La loi de 2024 portant baisse des prix du loyer n’ayant pas été calculé sur la base de la surface corrigée n’y fera rien. Les prix du loyer ont flambés de «plus de 200%» en huit (8) ans. C’est pour soulager les ménages, confrontés à une inflation galopante, que le président de la République, Macky Sall, a annoncé, au sortir d’une rencontre avec les acteurs le week-end, une baisse du loyer, ainsi que des prix de denrées de première nécessité.
Encore une nouvelle révision des prix du loyer, huit (8) ans après l’échec de la loi de janvier-février 2014 portant baisse des prix du loyer n’ayant pas été calculés sur la base de la surface corrigée. Le président de la République, Macky Sall, a annoncé à la télévision publique (RTS) des mesures de baisse relatives au logement, au riz, à l’huile, au sucre ou encore aux fournitures scolaires.
Concernant le logement, concrètement, les réductions seront de 5% pour les loyers de plus de 500.000 FCFA, de 10% pour ceux allant de 300.000 FCFA à 500.000 FCFA et de 20% pour ceux inférieurs ou égaux à 300.000 FCFA. C’est cette dernière catégorie qui concerne la majeure partie des ménages sénégalais, notamment «goorgoorlu» et les nombreux salariés du public comme du privé.
Cette décision a été prise à l’issue d’une rencontre sur la consommation, tenue à la Présidence de la République le samedi 5 novembre 2022, dans l’après-midi, en présence de membres du gouvernement, des commerçants, des industriels, des membres du secteur immobilier et autres acteurs. Ces mesures visent, selon le chef de l’Etat, à soulager les ménages, confrontés à une inflation galopante inhérente à la crise post-Covid et la guerre en Ukraine qui ont contribué au renchérissement du coût de nombreux produits.
UNE AUGMENTATION DE 200% DES PRIX DU LOYER DEPUIS 2014, CONTRE 45% POUR LES COUTS DE LA CONSTRUCTION
Devenu un casse-tête dans tout le pays, la cherté du loyer est principalement déplorée dans les grandes villes et particulièrement dans la capitale, Dakar et ses environs, où le déficit de logements se quantifie en milliers. Dakar et l’agglomération de la presqu’Ile du Cap-Vert, d’une superficie de 550 km2 (soit 0,3% du territoire national), abrite près de quatre millions d’habitants, soit près du quart de la population du Sénégal, estimée à plus de 17 millions d’habitants.
«Les loyers ont augmenté de plus de 200% depuis la dernière tentative de baisse (en 2014) alors que les coûts de la construction n’ont évolué que de l’ordre 45 %», a déclaré à la presse le chef de l’État. C’est pourquoi il engagé le gouvernement à des discussions avec les acteurs du secteur de l’immobilier dans le but de faire baisser les prix du loyer.
Déjà, la veille, alors que toutes les parties prenantes aux concertations sur le loyer s’accordaient sur la baisse des prix, il n’y avait pas eu d’accord sur la manière, avait confié à L’Observateur, une source gouvernementale. Soulignant que face à ce blocage, le chef de l’Etat Macky Sall n’hésiterait pas à tordre la main aux acteurs.
ACCORD AU SEIN DE LA COMMISSION OU FORCING DE MACKY ?
«Malgré l’absence d’une entente sur la méthodologie, l’Etat a pris la décision souveraine de faire baisser les loyers… On est tous d’accord qu’il faut baisser les coûts du loyer parce que les niveaux d’augmentation ne sont pas justifiés. Entre 1994 et 2014, les loyers ont augmenté de 256%, selon les données gouvernementales, là où seuls les matériaux de construction avaient évolué de 47%. Donc, on est d’accord qu’il faut baisser, mais c’est sur la méthode qu’il n’y a pas eu accord au sein de la commission», a révélé au journal un participants à la concertation.
Non sans relever les inquiétudes des acteurs et experts immobiliers par rapport à une baisse des prix, particulièrement la durée de l’amortissement ou la capitalisation. «Ils pensent que si on baisse les taux du loyer, on peut freiner l’investissement immobilier au Sénégal et créer une pénurie», a-t-il indiqué, ajoutant que Macky Sall le forcing va œuvrer à faciliter l’accès aux logements.
«Parce qu’il (le président de la République) a constaté que les gens payaient quatre mois d’un seul coup pour accéder à leur logement en location, il nous a demandé de faire des propositions afin que le loyer baisse, mais aussi que les conditions d’accès au bail à usage d’habitation soient allégées, surtout pour les loyers les plus bas», a-t-il dévoilé.