La crise énergétique en Europe et les conditions météorologiques en Chine ont entraîné une augmentation de la demande mondiale de charbon en 2022. L’AIE s’attend à ce que cette embellie dure jusqu’en 2025.
Bien qu’il reste en tête de liste des combustibles fossiles dont la consommation, la production et les prix devraient décliner dans un contexte d’accélération de la transition énergétique, le charbon a encore de beaux jours devant lui sur le moyen terme, selon un rapport publié le 16 décembre dernier par l’Agence internationale de l’énergie (AIE).
Intitulé « Coal 2022 : Analysis and forecast to 2025 », le rapport précise que la consommation mondiale de charbon a augmenté de 1,2% en 2022 pour atteindre un niveau record de 8 milliards de tonnes.
Les plus fortes augmentations de la demande ont été enregistrées en Inde (+7 %), en Europe (+6 %) et en Chine (+0,4 %).
En proie à une grave crise énergétique consécutive à la guerre en Ukraine, plusieurs pays européens se sont tournés vers des ressources fossiles plus abordables que le gaz dont les prix ont flambé. C’est notamment le cas de la France et de l’Allemagne qui ont réactivé leurs centrales à charbon.
En Chine, la faible production d’hydroélectricité enregistrée l’été dernier en raison d’une grande vague de chaleur, a entraîné une hausse significative de la production d’électricité à partir du charbon.
Le rapport note dans ce cadre que la demande mondiale de charbon devrait rester stable autour du niveau enregistré en 2022 jusqu’en 2025. Mais l’évolution de la situation en Chine (53 % de la consommation mondiale de charbon) pourrait bien avoir le plus grand impact sur les perspectives de la demande mondiale de ce combustible fossile très polluant.
Un manque d’intérêt de la part des investisseurs
La croissance de la demande chinoise devrait rester relativement stagnante à une moyenne de 0,7 % par an jusqu’en 2025, en grande partie à cause de l’augmentation de la production des énergies renouvelables.
La consommation indienne de charbon, qui enregistre une croissance annuelle moyenne de 6% depuis 2007, devrait continuer à être le principal moteur de la demande mondiale de charbon dans les prochaines années alors que l’utilisation de ce combustible fossile maintiendrait sa trajectoire descendante aux États-Unis.
Au niveau mondial, la production d’électricité à partir du charbon devrait augmenter légèrement jusqu’en 2025, en raison de la hausse modeste prévue de l’électricité issue des centrales nucléaires et des prix élevés du gaz. Dans le même temps, la demande mondiale du charbon destiné aux activités industrielles restera stable à moyen terme en l’absence de solutions de rechange à faibles émissions capables de remplacer à grande échelle la principale source d’émissions de CO2 liées à l’énergie.
L’AIE s’attend à une augmentation de 2,8 % en moyenne par an de la demande mondiale d’électricité d’ici 2025, soit une augmentation absolue d’environ 2496 térawatts-heure. Les énergies renouvelables couvriront environ 90% de cette demande supplémentaire. Le reste sera couvert par la production d’électricité à partir du charbon et du gaz. Les plus fortes augmentations de la consommation du charbon destiné aux centrales électriques sont prévues en Chine (+5%), en Inde (+7%) et en Asie du Sud-Est (+14%).
Le rapport relève par ailleurs que la stabilisation de la demande mondiale de charbon ne devrait durer que quelques années avant de commencer à décliner, comme en témoigne le manque d’appétit des investisseurs (banques gouvernements, sociétés d’investissement, compagnies minières) pour le charbon, et plus particulièrement pour le charbon thermique.