Bien que la dette privée reste encore minoritaire en tant que classe d’actifs, les fonds de capital-investissement présents sur le continent s’orientent vers une plus grande spécialisation. Les véhicules d’investissement sectoriels concentrent désormais près de 60% des levées de fonds.
Les firmes locales et internationales de capital-investissement ont injecté 72,9 milliards de dollars dans les entreprises africaines entre le 1er janvier 2002 et le 30 juin 2022, selon un rapport publié le 30 mars 2023 par l’Association africaine du capital-investissement et du capital-risque (AVCA).
Le rapport souligne que les montants les plus importants ont été investis en 2007 (9,3 milliards de dollars), en 2014 (7,8 milliards) et en 2021 (7,4 milliards).
La répartition des montants investis durant l’ensemble de la période sous revue par sous-région montre que l’Afrique de l’Ouest tient le haut du pavé avec un montant global de 19,8 milliards de dollars, devant l’Afrique australe (19,7 milliards), l’Afrique du Nord (13 milliards), l’Afrique de l’Est (6,1 milliards) et l’Afrique centrale (2,4 milliards). 11,9 milliards de dollars ont été par ailleurs investis dans des entreprises opérant dans plus d’une sous-région du continent.
Quelque 3359 transactions impliquant des fonds de capital-investissement ont été recensées en Afrique entre le 1er janvier 2002 et le 30 juin 2022. Dans ce chapitre, l’Afrique australe arrive en première position avec 1012 transactions. Viennent ensuite l’Afrique de l’Ouest (932 transactions), l’Afrique de l’Est (568), l’Afrique du Nord (576) et l’Afrique centrale (102).
169 transactions ont également concerné des entreprises actives dans plus d’une sous-région.
Le rapport révèle d’autre part que l’industrie du capital-investissement s’est essentiellement concentrée sur les petites et moyennes entreprises (PME), qui constituent l’épine dorsale des économies africaines et représentent environ 90% de l’ensemble du tissu entrepreneurial du continent. En conséquence, 61% de transactions répertoriées ont porté sur des montants inférieurs à 10 millions de dollars.
Une spécialisation accrue
La ventilation sectorielle des investissements réalisés par les firmes du capital-investissement à l’échelle continentale montre que les secteurs ciblés ont connu quelques changements majeurs entre la décennie 2002-2011 et la période allant du 1er janvier 2012 au 30 juin 2022.
Entre 2002 et 2011, les secteurs qui ont capté le plus de fonds étaient les biens de consommation discrétionnaire (22%), les matières premières (17%), les télécommunications (16%) et les services financiers (14%).
Entre le 1er janvier 2011 et le 30 juin 2022, les secteurs ayant attiré le plus d’investissements étaient les services publics comme la production et la distribution d’électricité et de gaz ou encore le traitement de l’eau (19%), les services financiers (18%), les télécommunications (17%) et l’industrie (11%).
Sur un autre plan, le rapport souligne que plus de la plupart des fonds de capital-investissement qui étaient actifs sur le continent entre le 1er janvier 2011 et le 30 juin 2022 sont des véhicules d’investissement dédiés à une sous-région (33%) ou des fonds axés sur un seul pays (31%). 21% des fonds sont à vocation panafricaine et 14% sont axés sur l’Afrique subsaharienne.
La répartition des fonds par secteur ciblé révèle que les fonds généralistes prédominent à hauteur de 45%. Viennent ensuite les fonds spécialisés dans le capital-croissance (16%), le capital-risque (14%), les infrastructures (10%), la dette privée (6%), l’immobilier (4%), le capital-transmission (4%) et le capital remplacement (1%).
Le rapport indique dans ce cadre que la spécialisation des fonds s’est renforcée depuis 2010. En 2021, les véhicules d’investissement sectoriels ont concentré 59 % des levées de fonds réalisés par l’ensemble des fonds de capital-investissement actifs en Afrique, ce qui atteste d’une plus grande maturité du marché africain, même si la dette privée reste encore minoritaire dans le paysage des classes d’actifs contrairement à ce qui se passe dans les marchés matures comme les Etats-Unis et l’Europe.