LE SERVICE NATIONAL, POURQUOI PAS ?
Au Sénégal, notre cher pays, s’il y a un point commun qui ne fait pas notre fierté, c’est bien la crise comprtementale.Tout le monde rabâche le même refrain, « c’est le laisser aller, chacun fait ce qu’il veut».
Des actions ont été entreprises, des idées développées mais la situation empire si l’on se réfère à l’état d’insalubrité de nos villes et villages, à l’état de nos infrastructures, à nos faits et gestes de tous les jours.
Le Sénégal, notre cher pays, regorge d’énormes potentialités en ressources humaines reconnues de par le monde, auxquelles est venu s’ajouter un potentiel fossile porteur d’espoirs incommensurables sur le plan économique.
C’est pourquoi, le moment est venu de prendre à bras le corps la problématique de nos comportements qui sont aux antipodes de ces atouts.
D’emblée, Je dois préciser que l’objectif de cette contribution n’est pas de faire la morale aux autres. Elle doit être perçue comme une ébauche de solution à un problème majeur qui plombe notre évolution économique et sociale.
Les grands supports classiques de notre système éducatif sont là, fonctionnels, et jouant leurs rôles régaliens, il s’agit de la famille et de l’école dans sa pluralité (école occidentale, école coranique notamment.)
Cependant, ces hauts lieux de formation ont un contre-pouvoir que sont naturellement leur environnement immédiat, les effets mitigés de la mondialisation, les NTIC etc.
Dès lors, l’instauration du service national ne devrait pas faire peur, où être compris sous l’angle de la punition. Au contraire, il a pour vocation de relayer et de compléter ces supports.
Pour cela, sa cible pourrait être le citoyen dont l’âge se situe autour de 18 ans. Cette tranche d’âge qui constitue le seuil de la maturité, confère également une bonne capacité de perception de la morale et de ses corollaires, des dispositions naturelles au discernement, de grandes aptitudes physiques et intellectuelles. A cet âge, ou s’approprie également plus facilement les symboles patriotiques et les enjeux qui sous-tendent l’avenir de notre pays.
Aussi, conviendra-il que l’Etat détermine des programmes de formation adaptés, dans différentes langues, pour que les cibles puissent être atteintes au seul bénéfice de toute la société sénégalaise.
De ce point de vue, certains paramètres doivent être pris en compte :
- l’aspect progressif et inclusif de la mise en place de la formation ;
- la qualité des programmes qui seront dispensés
- la durée optimale de cette formation;
- la période et les lieux d’accueil des bénéficiaires ;
- les impacts individuels et collectifs de la formation;
- le budget à mobiliser.
Concernant l’aspect progressif du service national, il peut être sous tendu dans un premier temps, par l’idée d’engager tous les volontaires en âge d’intégrer l’armée, bien entendu en les classifiant suivant leur aptitude ou non à y faire carrière. Par la suite, après quelques années de pratiques, ce service pourra être institutionnalisé et érigé en règle.
Pour ce qui est du contenu de la formation, il pourra s’articuler autour d’activités physiques et sportives, de la parfaite maîtrise des devoirs du citoyen envers la société. Elle devra également avoir comme objectif, l’inculcation chez le citoyen du patriotisme comme valeur intrinsèque et l’apprentissage d’un métier (peinture, menuiserie, nettoiement, carrelage etc…).
S’agissant de la durée, elle peut tourner autour de trois (03) mois du fait de la prise en compte de plusieurs aspects. En effet, ce service dont l’objectif est d’endiguer la crise comportementale qui gangrène notre tissu social dans toutes ces composantes, ne devrait pas mettre en péril la carrière de jeunes dont l’ambition n’est pas de rester dans l’armée.
En même temps, elle doit être une opportunité pour certains jeunes sans métier, désœuvrés de s’affirmer avec dignité dans la marche de notre pays.
Pour ce qui est de la période, les grandes vacances scolaires constituent un moment propice pour la mise en œuvre de cette formation. En conséquence, les écoles seront un cadre d’accueil adéquat qui permettront de réduire les charges inhérentes à ce service national.
Les mêmes potentialités humaines et matérielles permettant d’organiser des élections à l’échelle nationale, offrent à notre pays l’expertise nécessaire pour surmonter les contraintes liées au service national.
En tout état de cause, la véritable finalité d’un tel projet, ce sont ses impacts.
Ils peuvent être multiformes et ainsi résumés :
- meilleure connaissance de nos valeurs républicaines ;
- bonne prise de conscience du devoir civique national ;
- participation citoyenne à la remise en état d’édifices publics (les écoles en particulier) par une mise en pratique des métiers appris;
meilleur comportement sur toutes les questions d’intérêt national ; - lutte contre le chômage, à travers une imbrication entre ce service national et la formation professionnelle classique.
De tels objectifs nécessitent, bien entendu, une certaine imprégnation auprès de pays qui en ont fait l’heureuse expérience, et qui ont pu redresser les trajectoires de nombreuses générations de leurs concitoyens. Dès lors, comme tous les autres secteurs de l’enseignement, le service civique national devrait disposer d’un budget conséquent, faire l’objet d’une réflexion approfondie et d’une sensibilisation appropriée pour que le modèle de formation fasse tâche d’huile.
En définitive, face à un mal dont les impacts négatifs sur nos efforts de développement vont crescendo, nous n’avons pas d’autres alternatives que de faire nôtre cette citation de Pierre MENDES France qui disait que, « gouverner c’est choisir ». Il nous faut donc un palliatif à notre maladie comportementale, même si ce qui est développé ici n’est pas forcément une panacée, au risque de nous autodétruire.
Samba NDIAYE
Président du MDIS