Sonkoiste ( Pastef) ou Mackyste (Benno) ? Cette question a sans doute été posée à beaucoup de sénégalais. Et nombre d’entre eux se sont sans doute sentis frustrés. Comme moi. Diantre, on peut vivre dans ce pays sans être ni avec Sonko ni avec Macky. Cette vision manichéenne de la vie politique et de la vie publique, tout cœur, nous pompe l’air.
Les partisans de ses deux leaders, sans doute encouragés par le contexte politique et social, ont l’outrecuidance de croire que tout tourne, dans le Sénégal d’aujourd’hui, autour de Macky et de Sonko. Tenez, il y a de cela quelques semaines, j’ai partagé un plateau avec un proche collaborateur de Macky qui, en m’interpellant après l’émission, m’appelait ‘’vous de Pastef’’. C’était sur un ton ironique, mais cela trahissait certaines appréhensions. Car, dès que l’on critique le pouvoir, certains vous taxent de pastéfien.
A contrario, il y a seulement quelques jours, quand j’ai dit que Sonko doit respecter les institutions notamment judiciaires en se présentant au tribunal si le procès contre Adji Sarr s’ouvre, j’ai reçu de curieuses réactions d’indignation. Un confrère que j’estime bien, m’a même dit que je trahissais l’éthique et la déontologie en disant que Sonko doit respecter l’institution judiciaire.
Quelqu’un, sans doute de ce camp, m’a même écrit un message d’indignation pour conclure qu’avec mes prises de position, j’étais en train de ‘’rater l’histoire’’. Je n’étais pas surpris parce que Sarkozy avait déjà dit à Dakar que l’homme noir n’était pas assez entré dans l’histoire. De quelle histoire parlent-ils ici, tous les deux, Sarkozy et mon interlocuteur ? Je n’en ai aucune idée. C’est peut-être l’histoire telle qu’ils se l’imaginent.
Des histoires, vous vous en doutez bien.
En tout état de cause, c’est le cadet de nos soucis, moi et ceux qui pensent comme moi, que Macky, Sonko ou un autre soit au Palais. Parce que moi, je ne suis candidat à rien. Et donc je ne serai pas au Palais. Ce qui m’importe, c’est qu’il y ait suffisamment de stabilité dans ce pays pour que ses pauvres fils ne meurent pas parce quelqu’un veut accéder au pouvoir et un autre y rester. Ce qui m’importe, c’est que ceux qui critiquent un camp aient le droit de critiquer l’autre camp. Ils ont même le devoir de le faire.
Car, ce serait justement trahir l’éthique et la déontologie de penser qu’il y a un leader politique qui ne se trompe jamais, qui serait une sorte de messie, auréolé d’une certaine sacralité. Je refuse cela. Tout le monde peut se tromper. Et autant j’écris que Macky doit respecter les institutions, autant je le fais pour Sonko. Le jour où j’en aurai plus le droit, ou j’aurai peur de le faire, j’arrêterai d’exercer ce métier.