Le taux de pénétration d’Internet est d’environ 43% avec une large fracture numérique entre zones rurale et urbaines, et entre hommes et femmes : la transformation 4.0 se bâtit sur de nombreuses faiblesses en Afrique. Garantir la connectivité de tous est la première étape à consolider.
Dans son rapport Ecofin Pro « L’évolution des investissements numériques face à l’explosion des besoins en connectivité de l’Afrique », Muriel Edjo indique que le continent aura besoin de près de 250 000 tours télécoms et d’au moins 250 000 km de fibre optique supplémentaires pour parvenir à la couverture universelle d’ici 2030.
Cet investissement est indispensable au regard des changements d’habitudes de consommation d’Internet et de la demande en connectivité à haut débit qui ne cesse de croître depuis que la crise de Covid-19 a accéléré la transformation numérique de divers secteurs économiques et sociaux.
Le trafic internet mobile, le plus utilisé, avoisinera les 7,3 gigaoctects par mois par utilisateur en 2024 contre 1,7 gigaoctet en 2018.
En 2021, les opérateurs de téléphonie mobile détenaient 60% des tours télécoms déployés en Afrique. Le reste était la propriété de gestionnaires d’infrastructures télécoms, dont trois en détiennent la majeure partie. Une vingtaine de systèmes sous-marins de fibre optiques atterrissaient déjà sur les côtes du continent. Sur le nombre total de km de fibre optique qui serpentaient à travers les pays, les investisseurs privés en détenaient légèrement plus de la moitié. Toutes ces infrastructures étaient largement focalisées en zones urbaines, dans un souci de rentabilité rapide mais pas favorables à l’inclusion numérique.
Selon Muriel Edjo, la couverture universelle qui nécessitera « également le déploiement de satellites, de solutions Wi-Fi et d’autres innovations pour atteindre une population estimée à près de 1,1 milliard de nouveaux utilisateurs uniques, dont 100 millions de personnes vivant dans des zones rurales reculées, actuellement hors de portée des réseaux mobiles cellulaires traditionnels », nécessitera un investissement de près de 100 milliards $.
Aucun acteur ne sera en mesure d’atteindre seul l’objectif 2030 et de supporter « le fardeau » d’un tel investissement. Mobiliser cette somme nécessitera la collaboration de divers acteurs stratégiques.
Le rapport de 16 pages dresse l’état de l’infrastructure télécoms de l’Afrique, évalue qui devra contribuer financièrement à la couverture universelle, les opportunités qui en découleront pour les différentes parties, les nombreux défis à relever pour y parvenir.