En quête de rentabilité, les jeunes pousses africaines bien établies cherchent de plus en plus à avaler des concurrents pour pénétrer de nouveaux marchés, élargir leurs gammes de produits ou mettre la main sur une technologie innovante.
Le mouvement de consolidation s’accélère sur la scène tech africaine dans un contexte de refroidissement du marché du capital-risque, de quête effrénée de rentabilité et de recherche de nouvelles opportunités de croissance, selon un rapport publié le 2 février par le cabinet de conseil en économie numérique TechCabal Insights.
Ce rapport précise que 48 acquisitions ont été réalisées par des start-up opérant en Afrique en 2022 contre 32 acquisitions en 2021, ce qui représente une augmentation de 33% d’une année à l’autre.
Les fintechs accaparent 25% de ces opérations, suivies par les places de marchés interentreprises (10%) et les jeunes pousses opérant dans le domaine du commerce électronique (8%).
« The State Of Tech In Africa Q4 2022 Report » indique dans ce cadre que les acquisitions entre start-up africaines devraient augmenter en 2023, estimant que les jeunes pousses bien établies rachèteront les start-up en difficulté dont la valorisation a baissé, pour élargir leur gamme de produits, pénétrer de nouveaux marchés ou encore mettre la main sur une technologie innovante. Ce mouvement de consolidation sera favorisé par le tarissement des financements, en raison des incertitudes macro-économiques qui pèsent sur la capacité des investisseurs à se projeter à moyen et long terme, comme en atteste la baisse des levées de fonds réalisées par les start-up du continent au cours du deuxième semestre de l’année écoulée.
Quatre pays accaparent 75% des levées de fonds
TechCabal Insights révèle d’autre part que les start-up africaines ont levé en 2022 4,84 milliards de dollars auprès des fonds de capital-risque répartis sur 875 deals contre 4,6 milliards de dollars issus de 847 deals en 2021.
Les fintechs ont accaparé 37% de ces levées de fonds (1,81 milliard $) contre 53% en 2021. Viennent ensuite les start-up opérant dans les domaines de l’énergie et de l’eau (874,1 millions $), de la logistique & transport (620,5 millions), du commerce électronique (455,2 millions), de l’agriculture & alimentation (246,8 millions) et des télécoms, médias et divertissement (246 millions).
Le nombre de méga tours de table (plus de 100 millions $) a atteint 8 durant l’année écoulée, dont ceux réalisées par la fintech nigériane Flutterwave (250 millions), la start-up kényane spécialisée dans l’énergie solaire Sun King (260 millions) et la start-up algérienne de VTC Yassir (150 millions).
La répartition des levées de fonds par pays montre que quatre pays ont accaparé environ 75% du montant global levé sur le continent : le Nigeria (1,2 milliard $), le Kenya (1,06 milliard), l’Egypte (822 millions) et l’Afrique du Sud (555 millions).
Le rapport indique par ailleurs que les jeunes pousses du continent ont procédé au licenciement de 1264 employés l’an passé, en raison notamment de raréfaction des financements après six années fastes (2015-2021) durant lesquelles les levées de fonds ont été multipliées par dix-huit. Parmi les jeunes pousses africaines qui n’ont pas échappé à la tendance mondiale de l’austérité figurent notamment la start-up de mobilité égyptienne SWVL (400 licenciements), la licorne sénégalaise Wave (300 licenciements) et l’agritech kényane Twiga (211 licenciements).