Dans les gares routières de la ville de Vélingara, celles de Carrefour-manda et même de Médina Gounass, les véhicules qui ont travaillé se comptaient sur les doigts d’une seule main. D’ailleurs, généralement ceux qui ont travaillé avaient pour destination les gares du département, à savoir Diaobé, Vélingara ou Kounkané. Le mot d’ordre d’arrêt de travail, décrété par certains syndicats des routiers du Sénégal, a été suivi par la majorité des transporteurs de ces grandes agglomérations de ce département de la région de Kolda.
Pas «du fait d’un quelconque mot d’ordre, mais par solidarité avec les transporteurs du Sénégal. Nous avons les mêmes difficultés dans l’exercice de notre métier, les mêmes préoccupations. Alassane Ndoye, qui est à l’origine principalement de ce mot d’ordre, n’a plus de représentant ici. Ce sont des syndicalistes inaccessibles, qui roulent pour eux-mêmes», rectifie, sous couvert de l’anonymat, cet ancien allié de M. Ndoye.
C’est à Diaobé que l’on remarque un bouillonnement humain : des marchands et leurs marchandises emmenés là par des véhicules de transport public venus de toutes les régions du pays, et même de la Guinée-Bissau et de la République de Guinée. Une réalité qui n’agace pas du tout le président du Regroupement des chauffeurs et transporteurs de Diaobé qui se félicite de cette ruée humaine en ce jour de marché hebdomadaire. Mamadou Aliou Bâ dit «Gouye gui» avance : «Nous n’avons pas appelé à un arrêt de travail. Les transporteurs sont libres de travailler ou non. Heureusement que les transporteurs sont venus avec des marchandises. Diaobé ne peut que s’en réjouir.»
Concernant les mesures arrêtées par le gouvernement pour lutter contre l’insécurité routière, M. Bâ dit rouler contre la non-autorisation des porte-bagages : «Ce matin (mercredi), un gendarme m’a apporté une notification décidant que l’on ne doit plus transporter de la marchandise. Ce n’est pas possible pour un véhicule qui a pour destination un marché hebdomadaire. Pas de marchands sans marchandises. Diaobé ne doit sa notoriété qu’aux marchandises diverses qui y convergent toutes les semaines. Ces mesures tendent à tuer Diaobé. Nous ne pouvons pas l’accepter.» Puis d’y aller de ses propositions. Mamadou Aliou Bâ : «Les bus peuvent être autorisés à porter des bagages jusqu’à une hauteur d’1 m, c’est soutenable pour nous. La hauteur des bagages n’est pas responsable des accidents. C’est plutôt l’étroitesse des routes et la volonté de Dieu.» Il s’est ensuite plu aussi à commenter les nouvelles heures autorisées à la circulation des transports en commun. Il dit : «Fixer une heure pour le départ de tous les véhicules du Sénégal, c’est siffler le départ d’un rallye à l’intérieur du pays. Les accidents seront inévitables. Il faut voir comment réorganiser le départ des véhicules.»