Le président sénégalais Macky Sall a maintenu ouverte la question de sa candidature à un troisième mandat en 2024 mais a fait valoir que seuls des facteurs politiques et non pas constitutionnels l’empêcheraient de se présenter, quoi qu’en disent ses adversaires.
L’opposition affirme que la Constitution interdit à Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, de briguer à nouveau la tête de l’Etat en 2024. Elle a d’ailleurs fait de la résistance à un troisième mandat son principal mot d’ordre, dans un climat de tensions grandissantes.
La Constitution, après la révision de 2016, prévoit que la durée du mandat présidentiel est de cinq ans, et non plus sept, et que « nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ».
Cependant, M. Sall fait valoir dans un entretien accordé au magazine français L’Express et mis en ligne lundi que, quand le Conseil constitutionnel avait été consulté avant la révision, ce dernier avait estimé que son premier mandat était « hors de portée » de la réforme.
« Sur le plan juridique, le débat est tranché depuis longtemps », déclare-t-il.
« Maintenant, dois-je me porter candidat pour un troisième mandat ou non ? C’est un débat politique, je l’admets », ajoute-t-il.
« Je n’ai pas encore apporté ma réponse. J’ai un agenda, un travail à faire. Le moment venu, je ferai savoir ma position, d’abord à mes partisans, ensuite à la population sénégalaise », dit-il.
L’incertitude entretenue par M. Sall se conjugue à celle sur le sort politique de son adversaire le plus en vue, Ousmane Sonko, pour alimenter les tensions.
Deux affaires judiciaires font peser sur Ousmane Sonko la menace de l’inégibilité. M. Sonko crie au complot ourdi par le pouvoir pour l’éliminer de la course.
En 2021, sa convocation devant le juge et son arrestation dans une affaire de viols présumés avaient contribué à déclencher les plus graves émeutes depuis des années dans ce pays réputé comme un rare îlot de stabilité dans une région troublée. Il y avait eu au moins une douzaine de morts.
La semaine passée, un procès pour diffamation contre M. Sonko a donné lieu à des heurts entre ses partisans et les forces de sécurité.
M. Sall accuse M. Sonko d’ »instrumentaliser » la rue.
« Un individu ne peut pas bloquer la capitale, Dakar, au seul prétexte qu’il est convoqué au tribunal. Si le Sénégal n’était pas une authentique démocratie, croyez-moi, son sort aurait été réglé depuis longtemps », dit-il.
Interrogé sur la possibilité de nouveaux troubles, comme en 2021, il prévient: « Une chose est sûre: ceux qui s’imaginent pouvoir intimider le pouvoir et bloquer la justice se bercent d’illusions ».