Pour relever le défi de la souveraineté alimentaire au Sénégal, il faudra nécessairement conjuguer avec les femmes. Telle est la conviction des autorités gouvernementales, qui prenaient part à l’atelier de restitution des résultats du projet «promotion du consommer local à travers la valorisation des céréales locales et la connexion aux marchés et d’échanges sur les recommandations pour améliorer l’accès aux marchés institutionnels» tenu hier, en marge de la Foire internationale de l’agriculture et des ressources animales (Fiara), en vue d’approfondir la réflexion avec les acteurs de la transformation, de la production de céréales locales.
En fait, face aux conséquences néfastes engendrées par les crises du Covid-19 et la guerre en Ukraine, le Sénégal a décidé d’orienter sa politique vers une souveraineté alimentaire.
Et l’objectif visé à travers ce projet, est de promouvoir le consommer local par la valorisation des céréales locales le mil et le maïs pour une amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations urbaines, rurales et pour un renforcement de la connexion entre l’offre de produits locaux à base de céréales et la demande des marchés institutionnels (hôpitaux, écoles, maisons d’arrêt, université et orphelinats, entre autres).
Mais pour l’atteinte de cet objectif, l’implication des femmes est jugée indispensable. «Nous voulons faire des femmes des championnes du secteur agricole», a dit Babacar Dramé. D’après le conseiller technique au ministère de l’Agriculture, leur rôle est déterminant au niveau des exploitations familiales. Selon lui, le gouvernement, à travers le ministère de l’Agriculture, doit mettre tous les outils en place concernant la mécanisation, l’accès au foncier et l’accès aux semences.
«Nous allons privilégier les jeunes et les femmes. Si nous mettons tout cet appui à l’endroit des exploitations familiales, les femmes seront en mesure de relever le défi de la souveraineté alimentaire», estime-t-il.
Abdoulaye Seck du fonds de l’entreprenariat féminin croit aussi qu’il faut faire de ces femmes, des leviers de développement dans ce combat pour la souveraineté alimentaire. «Nous voulons faire d’elles de véritables leviers de développement économique. Elles ont toutes les potentialités pour ça. Ce qu’il faut, c’est l’encadrement et la facilitation aux financements adaptés à leurs besoins et qui s’étalent sur le moyen et long termes. Nous sommes en train de travailler sur ces aspects pour hisser les femmes au niveau le plus élevé du secteur privé», informe-t-il. Ils sont pour une discrimination positive, en octroyant aux femmes 30% du quota des semences. «Nous voulons faire de l’arrêté qui leur donne droit aux semences, un décret pour qu’il ait plus de portée par rapport à cela. Et nous allons travailler sur deux leviers. L’accès au foncier productif, c’est-à-dire accéder à la terre pour mener des activités agricoles, et l’accès aux semences pour qu’elles aient plus de productions, si nous savons que les femmes sont sur toute la chaîne de la production», détaille-t-il.
Dr Laure Tall, directrice de Recherches à Ipar, précise que c’est l’agriculture familiale qui nourrit actuellement le Sénégal. Et à son avis, on ne peut pas atteindre une souveraineté alimentaire sans l’agriculture familiale.
La transformation, la commercialisation des céréales locales et l’accès aux crédits, entre autres, ont été aussi suggérés.