Les politiques monétaires restrictives engagées par les banques centrales pour contenir les pressions inflationnistes pourraient aboutir à ralentissement supplémentaire de la croissance mondiale dès 2023.
La politique coordonnée de relèvement des taux d’intérêt dans laquelle se sont engagées les banques centrales du monde entier pour tenter de juguler l’inflation, risque de provoquer une récession généralisée semblable à celle qui s’est produite au début des années 80, a estimé la Banque mondiale dans une étude publiée jeudi 15 septembre.
« L’économie mondiale est au milieu de l’un des épisodes de resserrement des politiques monétaire et budgétaire les plus synchrones au niveau international des cinq dernières décennies », a relevé l’institution financière.
Bien que les taux directeurs des banques centrales aient augmenté de 2% en moyenne à l’échelle planétaire par rapport à 2021, la Banque mondiale considère qu’une hausse au moins équivalente pourrait être encore nécessaire pour ramener l’inflation vers les objectifs envisagés. La Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (Fed) se sont fixé pour objectif de ramener l’inflation à 2%.
Mais une telle option risque d’entraîner un nouveau ralentissement de l’activité économique mondiale, avec une croissance de seulement 0,5% en 2023, ce qui correspondrait techniquement à une récession et à une contraction de 0,4% du PIB par habitant.
« La croissance mondiale ralentit fortement, et un ralentissement supplémentaire est probable à mesure que davantage de pays entrent en récession. Ma profonde inquiétude est que ces tendances se maintiennent, avec des conséquences durables, dévastatrices pour les populations des marchés émergents et des économies en développement », a déclaré le président de la Banque mondiale, David Malpass (photo).
« Il y a six mois, nos craintes concernaient un ralentissement de la reprise et une hausse temporaire des prix. Désormais, nous craignons une stagflation généralisée qui réveillerait de bien mauvais souvenirs », a commenté de son côté le chef économiste de l’institution financière multilatérale, Indermit Gill.
Pour la Banque mondiale, les politiques monétaires restrictives actuelles ressemblent à celles intervenues avant la récession de 1982. À l’époque, la politique de relèvement des taux d’intérêt engagée par les banques centrales a réduit l’inflation galopante, mais elle a aussi engendré une forte récession et une augmentation du chômage dans de nombreux pays, y compris dans les pays émergents et en développement. En 1982, le PIB/habitant des pays industrialisés a plongé d’environ 2%, et celui des pays émergents et en développement a reculé de 1,2%, engendrant une quarantaine de crises de la dette et une décennie de perte de croissance dans de nombreuses économies en développement.