Un parcours atypique, une discrétion en tout temps, le tout adossé à un ancrage dans les fondamentaux de la culture arabo-islamique. Cheikh Bécaye Kounta, Khalife général de Ndiassane, est un homme multidimensionnel.
Ancré dans la culture arabo-islamique et ouvert sur le monde moderne, Serigne Cheikh Bécaye Kounta, Khalife général de Ndiassane, force le respect et l’admiration. Né en 1929, il brille dès son jeune âge par son amour du Coran. Même s’il n’a pas connu son père, rappelé à Dieu deux mois avant sa naissance, le Khalife de Ndiassane suit une voie toute tracée. « C’est son frère, Mouhamed Bécaye, qui l’a éduqué. Mais il a fait une bonne partie de ses études coraniques en Mauritanie », indique Cheikh Mame Bou Kounta, son secrétaire particulier.
Fort d’un bagage intellectuel assez consistant, il revient au Sénégal et pose ses valises chez El Hadj Ibrahima Niasse à Médina Baye. Là-bas, le saint homme lui voue une grande affection et lui prédit déjà un avenir radieux qui fera la fierté de l’islam. « Il était presque son chambellan, son homme de confiance. Avec le grand frère de Cheikh Mahi Niasse, actuel Khalife général de Médina Baye, ils étaient très proches de Cheikh Ibrahima Niasse dit Baye. Des relations fortes qu’il continue de perpétuer avec Cheikh Mahi qui lui a d’ailleurs rendu visite à deux reprises. Baye Niasse lui-même disait qu’il allait être un grand érudit », révèle son secrétaire particulier.
30 ans sans mettre les pieds à Ndiassane
Très à l’aise dans la culture arabo-islamique, Cheikh Bécaye Kounta a fait une belle carrière dans l’administration sénégalaise. « Dans la famille, il a été le premier à travailler dans l’administration. Il a été commissaire de l’information à l’Agence de presse sénégalaise (Aps) jusqu’à sa retraite. Il décide ensuite de s’installer à Thiès où il est resté pendant 30 ans sans mettre les pieds à Ndiassane, raconte Cheikh Mame Bou, son secrétaire particulier : « Ce n’est qu’à la mort de son frère, son prédécesseur, qu’il est revenu à Ndiassane. Il n’aime pas qu’on parle trop de lui. C’est un homme qui a toujours été discret ».
Très respecté et admiré par ses frères d’autres confréries, le Khalife général de Ndiassane est décrit comme un « fédérateur ». Selon Seydi Khamza Kounta, un de ses plus proches collaborateurs, dès qu’il est venu, il a responsabilisé tout le monde avec une entière confiance. Ce qui l’intéresse, d’après lui, c’est l’extension de Ndiassane. « C’est un adepte du savoir. Il souhaite, dit-il, que les enfants apprennent beaucoup. C’est pourquoi le projet de l’université lui tient à cœur ».
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Le tabala au-delà du rythme
Fait à partir du bois mort, du cuir, le tabala (gros tam-tam), même s’il est de plus en plus utilisé de diverses manières, demeure un symbole dans la communauté Khadre. Selon Cheikh Mouhamed Djimbira, l’instrument était utilisé bien avant l’arrivée des confréries. « Il avait une dimension culturelle et constituait en même temps un moyen de communication. Comme toutes les confréries, la Khadriya est née avec une production littéraire et le tabala faisait partie des instruments qui ont accompagné les chants. On l’utilisait quand il y avait des cérémonies, l’apparition de la lune, l’annonce de la mort d’une personne…. Chaque sonorité avait une signification. C’était un moyen de communication », explique-t-il.
Mais pour Cheikh Sidiya Kounta, même si l’instrument regorge une dimension mystique, avec le temps, il commence à être dévoyé : « Le tabala, tel que nous le concevons, est joué avec un seul bâton et était tout le temps accompagné de chants religieux. Le bruit ne laisse personne indiffèrent. C’est une tradition prophétique. Il a une dimension mystique ».