À Fimela, la saison touristique bat son plein. Plus de deux mois après que celle-ci a été lancée dans la zone de Ndangane Sambou, hôteliers et autres acteurs de la chaîne de valeur du secteur ont retrouvé le sourire à la faveur d’une saison aux allures de reprise effective du tourisme de découverte.
FATICK – Jérémy Faye est le chef de l’antenne locale du syndicat d’initiative et de promotion touristique de la région du Sine-Saloum. Il dit constater un renouveau dans la zone. Une arrivée en masse d’acteurs qui permet de renouer avec les affluences d’avant-Covid. Pour M. Faye, président de l’antenne locale du syndicat touristique du Sine-Saloum, « ceci montre que le tourisme a repris de plus belle avec une augmentation du taux d’occupation des réceptifs depuis le début de la saison, comparé aux saisons précédentes, à la même période ». Trouvé dans un réceptif du village, Adama Diouf, un gérant d’hôtel, nous présente deux de ses clients : Yves Sirvente et Jeannot, originaires de Lyon en France qui s’apprêtaient ce jour-là à reprendre les airs après un séjour fructueux. « C’était un plaisir pour nous de revenir au Saloum après cette période de crise sanitaire liée au Covid-19. Deux ans se sont écoulés, nous n’avons pas foulé ce sol du Sénégal, particulièrement du Saloum que nous aimons tant », nous a indiqué Yves Sirvente. Mme Pierrette, une autre touriste, nous a confié qu’elle fait partie de ce lot de touristes qui aiment tant la destination du Sine-Saloum, particulièrement la zone de Ndangane. Ainsi, ils ont retrouvé le sourire d’avoir revu leurs amis et pris le pari de revenir la prochaine saison. Il y a aussi l’organisation de séminaires et le tourisme local, qui boostent le chiffre d’affaires des hôteliers. L’autre motif de satisfaction souligné par les hôteliers, selon Jérémy Faye, c’est le retour en force des agences de voyages qui ont repris les choses en main, contrairement à l’année dernière où les acteurs ont travaillé sans elles. « Nous avons constaté que ces structures ont même calé des réservations déjà positionnées jusqu’au mois de mai. Ce qui augure une bonne saison touristique. Même si, comme on dit, la nature a horreur du vide, les difficultés des îles du Saloum résident dans leur capacité d’accueil très limitée », a-t-il dit. Une situation qui, indique-t-il, est vécue également dans d’autres zones touristiques. C’est pourquoi les acteurs invitent d’autres investisseurs à venir tenter l’aventure à Ndangane.
Pour Maurice Faye, hôtelier venu s’installer à Ndangane après Djiffer, « avec l’attraction du tourisme local, cela a favorisé la concurrence déloyale des résidences qui accueillent le plus de visiteurs locaux, surtout les week-ends, en ne payant pas de taxes mais sont aptes à exercer une activité non autorisée. Tout cela est lié au fait que les effectifs des établissements ne sont pas suffisants au niveau des campements. Donc, il nous faut arriver à dépasser ce cap en passant carrément à des réceptifs à 2, 3 voire 4 étoiles qui soient en mesure d’accueillir plus d’une cinquantaine de personnes pour pouvoir honorer les demandes de réservations. C’est pourquoi nous interpellons l’État pour qu’il nous vienne en appoint au plan financier, afin de nous permettre d’arriver à ce niveau à travers le crédit hôtelier, par des mesures d’allègement des procédures dont le foncier constitue le principal goulot d’étranglement ».
Piroguiers et guides se frottent les mains
Au quai de pêche du village, la dynamique de relance a favorisé un regain d’activités dans le transport fluvial. Les piroguiers de Ndangane se frottent les mains tout comme les guides. « Et cela, depuis le lancement de la saison touristique dans la zone de Ndangane », indique Pape Diakhaté, surnommé « Khalife général des piroguiers des îles du Saloum ». L’homme qui s’investit dans le secteur depuis l’inauguration de l’hôtel Pélican en 1982 souligne que « les touristes sont accueillis à bras ouverts pour être conduits à travers les « bolongs » pour des parties de ballade ou des pique-niques. Ils font des réservations et des piroguiers sont mis à leur disposition et tout se passe parfaitement bien sans concurrence ». Car, selon Papa Diakhaté, « il y a beaucoup de jeunes qui s’adonnent au transport des touristes par pirogue. J’ai contribué à la formation de certains d’entre eux, et ils suivent strictement le règlement qui est établi ici ». Les prix varient selon la destination et le type d’activités choisi par le touriste. Pour les destinations, il y a les îles du Saloum en général, il y a le reposoir des oiseaux, les ballades à travers les petits « bolongs », l’île de Marlodji pour une découverte du tam-tam téléphone, de l’église, de la place publique et de l’arbre sacré, entre autres, explique M. Diakhaté.
« Des pique-niques sont proposés aux clients avec grillade de poissons à la plage et des baignades, en plus des bivouacs que certains touristes aiment bien avec un accompagnement de sons de tams-tams. Il faut noter que le tourisme local s’impose petit à petit et nous enregistrons beaucoup de visiteurs sénégalais, surtout les week-ends, mais aussi des étrangers ». « Aujourd’hui, chacun parmi nous tire un grand profit de ses prestations. Souvent même, on constate un manque de pirogues et nous faisons appel aux piroguiers de Ndangane village qui nous viennent à la rescousse pour satisfaire la clientèle », déclare Pape Diakhaté. Les recettes varient journellement entre 50.000 FCfa et 100.000 FCfa par piroguier, selon l’affluence des visiteurs, confie-t-il. « Les artisans, les vendeurs de cacahuètes et de chapeaux, ceux qui s’adonnent au canoë-kayak, entre autres, tirent également profit de leurs activités », note-t-il.