L’ancien maître à jouer de l’Algérie, Karim Ziani, a été un témoin privilégié du Chan, en assistant à plusieurs matchs des Fennecs A’. Il nous livre, dans cet entretien, accordé à Competition.dz, son avis sur le parcours de la sélection et l’alternative des centres de formation. Morceaux choisis.
Comment jugez-vous le parcours des Fennecs A’ au Chan 2022 ?
J’ai assisté à 4 matchs de ce tournoi, et pour moi, l’objectif de l’Algérie a été atteint avec la qualification en finale et une défaite aux tirs au but. Notre sélection est à féliciter pour le parcours qu’elle a accompli. Au début, elle était un peu en difficulté, néanmoins, elle est montée en puissance au fil des matchs.
Peut-on l’assimiler à un exploit vu le niveau de notre championnat national, qui n’arrive plus à produire des joueurs de talent ?
Bon, on ne va pas s’enflammer ! Nos adversaires n’étaient pas d’un niveau si élevé. Concernant notre sélection, j’ai constaté qu’il y avait des automatismes et une complémentarité entre les joueurs. Cela dénote le bon travail accompli par le staff technique, faut-il le souligner, car comme vous l’avez signalé, notre championnat national ne produit plus de joueurs de talent.
Pour assurer une bonne représentativité dans ce Chan, il fallait user d’autres solutions pour camoufler nos carences, et cela a bien marché, comme l’illustre notre beau parcours dans ce tournoi.
Hélas, pour la sélection des locaux, on ne sait pas encore quelles seront les prochaines échéances auxquelles elle prendra part. Franchement, le principal challenge est de rendre le championnat national plus fort. Cela passe inévitablement par la création d’académies partout dans notre pays. Dans cinq ou six ans, on commencera à récolter les fruits. Il faut aller vers la formation, et dans un pays comme le nôtre, il est plus facile de détecter de jeunes joueurs, lesquels, avec une bonne prise en charge, seront, dans un délai court, de grands joueurs. Le Chan est fini, il est temps d’engager une véritable réflexion pour sortir notre championnat de l’ornière.
C’est l’appel lancé par Madjid Bougherra après la finale de samedi…
Je pense qu’il a raison. On a énormément de talents dans notre pays. Le Sénégal et le Maroc ont compris depuis longtemps qu’il fallait créer des académies ou centres de formation. Aujourd’hui, ces deux pays récoltent le fruit de cette politique de formation. L’Algérie est un grand pays, on doit donner la chance à notre jeunesse pour pouvoir émerger. On a tout ce qu’il faut, un pays magnifique, des stades ultramodernes, ça donne plus d’envie de pratiquer le football, pour peu qu’on mette le paquet dans la formation. Je suis sûr et certain qu’on sera les plus forts en Afrique, si jamais on réussit à mettre en place ce projet.
Mahious, depuis le ratage de son penalty, subit un lynchage sur les réseaux sociaux notamment…
Il faut comprendre la frustration des supporters ; même moi, qui étais dans les tribunes dans la peau d’un supporter, j’ai été très déçu. Humainement, c’est une réaction normale, car il est très compliqué d’oublier un tel cauchemar. Mahious n’est pas le premier ou le dernier footballeur à rater un penalty dans une rencontre importante. Il ne faut pas l’enterrer par rapport à ce ratage, qui peut arriver à n’importe quel joueur au monde.
Avec competition.dz