Bassirou Bâ ,chef de file du mouvement « Aar Sunu Moomel » sonne l’alerte. Lors d’une sortie, il est largement revenu sur les concertations sur la vie chère tenues au Palais de la République. Le défenseur du monde paysan affiche le pessimisme quant’aux attentes de ces discussions.
Bassirou Bâ vient d’annoncer des perspectives si sombres pour notre pays. Selon le Président du Mouvement « Aar Sunu Moomel » qui vient de boucler une tournée nationale, la faim s’annonce à nos portes. Suffisant pour qu’il pointe un doigt accusateur sur l’amateurisme et la navigation à vue des autorités en charge de notre agriculture : » Récemment, des concertations sur la vie chère ont été tenues au Palais de la République. Cette rencontre a été biaisée par ce que les vrais acteurs ont été mis en rade. Réduire les prix en réunissant des commerçants, cela est une aberration. Au moment où ils tenaient leur messe de rien du tout, des techniciens en la matière étaient là en souffrance. Il faut qu’on soit sérieux dans nos démarches qui engagent la nation. « , a dit avec verve M. BÂ.
Il se fonde sur le fait que réduire le coût de la vie doit impérativement passer par une atteinte de l’autosuffisance alimentaire : » Nous ne produisons pas ce que nous mangeons et nous ne mangeons pas ce que nous produisons. Voilà notre problème majeur. Nous en sommes vraiment loin de ce que les autorités veulent nous faire croire », tonne-t-il avant de souligner:
« Le kilogramme de mil qui a atteint 500 F CFA alors qu’en pareille période de l’année, il se vendait à 175 FCFA au plus. Quant’au maïs, le Kg a atteint 350 F CFA au moment où cette année, la production est faible.Tandis que le niébé est passé à plus de 1500 F CFA alors qu’à cette heure de l’année, le prix ne dépassait pas 200 F CFA », s’est expliqué Toucouleurou Baye.
Ce dernier de souligner aussi que par cette occasion dans la région de Louga, par exemple, où sont produits les 65% de la consommation nationale , le kilogramme de niébé se vend à 1400 FCFA. D’où il est difficile, pour ne pas dire, impossible, de procéder à une réduction du coût de la vie au Sénégal. Au prime abord, nous devons nous départir de la dépendance « .
Et il brandit des chiffres à l’appui: »En Janvier 2022, les importations sont évaluées à 556,8 milliards de FCFA contre 528,9 milliards de FCFA l’année dernière (soit une hausse de 5,3%). Cette progression s’explique par celle des achats à l’extérieur du riz +23,6%, des huiles +67,9%, des engrais de 18,9 Milliards de FCFA en Décembre en 2021. D’où la seule voie possible , c’est de renforcer le paysan ».
Au finish, il dira: » Le Sénégal sort des milliards pour importer des produits de base (soit 75% pour le riz, à lui seul). 25% seulement sont produits dans nos murs où plus de 70 % sont en milieu rural . L’Etat a sorti 47 milliards pour pouvoir subventionner les denrées de base. Il ne peut pas continuer à le faire. Il faut qu’on soit sérieux pour créer des conditions pour booster notre agriculture ».
Le chef de file de « Aar Sunu Moomel », d’annoncer un avenir sombre pour les populations et, notamment, celles en milieu rural : »Je le dis et je le répète : la faim est inévitable au Sénégal. Certains organismes ont embouché la même trompette alarmiste que nous. A ce jour, les prix des produits agricoles ( mil, niébé, arachide, bissap, etc.) grimpent à un rythme exponentiel (comme expliqué plus haut) alors que nous sommes juste au sortir de l’hivernage. Ce n’est pas ces genres de concertations qui vont nous permettre de sortir de l’ornière. Avec l’effet des changements climatiques, la mauvaise qualité des semences agricoles et du sol, le manque d’urée, l’on peut s’attendre à des drames. C’est dommages qu’on ne peut même pas disposer d’informations climatiques fiables. »
Ibrahima NGOM Damel