Avec les variations qu’ont connues les marchés énergétiques cette année, les pays pétroliers doivent rapidement mettre en place des boucliers pour continuer de monétiser leurs ressources en réduisant les risques pour leurs économies.
Dans un communiqué publié sur son site mercredi 21 décembre, le Fonds monétaire international (FMI) a appelé les pays africains producteurs d’or noir à revoir leurs politiques budgétaires et fiscales pour se protéger des instabilités du marché de l’énergie.
L’institution financière préconise la mise en place urgente de réserves budgétaires comme moyen d’anticiper les fluctuations futures des cours de l’énergie. Une politique qui devrait leur permettre de limiter les risques d’endettement et de protéger, dans une certaine mesure, leurs économies fortement dépendantes de la rente pétrolière.
Cet appel intervient dans un contexte où ces pays subissent de plein fouet les importantes variations des cours du brut qui, ces deux dernières années, ont oscillé entre 23 et 120 dollars le baril, en moyenne.
Ces écarts significatifs de prix, qui rendent imprévisibles les retombées de la monétisation des ressources pétrolières, ont poussé plusieurs pays, d’Afrique subsaharienne notamment, à recourir massivement au service de la dette limitant ainsi leurs perspectives de croissance.
« En fait, les fonds souverains d’Afrique subsaharienne ne détiennent que 1,8 % du produit intérieur brut, contre 72 % au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, ce qui oblige les pays à emprunter ou à retirer des actifs financiers lorsque les prix du pétrole chutent », indique le FMI.
Le Fonds note par ailleurs, que si comme leurs homologues d’Afrique du Nord, ces pays s’étaient constitués « suffisamment » de réserves financières sur l’exploitation de leurs gisements pétroliers, ils auraient réduit l’impact des changements soutenus de cours et enregistré un taux de croissance plus rapide par rapport aux pays n’exploitant pas de ressource naturelle.
La situation pourrait s’aggraver, à moyen et long terme, si rien n’est fait. Ceci, compte tenu des exigences de la transition énergétique et de la réduction progressive des revenus pétroliers appelés à baisser d’un quart d’ici 2023 et de moitié d’ici 2050.
« La constitution de réserves dès maintenant aiderait les exportateurs de pétrole de la région [subsaharienne, Ndlr] à mener à bien la transition vers des énergies propres tout en gérant les fluctuations des prix du pétrole », souligne le FMI.
Concrètement, « les exportateurs de pétrole d’Afrique subsaharienne devraient viser des tampons d’environ 5 à 10 % du produit intérieur brut pour gérer les grandes fluctuations des prix du pétrole ». Pour y arriver, ils devront réaliser sur une période de 10 ans, « des excédents budgétaires » d’au moins 1 %, chaque année.