maladie sévère et de décès, et tient compte de la performance des vaccins, du rapport coût-efficacité, des facteurs programmatiques et de l’acceptation de la vaccination par la communauté», dit-elle en rappelant que le groupe de priorité élevée comprend les personnes âgées, les jeunes adultes présentant des comorbidités importantes (p. ex. diabète et maladies cardiaques), les personnes immunodéprimées (p. ex. les personnes vivant avec le Vih et les receveurs de greffes), y compris les enfants âgés de 6 mois et plus, les femmes enceintes et les agents de santé de première ligne. «Pour le groupe de priorité élevée, le Sage recommande une dose de rappel supplémentaire 6 ou 12 mois après la dernière dose, l’intervalle entre les doses étant défini en fonction de facteurs tels que l’âge et l’état d’immunodépression de la personne», notent les responsables du Sage.
Au-delà du Covid-19, il y a aussi l’urgence sanitaire liée à la poliomyélite, notamment l’utilisation du nouveau vaccin antipoliomyélitique oral de type 2. Le Sage de le privilégier pour la réponse au poliovirus circulant de type 2 dérivé d’une souche vaccinale (Pvdvc2), dans la mesure du possible. «Il a également recommandé de réduire l’intervalle entre les vaccins à 1 semaine, au lieu des 4 semaines prévues habituellement, pour augmenter rapidement les niveaux d’immunité dans les zones difficiles à atteindre ou sujettes aux conflits», note l’Oms. Quid des zones où la circulation du poliovirus est persistante ? «Le Sage recommande que les pays complètent la riposte aux flambées épidémiques par des campagnes supplémentaires utilisant des vaccins antipoliomyélitiques inactivés (doses complètes ou fractionnées)», conseille l’Oms.
Aujourd’hui, l’Oms est aussi inquiète de l’augmentation du «nombre et de l’ampleur» des flambées épidémiques de rougeole. Cela illustre les «répercussions de l’impact considérable de la pandémie sur la vaccination systématique». «En 2021, la couverture vaccinale par la première dose de vaccin antirougeoleux était à son plus bas niveau depuis 2008, avec 25 millions d’enfants non vaccinés. L’augmentation des cas de rougeole dans toutes les régions de l’Oms en 2022 révèle les difficultés à fournir des vaccins dans les zones de conflit, la faiblesse des systèmes de santé, des priorités concurrentes et un financement insuffisant. La qualité de la surveillance s’est dégradée au niveau mondial pendant la pandémie, bien que l’on constate des signes d’amélioration dans plusieurs pays», note l’Oms.
Face à cette situation, le Sage a admis «la nécessité de revoir les politiques relatives à l’âge d’admissibilité à la vaccination antirougeoleuse afin de permettre un rattrapage vaccinal». Il est en train «d’examiner les données probantes sur la vaccination des nourrissons âgés de moins de six mois et pendant la grossesse». Qu’en est-il des nouveaux vaccins antituberculeux ? «La tuberculose est l’une des principales causes de décès et il est urgent de mettre au point un vaccin qui prévienne la maladie chez les adolescents et les adultes. Un effort substantiel pour le développement de vaccins est en cours ; plusieurs candidats sont en phase finale d’essais cliniques et plusieurs vaccins pourraient recevoir une autorisation réglementaire dans les 3 ans», assure l’Oms. Elle révèle qu’un processus a été lancé «pour déterminer systématiquement les besoins en données de recherche qui permettront de prendre des décisions en matière de politique vaccinale et d’introduction des vaccins». Dans ce contexte, le Sage «a fait des propositions pour constituer la base de données probantes concernant un vaccin candidat prometteur contre la tuberculose pour les adultes et les adolescents, le M72/AS01E».
Impact du vaccin antipaludique : Les cas en baisse
L’impact du vaccin antipaludique Rtss, qui a entraîné une réduction substantielle du paludisme grave et de la mortalité toutes causes confondues chez les enfants en âge d’être vaccinés, est réel. «La demande pour le vaccin est forte. Au moins 28 pays ont exprimé leur intérêt pour l’introduction du vaccin dont 15 ont déjà soumis une demande officielle de soutien à Gavi et plus de 15 demandes supplémentaires sont attendues dans le courant de l’année. L’offre reste très limitée. Le Sage recommande une certaine souplesse dans le calendrier de vaccination et encourage la réduction de l’intervalle minimum entre les doses 3 et 4 à 6 mois afin d’optimiser l’impact», suggère l’Oms.
Dans le même sillage, l’Oms est en train de procéder à l’identification des agents pathogènes prioritaires pour les nouveaux vaccins. «Les premiers résultats indiquent que la tuberculose, le Vih et les agents pathogènes qui présentent des niveaux élevés de résistance aux antimicrobiens (par exemple Klebsiella pneumoniae) sont importants dans toutes les régions. Streptococcus pyogenes (streptocoque du groupe A), Shigella et le virus respiratoire syncytial (Vrs) ont été identifiés comme importants par 4 régions ou plus, tout comme Plasmodium falciparum par la région africaine», se projette l’Oms.