Tu es parti sans prévenir. Pourtant la semaine dernière devant ton épouse et ton frère, nous avions convenu d’un déplacement à Doha pour la couverture de la coupe du monde. Notre départ était prévu le 17 novembre prochain.
Notre dernier déplacement ensemble, c’était sur invitation du Comité Suprême du Mondial Qatar2022, au mois de septembre passé lors de l’inauguration de Lusail Stadium.
On s’est même permis de rappeler des souvenirs plus ou moins lointains. Je t’ai alors transmis les demandes insistantes et persistantes des confrères notamment Hugues du Bénin, Angu du Cameroun, Hachim et Lassana de la Mauritanie, sans occulter nos amis de l’ONCAV etc. Parce que ton absence dans les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, WhatsApp), toi le plus présent, le plus passionné de nous tous, avait intrigué plus d’un. Nous en avons rigolé. Ce qui m’a permis de sécher mes larmes. Mais ce dimanche 30 octobre, une amie commune m’a appelé pour m’informer que tu es à nouveau en réanimation. Devant l’urgence, j’ai appelé Me Augustin Senghor. Avec la promptitude qu’on lui connaît, il a décidé de prendre ton dossier en charge. Totalement et entièrement. Le soir, je suis venu te rendre visite avec mon ami Ahmadou Bamba Kassé. Sauf que cette fois, j’ai trouvé Boury, ta brave épouse, dehors. Assise sur banc. Les yeux hagards, regardant dans le vide. Elle était perdue. Elle a mis du temps pour me confirmer, d’une manière subtile, que tu es retourné en salle de réanimation. «Abdoulaye, moi-même, je n’ai pas vu Salif aujourd’hui », a-t-elle lâché.
C’est alors que je l’ai informée de la décision de Me Senghor. Il fallait entretemps trouver la meilleure clinique à Dakar pour s’occuper de Salif. On s’est quitté avec ce grand espoir que ce lundi 31 octobre tout rentrerait dans l’ordre.
Hélas ! La fâcheuse ne nous l’a pas permis. Elle était décidée à nous arracher Salif.
En quelques secondes la nouvelle a fait le tour du monde. Mon téléphone chauffe. Du Dakar à Djibouti, du Caire au Cap, dans toutes les langues, je me retrouve assailli par des coups de fil de confrères, de dirigeants du monde sportif. D’ici et d’ailleurs. Parce que Salif n’appartenait plus qu’au Sénégal. Sa compétence, son entregent, son savoir-faire et surtout son savoir-être avaient dépassé depuis des années les frontières sénégalaises.
Professionnellement assis, intellectuellement rigoureux, il était un détecteur de sens.
Ce n’est pas pour rien qu’il a été désigné Coordonnateur du Réseau des journalistes sportifs de la Fédération Atlantique des agences de presse africaine (RJS-FAAPA) qui a été porté sur les fonts baptismaux le 27 mai dernier au Maroc. Véritable bête de travail, il ne rechignait jamais à la tâche. Salif Diallo aimait passionnément le journalisme sportif. Prioritairement le football dont il avait une connaissance pointue des règles du jeu et de l’histoire. Mais Salif était aussi un expert de la première disciple olympique. Grâce à feu Lamine Diack, nous avons couvert ensemble plusieurs championnats du monde de Paris en 2003 à Pékin en 2015, en passant Helsinki (2005), Tokyo (2007), Berlin (2009), Daegu (2011) et Moscou (2013).
Il était rare d’ouvrir une page sports d’un journal sénégalais où on ne retrouvait pas une dépêche de l’Agence de presse sénégalaise (APS) signée SD. Plusieurs agences de presse africaine et mondiale établies à Dakar collaboraient avec lui ou s’abreuvaient à sa source.
La presse sénégalaise a perdu donc un pourvoyeur d’informations; la jeune génération, un encadreur infatigable; et moi, un grand frère doublé d’un conseiller. Sa dernière remarque pour la bonne marche de l’ANPS c’était le changement de l’appellation «Commission féminine». «Abdoulaye, il faut désormais parler de commission GENRE», avait-il conseillé aux membres du Comité exécutif en réunion dans les locaux de « Sud Quotidien », un journal qu’il connaît très bien pour y avoir effectué un stage après ses brillantes études au CESTI.
Vous imaginez tous, chers confrères la peine qui nous anime en ces douloureuses circonstances avec la disparition de Salif Diallo. Prions pour le repos de son âme. Que Dieu veille sur sa famille, son épouse éplorée Boury, son fils Mohamed et son petit-frère. Adieu GRAND-FRERE !
Par Abdoulaye THIAM
Président de l’ANPS